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PAIX

L’Editorial de Benda Bika

Une nouvelle année commence et nous en sommes encore à nous demander pour notre pays : en quoi sera-t-elle différente de la précédente ? L’an dernier, à pareille date, nous étions au moins tenus par la perspective des préparatifs électoraux. Suivant les camps, on supputait une triche massive ou une victoire énorme. Au moins la petite incertitude entre confirmation/infirmation nous tenait-elle lieu d’os à ronger jusqu’en août quand, à la prestation de serment de Denis Sassou Nguesso, tout le monde a repris ses « ronchonnades », dans les frustrations ou l’euphorie de son camp.

Mais que sera 2003, qui n’annonce aucun événement majeur ? Que sera cette année qui n’annonce aucune perspective, n’ouvre aucun chantier d’envergure (le barrage de la M’Pama ?), et ne décèle aucune tractation politique susceptible de nous ouvrir la route d’un espoir quelconque (ne serait-ce que le temps de nous traiter de noms d’oiseaux) ? Une année comme celle-ci pourrait nous être fatale, car en l’absence de perspectives, on naviguera à vue.

Il est vrai que ce sport nous connaît. Qu’aussi bien les opposants que ce qui tient lieu de majorité présidentielle, ne nous donnent à voir sur quoi frotter nos crampons. Nous allons faire au coup par coup. Et pour une nation, cela équivaut à attendre la pluie pour semer son maïs. Or il est des saisons qui ne viennent pas en date et heure.

Le Congo de 2003 traînera un fardeau de dette dont il faudra encore assurer le service, en misant toujours sur les revenus pétroliers. Le prix du baril, à la faveur du Bush-yoyo qui nous promet un coup la paix, un coup la guerre avec l’Irak, et à la faveur de l’énervement au Venezuela, a suivi le mouvement de balancier. Un coup il est descendu très bas, un coup il est monté, très haut (30,55 dollars - 07 janvier) : autant d’argent en perspective dans les caisses de l’Etat congolais. Qu’en ferons-nous ? C’est la question qui fâche.

Le Congo de 2003 traînera aussi son boulet en matière d’irrespect des droits de l’homme. L’an dernier, nous nous sommes échauffés sur le dossier des disparus du Beach. Brazzaville a verrouillé en commettant ses propres commissions d’enquêtes et en récusant le tribunal de Meaux, en France, qui prétendait interroger des officiels congolais. Le jeu du « et toi-même ! » se poursuivra donc, car aux accusations de camouflage de la vérité, les autorités de Brazzaville répliqueront en demandant que la lumière soit faire y compris sur les exactions dont les opposants d’aujourd’hui se sont rendus coupables.

Le Congo de 2003 sera également handicapé par la persistance de l’irrédentisme de N’Tumi dans le Pool. Une commission de sages a été mise sur pied ; des tractations de coulisses seraient engagées. Mais je doute que cette affaire-là se termine de la manière qui apaise. Les non-dits et les non-faits des uns et des autres sont trop parlants pour que leur sincérité incite à l’optimisme. Pour André Milongo, c’est une occasion de plus de jouer un rôle de premier plan. Pour Denis Sassou Nguesso, c’est « l’affaire des gens du Pool ». Aucune volonté vraie ne se dessine pour conduire à l’extinction.

Alors que souhaiter pour cette année sinon, à défaut d’une prospérité que nous attendons depuis les indépendances, une paix totale sur l’ensemble du Congo, afin que nous ayons au moins le loisir de pleurer sur nos malheurs. Etre pays producteur de pétrole, n’avoir que 3 millions d’habitants et en être encore à se demander si prenant le train ou la route on peut arriver le lendemain à Pointe-Noire ou à Sembé, c’est pire que du sous-développement. C’est de l’incapacité.

Benda Bika

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