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TAM-TAM pour un trône en péril, une pièce du dramaturge congolais GUY MENGA

<font
face="Verdana" size="2">Guy Menga, auteur et metteur
en scène, donne avec la Compagnie Kahunga la comédie
« Bienvenue au Mbongi-Théâtre ».

style="FONT-SIZE: 12pt;"> style="FONT-SIZE: 10pt;">Le 9 février 2008 à
20h30, nous avons assisté,
<font
color="#000000">au Centre d’Animation de la Place des
Fêtes – 75019 à Paris - métro Place des Fêtes,
à la représentation théâtrale par la
compagnie Kahunga de deux pièces de Guy Menga, <font
face="Trebuchet MS" color="#000000">Le cas de la
fille à Kobé
et
<font
face="Trebuchet MS" color="#000000">Tam-tam
pour un trône en péril.

style="FONT-SIZE: 12pt;"> style="FONT-SIZE: 10pt;"> color="#000000">1. La première pièce.
Celle-ci était un jeu didactique pour comédiens
chevronnés ou saturés de la langue de Molière :
exercices de diction, déclamation, articulation,
exercices sur la lettre s ("si ceci se sait ses
soins sont sans soucis" ; exercices de vibration
 : "Dis-moi gros gras grand grain d’orge" ;
Exercices de voix, de respiration rythmée sur les
trois timbres : grave, médium, haut. Rires.
Composition de quatrains. La langue
de Molière est maniée à sa plus haute facture dans la
tradition du légendaire professeur congolais de
français, Ta Niangouna. Tout spectateur est déjà
averti en assistant à une représentation théâtrale de
Guy Menga. Son français est fort et filtré comme chez
Niangouna. Nous avons participé à la
renaissance du Théâtre national congolais des années
1965 animé par Ta Segolo dia Mahungu, Ta Bayungisa et
soutenu par le panthéon des dramaturges congolais tels
que Guy Menga (La marmite de Koka M’bala),
Bemba Sylvain (L’enfer, c’est
Orféo
), Ferdinand Mouangasa (Nganga
Mayala
), et l’incontournable Patrice Lhony
(Matricule 22). Ta Pascal Nzonzi-Mambu, Ta
Marius Yelolo, Ta Bemba Basile sont le fruit de cette
école de comédie congolaise dont la saveur nous a été
égrénée par le Mbongui-Théâtre Kahunga.

Le Rocado Zulu Théâtre de Ta Sony Labou Tansi
et le théâtre de l’Éclair d’Emmanuel Dongala
ont poursuivi dans les années 1980 le même
idéal. Cette première pièce figure dans
le fascicule "Bienvenue au Mbongi-Théatre
 tome premier".

style="FONT-SIZE: 12pt;"> style="FONT-SIZE: 10pt;"> color="#000000">2. Personnages. La
deuxième pièce, Tam-tam color="#800000">pour un trône en
péril,
paraîtra dans le second
tome.
Parmi les <font
face="Trebuchet MS" color="#000000">acteurs
impliqués dans la deuxième pièce, nous avons
reconnu, Michel Rafa, tambourinaire dans la pièce,
patron du Ballet théâtre Lemba ; Bertrand <font
face="Trebuchet MS" color="#000000">Nzoutany
,
joueur de Nsambi, color="#000000"> dans le rôle de Bilodia,
Maxime Kibongui, color="#000000">dans le rôle de Tembo (le chef de la
troupe Mbongi Théâtre) ; color="#800000">deux femmes, Stevyn Nzaba, dans
le rôle de Fuki et
color="#000000">Tela Kpomahou dans le rôle de
Ziezola.

