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Pétrole

Des esprits légers pourraient conclure que le pétrole est notre malheur. Depuis qu’on l’a découvert chez nous on ne compte plus le nombre de cadavres essaimés sur notre parcours de Nation, et qui sont imputables directement ou indirectement aux âpres compétitions surgies autour de la mane pétrolière.

On a parlé de Marien Ngouabi qui aurait été la victime indirecte de ce maudit liquide qui nous avait rapportés en son temps 21 milliards dont on n’a jamais su ce qu’ils sont devenus. Henri Lopès, alors Premier ministre, interrogé à la conférence nationale a juré qu’ils n’avaient jamais été dilapidés.

Dans la période récente, de Sassou1 à Sassou2 et aujourd’hui Sassou3, c’est toujours autour du pétrole que sont surgis les répressions, les dissensions, les affrontements et guerres les plus féroces. On a beau accuser notre déficit en démocratie ; on a beau parler de nos atavismes ethniques, évoquer les rivalités entre personnes qui se connaissent bien, tout a fini par tourner autour de qui aura la gestion finale des ressources du pétrole.

D’autant plus que pendant ces guerres, c’est le pétrole qui a alimenté tous les camps. Pierre Nzé l’a dit, dans une conférence de presse un jour : « Elf nous (le camp de Sassou pendant la guerre de 1997) a financés durant la guerre, mais moins que Lissouba ». C’est moi qui souligne, pour montrer que notre approche de la gestion des ressources pétrolières peut aussi se décliner en termes de moins et de plus.

Car c’est à qui en aura plus. C’est une course frénétique à qui aura, par tous les tours de passe-passe économiques et politiques, le plus de millions et le plus de millards. « Untel a obtenu un marchjé de l’Etat ? A qui sont donc allés les 10% mythiques ? » « Vous sollicitez le payement d’un chèque auprès du Trésor public ? Vous avez un protecteur ? ».

« Si je vous paye vos arriérés de retraite, que me donnerez-vous en échange ? » Cette dernière parole est celle d’un guichetier de banque. A voir au loin l’argent du pétrole passer, les banques congolaises se sont bâties leur propre système de mafia. Pas une petite somme qui ne laisse d’autres petites sommes dans l’escarcelle de celui qui vous signera, vous apportera le chèque. Ou de celui qui vous donnera l’information, tout simplement : « Oui, cette fois c’est bon : votre chèque va être honoré ».

Le pays est entré dans une métasthase mafieuse. Où personne ne s’étonne de rien, car « il faut vivre ». « L’esprit pétrole » a imprégné les habitudes ; du chauffeur de corbillard et policier du bas de l’échelle, c’est à qui « aura sa part » (autre expression autour du pétrole, et que l’on doit au Professeur des professeurs).

A l’échelle d’une Nation, quand il faut vivre comme cela, le mot vie n’a plus de sens : il faut parler de survie. De dernières bouchées d’air avant l’anéantissement. Nous sombrons en tant que Nation ; nous nous noyons dans le pétrole. Mais la question, quelle que soit le régime, revient au même : que faisons-nous de notre pétrole ?

Benda Bika

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