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Quand les députés font semblant de s’impliquer dans la résolution de la crise du Pool

BRAZZAVILLE, 31 déc (AFP) - 9h22 - Les députés de l’assemblée nationale congolaise, toutes tendances confondues, se sont résolus lundi à s’impliquer dans la recherche d’une solution pacifique aux violences armées qui ont déjà fait des milliers de morts et de déplacés dans la région du Pool (sud-ouest).

A l’issue de trois jours de débats houleux retransmis en direct à la télévision officielle, ils ont mis en place un comité parlementaire de paix chargé de se rapprocher du chef des miliciens ninjas - le pasteur Frédéric Bitsangou alias Ntumi retranché dans le Pool - et d’autres groupes armés présents dans cette région.

La présidence de ce comité, composé de 11 membres, a été confiée à André Milongo, député de l’opposition, ancien président de l’assemblée nationale sous la présidence déchue de Pascal Lissouba, originaire comme le pasteur Ntumi de la région du Pool. Quatre de ces membres dont trois de l’opposition ont été désignés lundi, les sept autres seront connus le 8 janvier.

Dans une déclaration publique, les parlementaires demandent le "maintien des forces gouvernementales dans le Pool, l’implication des partis politiques, le maintien du dialogue et des couloirs humanitaires" en y impliquant les organisations humanitaires et la société civile.

Malgré l’hostilité des députés de l’opposition, la majorité présidentielle a maintenu dans le texte des passages qui présentent le pasteur Ntumi "comme un terroriste" et le rendent responsable des violences armées qui opposent depuis mars miliciens ninjas et forces gouvernementales.

La déclaration exclut implicitement la solution militaire, mais ne propose pas un cessez-le feu parce que le pasteur Ntumi qui devrait le signer n’est pas présent à Brazzaville.

Durant les débats qui ont précédé l’adoption de la déclaration, de profondes divergences sont apparues entre les députés de l’opposition et de la majorité présidentielle sur le contenu du dialogue.

Les premiers ont estimé qu’il devrait s’agir d’un nouveau dialogue national sans exclusive regroupant le pouvoir, l’opposition et les anciens dirigeants en exil comme M. Lissouba et l’ex premier ministre Bernard Kolélas.

Les députés de la majorité présidentielle par contre ont rejeté cette approche en soutenant que le dialogue ne doit concerner que les groupes armés qui acceptent de renoncer à la violence.

Pour départager les députés, le président de l’assemblée nationale, Jean-Pierre Thystère Tchicaya a dû mettre ce point au vote.

La virulence des propos a accentué les clivages partisans entre l’opposition et le pouvoir.

Emmanuel Bongouanza, ancien chef rebelle dans la région du Niari (sud-ouest) lors de la guerre civile de 1998, député de l’opposition, a fait remarquer que "toutes les conditions étaient réunies pour que la guerre cesse dans le Pool".

"Je privilégie le pardon et l’amour. Nous sommes tous coupables de ce qui se passe dans le Pool. On veut faire disparaître le Pool du Congo. Qui est plus terroriste ? Qui est innocent ? Ce qui se passe aujourd’hui peut faire nourrir à certains des sentiments de revanche", a affirmé M. Bougouanza.

"Ntumi est un bandit et un terroriste" a rétorqué Jean-Pierre Lékoba, député de la majorité présidentielle.

Jouant l’apaisement, M. Thystère Tchicaya a demandé à tous les députés de "dépasser les clivages partisans et de ne pas camper sur les positions de principe", soulignant que "le peuple est traumatisé".

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