3. Résumé de
la pièce.
Au milieu de la scène, se dresse un
trône royal, vide, celui de Mata Mata, roi du
Kingombe. Sa fiancée Ziezola, comédienne dans le
Mbongi-théâtre, elle-seule peut accorder de
l’attention à son roi disparu. Divaguer en kikongo
signifie Mata Mata. Le roi tenait-il ses
promesses pour qu’il ne soit plus crédité aux yeux du
peuple  ? Au moment où la troupe du
Mbongi-théâtre doit se produire, un coup d’état
militaire survient et Mata Mata est renversé. Le
royaume bascule en une république dirigée par le
sergent-chef Kinsekwa, la punaise. Le
Mbongi-Théatre ne présente pas de scénarios bien
cousus, structurés, à proprement dit devant les
spectateurs. Tour à tour, chaque comédien doit
improviser sur le thème de son choix. Zeziola en
profite à chaque représentation pour rappeler la
disparition de son prince Mata Mata. Elle implore
implicitement de l’aide à la recherche de son élu de
coeur. Ce soliloque agace sa cousine Fuki, la 
persévérante. Celle-ci essaie de la dissuader de
l’irréversibilité de la situation politique. Le
nouveau homme fort du régime, Kinsekwa, est par dessus
le marché l’amant de Fuki. Celle-ci rêve de devenir
son épouse. La jalousie accapare les deux femmes et
occupe la représentation. Dans son improvisation, le
chef de la troupe Tembo parvient à placer une chanson
approuvée par les comédiens. Le <font
size="2">sergent-chef Kinsekwa sera à son tour
destitué par le maréchal-des-logis, Massassi. Kingombe
redevient un royaume. Mata Mata recouvre son trône
royal. Fuki est déçue. Ziezola est comblée. Dans le
théâtre de Guy Menga, l’aliénation culturelle est
bannie. On est frappé par le choix méticuleux
des costumes, rappelant la noblesse congolaise,
confectionnés autour du Ngiri, un composé
végétal de fibres de palmier. Triomphe de l’écologie
congolaise. Les instruments de musique. Le joueur de
Nsambi, Bilodia, entre furtivement sur la
scène, et joue un air traditionnel teke oublié,
le dzimi, que le saxophoniste congolais
Bikouta Sébastien dit Biks psalmodiait dans son groupe
de jazz :

Wa me wa me
Wo
wo wo
Wa me wa me
Me me nsa
Wo wowo
wo wo...
Me me nsa
Me ku ni ndi...

4. Fuki et
Ziezola.
Ces deux personnages
féminins, Fuki et Ziezola sont à l’antipode des
personnages de Liss Kihindou dans son recueil de
nouvelles intitulé Détonations et Folie
(éditions L’Harmattan). Fuki et Ziezola sont obsédées
par les hommes de pouvoir. Leur émancipation
économique et sociale passe l’accession au clan
dominant, le clan royal ou le clan républicain, peu
importe. Et Liss Kihindou situe la misère de la femme à sa
subordination aux hommes dont l’obsession du pouvoir
politique est une raison de vie. La folie
"se caractérise par l’obsession du pouvoir et la
ferme volonté d’user de tous les moyens pour arriver à
se l’approprier " (Ghislaine Sathoud, note de
lecture de DETONATIONS ET FOLIE publié sur
blackmap.com et ecrivaine.com). Dans notre étude
sociologique, " L’accumulation récursive du
capital " (Revue Paari), nous avons expliqué la
formule usitée de Claude McKay selon laquelle "La
propriété contrôle la sexualité". Nous
renvoyons le lecteur à cette étude dont voici quelques
extraits didactiques : " La famille patriarcale
est liée au
capitalisme. La création de l’union conjugale à
travers la famille patriarcale est liée au transfert
de la propriété des moyens de production au mâle
dominant, à l’homme. Transférer, c’est transmettre la
propriété d’un bien ou d’un droit d’une personne à une
autre selon les formalités requises. Cette
transmission s’effectue lors de la cérémonie de
mariage. La réalisation de la femme, d’après cette
cérémonie, passe par sa soumission à l’homme. L’homme
actif détient la richesse, la propriété, exhibe les
signes extérieurs de richesses. La femme passive
incarne la pauvreté, la sexualité, l’érotisme. […]<br
/>
<br
/>5. Kingombe le pays. Le choix
anthroponymique et toponymique chez le dramaturge Guy
Menga n’est pas anodin. Le pays, tantôt royaume,
tantôt république gardera son sens toponymique :
kingombe, pays des boeufs ; ngombe a
nkento
, une vache à lait ; ngombe a
mbakala
, un taureau. Le boeuf, de l’espèce
des bovidés est un animal sacré en Afrique.
Il représente la fécondation de la terre. Dans la
poésie de Franklin Boukaka, le boeuf est un symbole de
richesse à contrario :

<font
color="#ff0000">"Tala munwa wu dia
ngombe, Tala munwa wu dia ngombe, wa beto wa yuku
bikola
" (Les gens riches, les gens du
pouvoir mangent de la viande, le peuple se contente
des légumes".
 

