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Quand ça commence

La rumeur s’enfle : sur les flancs de la République, point un autre furoncle. Dans la Cuvette aujourd’hui, sévirait une rébellion qui monte. Animée par un certain Boni, elle réaliserait une sorte de synthèse des aigris en armes, entre Cobras, Ninjas et autres Cocoyes en déshérence.

Boni serait déçu de n’avoir pas été associé au partage des honneurs et avantages suscités par la victoire de 1997. Autour de lui, les déçus de Ntumi, de Lissouba et autres Kolélas feraient également pacte, pour marcher un jour sur la capitale et renverser le renverseur. Tout le monde commence à chuchoter ce nom et à prendre position, pour ou contre.

L’éditorial que je voulais pour cette semaine était centré sur l’opinion. Edouard Chevardnadzé n’est plus qu’ex-Président de Géorgie. Un peuple désappointé par le peu de démocratie et de perspectives économiques heureuses offertes par le cacique est descendu dans la rue. L’opposition aux aguets a cueilli le fruit mûr : là-bas, une nouvelle (et vraie) espérance en est à l’étape de bourgeon. Chez nous, nous en sommes à sauter sur place et à crier « Sassou dictateur ! ».

L’opinion existe-t-elle chez nous qui encaissons sans broncher les assassinats, les torpillages des programmes économiques, les manipulations de constitutions, les mensonges politiques et les vraies manipulations des ethnies les unes contre les autres ? Telle voulait être ma réflexion.

Mais le cas Boni s’offre, en fait, comme la vraie illustration de cette interrogation. Sous nos yeux naît une rébellion. Très léger est celui qui y trouvera les vertus de l’espérance. Plus irresponsable encore celui qui n’y verra qu’un épiphénomène des « Nordistes se bouffant entre eux, bien fait ! », comme hier des écervelés se sont tus devant le banditisme de Ntumi « pourvu qu’il se cantonne à sa région ! ».

Un fléau est entrain de poindre dont nous subirons tous bientôt les effets. Car, je prétends que, quelles que soient les raisons qu’il puisse présenter ; et même si le régime Sassou s’est désormais disqualifié en poursuivant un statu quo qui fait mal, le Congo n’avait pas besoin de cette autre rébellion-là.

Je prétends que, asseoir comme une tradition, le fait de recourir aux armes chaque fois que nous voulons réclamer en République, est l’enclenchement d’un cercle vicieux. Qui chasse celui qui est venu par les armes, n’aura pas de répit.

Nos amis tchadiens le savent, eux qui depuis 1973 n’ont vu monter au palais que les ex-rebelles à tour de rôle.

Hier, l’irrédentisme de Ntumi faisait nous jeter les uns sur les autres, entre ceux qui soutenaient que le soudard était dans la résistance, et ceux qui qualifiaient du seul vrai nom ce gangstérisme. Faisons le compte aujourd’hui : Ntumi veut rentrer à Brazzaville. Il a exigé et obtenu une villa (à côté de la Fac des Sciences d’où ses séides ont chassé les sans-toits qui s’y agglutinaient). Ntumi a fait le coup de feu pour obtenir une villa. Il y a eu des morts dont la cause a pesé plus, même dans l’histoire du Congo.

Que réclamera Boni demain ? Une villa aussi ?

Si Sassou Nguesso est la cible des opposants, ils s’y prennent bien mal en prenant d’abord en otages nos pauvres populations. Cette « rébellion » en naissance, nous la voyons commencer, nous ne savons pas comment elle finira. Il est donc temps de dire : nous sommes un petit pays et un petit peuple. La culture de violence qu’on y développe ne nous prépare rien de bon. Car dans les rangs de Boni, se trouve certainement déjà le Boni de demain, si par hasard celui-ci montait au palais. Jusqu’à quand ?

Benda Bika

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