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Thalie "la Bomba" vedette du Paysage Audiovisuel Kouilois

Thalie est une jeune femme moderne dont le joli visage est connu de tous à Pointe-Noire. Elle présente sur TVPN, Télévision Pointe-Noire, antenne de Télé Congo au Kouilou, l’émission phare de la culture « Forum des Stars » créé par Pegguy Hossié et Chardin Kala ainsi que « Dédi-clip » tous les samedi soir en prime time. Elle est présente sur toutes les manifestations musicales. Il nous a semblé important de vous la présenter.

Ya Sanza : Bonsoir Thalie, tu es la présentatrice vedette des émissions musicales de TVPN, tu es donc en contact avec l’ensemble de la scène musicale centre africaine. Quels sont, à ton avis les plus grands manques auxquels elle se confronte ?

Thalie : Il lui manque la chance de disposer d’un vrai bon producteur scénique. Le public doit aussi offrir aux jeunes artistes la même considération qu’il adresse à ceux que l’on appelle stars, comme Extra Musica, Koffi Olomidé, Papa Wemba, Lokua Kanza. Et nous, les chroniqueurs devons, en retour, aider les jeunes talents à percer, c’est le seul moyen que nous ayons de leur tendre la main.

YS : Il est vrai que la scène semble un peu encombrée par toujours les mêmes vedettes et que les jeunes talents ont d’énormes difficultés à percer. A quoi attribues-tu ce phénomène ?

Th : Tu n’as pas tort, on commence à penser fric quand on présente l’artiste, on joue les valeurs sures sans penser à l’avenir de la musique, d’où cette monotonie. Les plus malheureux sont ceux qui ont besoin d’être promus, c’est toujours le même film qui passe.

YS : Rares sont les artistes qui sont à même de vivre de leur art tant bien même leurs producteurs roulent carrosse, et sur la production d’un spectacle, mis a part pour les grosses vedettes, les cachets versés ont parfois du mal à couvrir les frais des groupes. Que penses-tu de cet état de fait ?

Th : On rejoint là la réponse à ta question précédente mais il est vrai que les producteurs pensent avant tout à leur profit personnel. Ils sont prêts à abandonner sur place un artiste ou un groupe comme ce producteur brazzavillois qui est parti avec la caisse au cours d’un concert de Zao pour éviter de payer le groupe. Les producteurs doivent sortir de leur amateurisme ils doivent prendre en compte les droits des artistes et par là même ils doivent prendre conscience des devoirs qu’ils ont vis à vis d’eux. La justice existe, les artistes doivent pour leur par être aussi conscients de leurs droits et ils doivent absolument les faire appliquer pour qu’enfin ils puissent espérer vivre convenablement de leur talent.

YS : Plus spécifiquement au Congo en qui crois-tu le plus ?

Th : As de Pique, Achille Mouebo, s’il continue avec le sérieux qu’il affiche en ce moment, Ponton Musica et Royal K Musica, Patricia Keni... me semblent avoir un potentiel pour nous offrir de bonnes choses dans un avenir proche.

YS : Notre dernière rencontre a eu lieu lors de la sortie officielle du dernier album « Vipère » d’Achille Mouebo, je voudrais, sans ambages, que tu me dises ce que tu penses de cet opus.

Th : Je n’ai pas écouté la totalité de l’album, comme toujours au Congo le service de presse laisse à désirer et l’album ne nous est pas parvenu. Seul Vipère, du fait du clip qui passe sur toutes les télés, m’était familier lors du concert. Les producteurs doivent avoir conscience que nous, les chroniqueurs, sommes ceux qui feront connaître leur production. Sans service de presse nous ne savons rien et par voie de conséquence n’avons rien à dire à notre auditoire. Ceci implique forcément une mauvaise présentation des produits mis sur le marché. Les producteurs et les artistes ont beaucoup trop tendance à penser que nous ne sommes animés que par des contingences matérielles, ils se trompent, si nous faisons ce métier c’est avant tout parce que nous avons la passion de la musique et de l’art, nous ne sommes pas là pour vivre sur leur dos.

YS : Les chroniqueurs culturels ont une influence certaine sur les goûts du public, doivent-ils se plier à des intérêts mercantiles pour promouvoir des artistes, ou doivent-ils pousser en avant les gens de talent ?

Th : Je lance un avis auprès de mes confrères chroniqueurs et journalistes, nous ne devons pas oublier que ce que nous disons peut faire et défaire les artistes, nous devons faire attention à ce que nous disons. Nous devons faire le maximum pour apporter l’information avec tact et mesure. Nous devons le faire avec sérieux et professionnalisme. Faire de mauvais papiers sur de bons produits parce que l’artiste n’a pas payé pour cela ou de bons papiers sur des productions sans intérêt parce qu’on a touché est malhonnête vis à vis de l’artiste et vis à vis du public. Le journalisme ne doit pas dépendre de cela, il est là pour apporter de l’information et rien d’autre.

YS : Je suis, personnellement, fatigué du ndombolo, je pense qu’il n’apporte plus rien l’expression musicale centre africaine. Quelle est ton avis à ce sujet ?

Th : Non, je ne suis pas fatiguée du ndombolo, il fait partie de la culture centre africaine, cependant où je te rejoins c’est que je pense qu’il doit se renouveler pour ne pas sombrer dans la monotonie.

YS : Le marché centre africain est marginal, pourtant il dispose de talents potentiellement énormes, des personnalités médiatiques comme toi et quelques autres ne devraient elles pas regrouper leur pouvoir pour faire avancer la scène de demain ?

Th : Alors là je dis oui. Ce serait le meilleur moyen de faire fermer leur bec à toute une foule de pseudos producteurs qui ne connaissent rien au public et aux artistes. Qui mélangent les fonctions de producteur, manager, promoteur de spectacle et qui s’importent surtout de la masse de fric qu’ils voient derrière les artistes. Nous qui sommes en contact permanent avec les artistes, qui vivons au jour le jour avec eux, qui recevons leurs doléances et leurs confidences sommes aussi les mieux placés pour les aider et les produire, il suffirait que les prétendus producteurs nous associent à leurs projets pour que la survie de nos artistes et de leurs créations soient assurées.

YS : Tu travailles pour un média d’Etat. Cette situation n’est-elle pas une entrave à ta liberté d’expression ?

Th : Oui et non. Oui parce qu’en travaillant pour l’Etat j’ai l’obligation de suivre la ligne éditoriale imposée par celui-ci. Il ne m’est pas possible de travailler avec les mêmes libertés que ceux qui travaillent pour des chaînes privées. Je dois montrer une image positive du pays. Non, parce que la liberté d’expression existe désormais dans la presse congolaise et nous avons aujourd’hui la possibilité de dire ce que nous trouvons intolérable. Nous devons aussi nous faire les portes parole de notre public. Agissant ainsi nous faisons aussi un travail politiquement correct en faisant connaître aux grands les préoccupations des petits.

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