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Pays BasVs Côte d’Ivoire

Article personnel

Pasys-Bas Vs Côte d’Ivoire.

07h45’.
J’arrive au boulot. Le 1er acte que je pose après avoir posé mes fesses dans mon siège c’est d’envoyer un mail à mes collègues avec qui je suis censé avoir une réunion à 16h00 ‘ pour leur rappeler QUE JE ME BARRE A 17H00’ coûte que coûte. Mokonzi a zala a zala té ! Même si je sais qu’elles ne seront là qu’à partir de 0935’, au moins et 10h00’, au pire des cas. Elles arrivent et découvrent le message et se mettent à en rire tout en se moquant de moi. Même celles et ceux qui n’en rien à foutre du foot se mettent à me chambrer. Elles me disent que la réunion est repoussée à 16h30’. Je garde mon calme et leur dis simplement : « Faites ce que vous voulez, à 17h00’, vous ne verrez plus que mon dos qui sera en train de filer vers la sortie. Tant pis pour vous ! »
L’Américano-Néerlandais à mes côtés qui arrive à 09h45’ se met à célébrer déjà la victoire des Dutchs. En ce vendredi, aux oubliettes la tenue classique pour le boulot. Tenue de sport de rigueur.
J’essaie de bosser plus que d’habitude, mais difficile de rester concentré face aux lazzi même de ceux qui ne sont pas du service et viennent faire des blagues pour se venger de celles que je leur fais habituellement : « Il y a des footballeurs en Afrique ? » ; « Tu es devenu Ivoirien ? » ; « Tu es sûr que tu seras là lundi » ? Etc.
16h00’, les collègues ne sont toujours pas prêts pour la réunion.
Moi si.
En plus, mes affaires sont prêtes. Il fait de plus en chaud. Je rêve d’eaux à plus de 5°. Au moins. Je rêve de quelques buts orange. Mais oranges du Sud. Pas oranges de la Reine Béatrix. Ça va être dur car je sais mes cadets naïfs. Individuellement bons, mais collectivement très moyens.
Je réclame la réunion. Elles ne sont toujours pas prêtes.
16h45’. Cette fois-ci, c’est l’imprimante qui refuse de s’exécuter. Impossible pour elles d’avoir les données pour la réunion. Ne voulant pas rater mon match, j’avais pris mes précautions comme une femme prudente met son patch ou prend sa pilule pour éviter l’indésirable au bout de 9 mois : j’avais tout pour moi. Je me souviens d’un prof en 1ère année qui nous disait : « L’ordinateur, de même que l’imprimante et ce que vous voulez, c’est bête ! Ca ne fait qu’exécuter ce que vous leur donner comme ordre ! »
16h55’. L’imprimante a fini par obéir et a craché. Mes collègues essaient de négocier avec moi pour qu’on fasse une réunion sérieuse. « Niet ». Je deviens Russe. Elles laissent tomber et je me barre à 17h00’ pile. Dans Paris, je finis par trouver un hôtel bar où regarder le game sur un écran géant et prendre une Stella Artois à pression. A ma gauche un frère Ivoirien qui a l’air d’avoir des années dans son compteur, visage tendu qui commence à se plaindre de l’incapacité des petits à poser le jeu. Lui sur un tabouret, moi debout, on se met à discuter foot. Tout y passe : tactique ; technique ; systèmes de jeu ; timidité des petits. Le comble c’est quand le frère Tizié, portier des Eléphants perd ses défenses et encaisse un coup franc, certes bien tiré, mais qu’il pouvait arrêter ou dévier ! Lui et moi avons toujours pensé que ce goal n’était pas bon. Pour rire, je dis qu’à part diriger la prière des joueurs chrétiens, c’est un bon à rien, avec son tunnel. Le frère me dit que ce n’est pas la prière qui joue au ballon.
Rien de plus vrai.
