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Pour une gestion durable des déchets domestiques à Pointe-Noire

La gestion des ordures ménagères, des déchets solides et des eaux usées devient de plus en plus une préoccupation alarmante à laquelle les principales villes du Congo font et devront faire face dans les années à venir. Aujourd’hui, le cas de Pointe Noire est le plus préoccupant compte tenu de la quantité de déchets produits par jour [1] dans la capitale économique du Congo, ville portuaire. Elle offre le spectacle désolant de l’entassement d’ordures à même le sol, à ciel ouvert à l’entrée des ruelles, aux abords des voies publiques en vue de leur ramassage hypothétique par les services de la municipalité.

Déchets, définition :

La Loi N°003/91 du 23 avril 1991 portant protection de l’environnement en République du Congo n’a pas défini le terme, et nous constatons l’l’absence de décret d’application de cette loi. Qu’a cela ne tienne, le déchet peut être compris comme tout résidu d’un processus de production, de transformation ou d’utilisation, ou tout bien meuble abandonné ou destiné à l’abandon. [2]

Les déchets doivent faire l’objet d’un traitement adéquat afin d’éliminer ou de réduire à un niveau admissible leur nocivité environnementale et/ou sanitaire.

Rappel : Aux termes de l’article 48 de la loi N° 003/91 du 23 avril 1991 portant protection de l’environnement en République du Congo, il est interdit de déposer ou d’abandonner des déchets dans des conditions favorisant le développement des vecteurs de maladies ou susceptibles de provoquer des dommages aux personnes et aux biens, ou de développer des ordures ou autres nuisances incommodantes.

La politique actuelle d’assainissement suivie par la mairie de Pointe Noire engendre un grand nombre de nuisances aux populations environnantes ainsi qu’aux usagers de la voie publique.

La stratégie consistant à recueillir les ordures à l’entrée des ruelles principalement à M’vou M’vou est contraire à l’article 48 sus cité. Elle est préjudiciable et malsaine. Les pollutions visibles sont bien entendu esthétiques et olfactives, mais aussi d’ordre sanitaire. Elles favorisent aussi l’éclosion de nombre de pathologies dont les moindres ne sont ni le choléra, ni la fièvre typhoïde, ni le paludisme. Les mouches se chargent de propager la contamination au niveau des aliments. Nous devons ajouter le risque de contamination de la nappe phréatique.

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Il faut un minimum de contraintes dans le domaine de l’environnement tel le ramassage d’ordures. Pour donner la valeur à un bien environnemental, la privatisation de la gestion de l’environnement est de plus en plus envisagée. Dans l’exemple béninois, des ONG procèdent, de porte à porte, au ramassage des ordures ménagères dans tous les quartiers de Cotonou. Un foyer, (« concession ») s’acquitte en moyenne de 1.000F CFA par mois.

En attendant la mise en oeuvre des conclusions de tous les séminaires et ateliers sur l’environnement qui se sont déroulés au Congo, on pourrait, à Pointe-noire s’inspirer d’une telle stratégie. Elle permettrait de parer au plus pressé et de contourner les difficultés liées à l’état des voiries en terre. Les véhicules de ramassage des ordures ménagères ne peuvent pas circuler aisément dans les ruelles étroites.

De telles mesures permettraient de créer des emplois abordables à des jeunes sans qualification. Bien entendu, ils devaient être munis d’équipements de protection individuelle, et utiliser des charrettes couvertes pour étouffer les odeurs incommodantes et éviter tout envol de déchets.

Il reviendrait aux mairie de mettre à disposition des centres de transfert ou des dépôts intermédiaire pour permettre aux « pousse pousseurs » ne peuvant accéder à la décharge publique généralement située à la périphérie de la ville de stocker les produits de ramassage. Une entreprise de transport se chargeant de la reprise et de l’acheminement définitif des ordures vers des sites de valorisation ou de traitement. De cette façon, les véhicules de la voirie procèderont directement à la collecte aux sites et achemineront les déchets à la décharge. Les sites de dépôt intermédiaire devraient être clôturés et perçus comme des équipements urbains nécessitant une certaine gestion (gardiennage, entretien…).

La mise en application de telles mesures devrait permettre de donner de la ville une image plus flatteuse. Pointe-Noire, commme Brazzaville d’ailleurs, est classée par Forbes parmi les 25 villes les plus sales de la planête.

La décentralisation donne compétence aux collectivités locales de gérer leurs propres affaires et vise le développement local [3]. Fort de cette compétence et de celle reconnu par les départements dans la lutte contre les nuisances, la pollution, la collecte et le traitement des ordures [4], la prestation privée par les ONG n’est pas de nature à transgresser la loi, encore moins de tordre le cou à l’objectivité. Bien au contraire les ONG faciliteront la tâche aux services municipaux dans la pré collecte des ordures ménagères.

L’une des faiblesses de la loi c’est de ne pas avoir « responsabilisé » les mairies d’arrondissement dans la gestion des ordures provenant de leur périmètre de compétence. Compte tenu qu’une telle disposition supposerait le transfert de ressources financières, matérielles, humaines et techniques aux arrondissements, on peut douter de la volonté de mairie centrale pour favoriser un tel dispositif. Ce serait pourtant ainsi que les maires d’arrondissement pourraient attaquer frontalement le problème d’assainissement de leurs localités respectives. Les mairies d’arrondissement ne disposent pas de schéma directeur en matière d’assainissement et d’hygiène publique. Devant les pratiques malsaines d’évacuation des excrétas et par manque de solutions alternatives, les services techniques des arrondissements restent impuissants.

Dans l’option d’une intervention des privés, des ONG en l’occurrence, les ramasseurs d’ordures devront avoir une relation contractuelle avec l’autorité municipale d’arrondissement.

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