<font
size="2">Kingombe est un pays riche, mais ces citoyens
sont pauvres. Pourquoi ? Je vous renvoie encore à
plancher sur l’étude de M’Boka Kiese :
"L’économie sous-développée est affectée
par la quête pécuniaire immédiate pour la consommation
immédiate. L’archétype du " messie "
convoité est tout naturellement le Prince ou tout
membre de la nomenklatura régnante. Exercer la
politique c’est gérer une carrière professionnelle en
confisquant malicieusement par la terreur le pouvoir
politique. Sa conservation assure le contrôle des
ressources de l’Etat. Celles-ci garantissent un
pouvoir d’achat maximal dans la société. Ce n’est
point seulement l’augmentation de son pouvoir d’achat
ou de consommation des objets de ses rêves que
recherche la femme auprès du mâle dominant, mais le
prestige, la sécurité, la richesse, l’influence, la
célébrité, le pouvoir. Si l’homme acquiert et affiche,
ces valeurs distribuées de façon autoritaire par la
classe politique régnante dans la société, il peut
ainsi préserver les valeurs dominantes dans son foyer
familial que sont l’autorité, la soumission de la
femme, le respect, l’obéissance, le sens de l’honneur
et de la tradition. De sorte que la famille
patriarcale est un sous-modèle de la bourgeoisie
dominante. De crainte d’un renversement des rapports
d’autorité au sein de son propre foyer conjugal,
l’homme tendra à se rapprocher des groupes dominants
habilités à allouer, à transférer les valeurs
autoritaires de la société. Il règne entre les hommes
une véritable lutte darwinienne pour
l’existence." (Ibidem).  

D’où le récurrence des
coups d’état militaire. <font
size="2">L’accession au pouvoir politique donne
ipso facto l’accession à la richesse. Les institutions
politiques du KiNgombe vous autorisent à réussir
dans la vie en faisant carrière dans la politique. Si
vous faites carrière dans les affaires, celles-ci vous
ramènent à la politique. Si vous optez pour
l’apostolat académique, boursier des Institutions
politiques, vous finirez tôt ou tard conseiller du
Prince Mata Mata ! Le pouvoir politique est un
attracteur étrange ! La malédiction du Kingombe
provient de ses richesses tant convoitées et dont les
citoyens n’ont pas su développer l’intelligence de les
exploiter. Quel truisme ! Les allochtones ne
supportent pas la direction du Kingombe par un
démocrate, ah non ! Un bourgeois compradore, ah oui !
Car selon Le Littré, Démocratie veut dire
"Gouvernement où le peuple exerce la
souveraineté
". Vérité de La Palice !<br
/>Ziezola la fiancée pleure la
disparition du roi Mata Mata. Son malheur fait le
bonheur de Fuki. Celle-ci arrive à danser la rumba
congolaise pour creuser la jalousie de sa cousine. Les
deux soeurs sont d’une beauté ahurissante. Si vous
êtes L’âne de Buridan, si on vous recommandait de
choisir entre Fuki et Ziezola, vous retomberez en
catalepsie. Fuki représente la persévérance et
Ziezola, le désir, l’amour. Les deux personnages
suscitent dans la pièce de Guy Menga, le goût de vivre
et le droit de vivre, "le baume secourable"
selon une formule de Nietzsche. L’aigreur, dans
laquelle se vautre un coeur meurtri par les
vicissitudes humaines, s’efface en présence de la
doucereuse Fuki ou de la pondérée Ziezola ;
l’homme retrouve la joie de vivre. Car la providence a
créé les femmes belles. C’est tout de même
étrange ! Et si Freud avait eu raison de Karl Marx ?
Et si le malheur de l’humanité n’incombe ni au
capitalisme, ni aux pouvoirs politiques selon la
prédication des fabulistes kongo mais au principe du plaisir :

N’tu ngembo  
    
  La tête de la roussette<br
/>Bu ba bindamana go,  
  Allume tant de convoitises<br
/>N’tu ngembo,  
    
  La tête de la roussette<br
/>Lugu lua yoka.  
    
 À Cause de sa saveur.



par M’BOKA Kiese

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