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Pénuries

Un pays est aussi ce qu’il offre à ses citoyens comme satisfaction au quotidien des besoins essentiels. Le Congo offre beaucoup, mais surtout en pénuries multiformes. Au point que les promesses, électorales ou de fin d’année, ne seront rien d’autres que des promesses, pour longtemps.

L’eau

L’hydrographie du Congo rend incompréhensibles les pénuries que nous accusons dans le domaine de la distribution de l’eau. Les robinets sont à sec un jour sur deux. L’eau est-elle d’ailleurs de bonne qualité, qu’elle nous parvienne - quand elle parvient - tantôt rosâtre, tantôt d’une blancheur mousseuse ? On nous rassure : c’est de l’eau. N’en doutons donc pas (pas plus que du reste). Les autorités nous disent ; nous devons croire. Les amibes viennent d’ailleurs. Les gastro-entérites sont des importations ou des inventions de ces foireux de médecins d’ailleurs eux aussi suspects.

L’électricité

C’est une honte congolaise qui fait discuter dans les quartiers de périphérie. Le secteur informel congolais, qui vit de mille et une inventions qui passent par l’électricité, suffoque. Pas de charge de batteries, d’atelier de réparation de pneus, de « chambre froide » pour la conservation du poisson, de photocopieuses de rue, de petits centres d’appels sur portable sans électricité. Mais elle est soumise aux délestages quotidiens. Un coup c’est Mfilou, un coup c’est Poto-Poto qui est plongé dans le noir. Il faut répartir les pénuries. Donner à se plaindre à tous : dans la justice et l’équité de la pauvreté.

Le carburant

Les longues files d’attente aux stations se constatent dans un pays qui est 4ème producteur africain de pétrole. Dormir deux nuits de suite dans son taxi devant une pompe à sec, les chauffeurs de Brazza et de Pointe-Noire connaissent. Quand une livraison est arrivée de Pointe-Noire, elle est un événement national à Brazzaville. Mais notre inorganisation et notre incurie en tout imposent notre marque de fabrique bien vite. Pendant ce temps, les entrailles d’une mer polluée à Pointe-Noire, livrent le précieux suc visqueux, à l’Occident. Suffisamment habile pour vendre aux Congolais un produit congolais.

On peut multiplier les exemples. Le cacao pourrit sur pied à Epena, les petits congolais attendent le chocolat du Cameroun. Je ne sais pas si on mange du chocolat à Mpila. Je ne sais pas davantage si l’eau y coule dans la difficulté comme à Bacongo, Talangaï ou Mvoumvou. Ni si une équipe de jeunes de la famille y veille, la nuit, pour faire le plein des bidons. Mais je sais de manière certaine que la lumière y brille toujours. Au moins au propre.

Benda Bika

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