Les Orange mécaniques plantent une 2ème banderille via Van Nistelrooy. Ça sent le roussi. Mon verre est vide. Avec le frère, on ne sait plus quoi dire. Lui et moi ne comprenons pas que Aruna Koné qui joue face à ces mêmes Bataves à Eindhoven, Utrecht et autre Rotterdam tremble à chaque fois qu’il se doit d’armer sa frappe. On s’en va vers nos diplômés qui ont le même comportement face à leurs anciens collègues de l’ENA, de Sciences-Po ou de l’Université du Mirail à Toulouse. Un vieil Oriental entre. Arabe ou Amazigh, je ne lui demande pas. Toujours est-il qu’il se met à débiter les sornettes les plus saugrenues sur les échecs des équipes africaines. En moins d’une minute, non seulement je me rends compte qu’il connaît le foot comme la grande sœur de mon ami qui croyait que José Touré jouait à l’Etoile du Congo, mais en plus, c’est un vrai pot de colle. Il parle. Je réponds à tous ses propos par « Oui ». Je n’ai pas envie de perdre mon temps avec lui. Un géant d’1m95 au moins, caucasien est à mes côtés, il ne cesse de jubiler. Il me dit qu’il est Dutch. Je comprends. Le petit (1m64) Baky Koné m’impressionne. Il met un but fabuleux. L’académie de l’ASSEC et de Jean-Marc Guillou est encore à l’honneur. L’espoir renaît, mais DD déconne avec un ballon qu’il vendange.
J’en ai marre de cet endroit. J’appelle un de mes petits qui me dit être dans le coin et qui me propose de se retrouver dans un cadre plus familier avec un autre petit frère. A la mi-temps je lève l’ancre et laisse les Ivoiriens (au moins 8, dont 2 nanas bien charnues avec des tassaba toyi-yo) du coin. On se retrouve 2 mn après puis on va au nganda. Impossible de trouver 3 places de libre. On finit par se mettre au comptoir, des bouteilles tombent et les commentaires fusent de partout. Je retrouve des potes que je n’ai pas vus depuis des mois, voire des années.
  Kala, hein ?
  Ya solo. Boni yo ?
  Pepele. Na yi kotala ndembo.
  CI e kopola lelo.
  E kosala likambo te. To mona nani.
Difficile de se débarrasser des frangins qui viennent jouer les coco stratégiques. La bière n’est pas assez fraîche. L’approche de l’élimination me pousse à me plaindre pour la température, moi qui ne me plains jamais quand les vins servis au restau ne me conviennent pas.
Avec un aîné on se retrouve à BZV en train d’évoquer les Ekié-Mbolé, CARA et autres. Les Eléphants sont de vrais Eléphanteaux. Robben ne cesse de se balader avec le ballon qui lui colle à la peau.
Ça sent le sapin.
Je prends une 2nde et dernière bouteille tout en surveillant le temps car je dois retrouver un pote perdu de vue depuis 11 ans bientôt ! Putain ! Qu’est ce qu’on vieillit. J’ai des livres à récupérer. Ça ne me consolera pas du foot, mais j’apprendrai au moins autre chose.
  To monaka yo mingi awa te, me souffle un frère avec qui on se cogne les têtes.
  Ya solo. Tango eza mingi te.
  Ata 1heure o koki ko ya. Awa eza Congo ya mokyé.
Na ko ya, lui dis-je pour me débarrasser de lui. Lui qui s’en fou du foot, mais est venu prendre du bon temps na 3ème bureau na ye qu’il a la fierté de me présenter. « Mama ya bana ya sika ». On est en Europe, il faut faire la bise. Ata momie a tonda makwanza na elongi, mpoo, a pakolaka makasi penza. Elle me dit bonjour. Je n’ai pas besoin de lui demander de quel côté du fleuve elle est. Les « U » sont bien remplacés par les « I ». En kikongo, je lui demande s’il a des bottines sur lui.
Dès le dernier coup de sifflet final, je salue mes cadets et me barre. La CI est éliminée. Je suis triste, et les derniers espoirs reposent dorénavant sur les 4 autres Africains.

@+, M82


Par : Mayombe82
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