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Un chef de guerre congolais devant le tribunal de La Haye !

Un Congolais rdécien dormira dans une prison hollandaise ce soir, aux bons soins de la Cour pénale internationale de La Haye. Il s’agit de Thomas Lubanga, un chef de guerre qui a semé la terreur en Ituri (est de la RDC), violé et pillé au nom d’une cause de mort qu’il ne m’a jamais expliquée lorsque, il y a deux ans, je l’ai interviewé. Le Hercules C-130 de l’armée française a quitté Kinshasa-Ndjili ce matin à 7h ; il devrait atterrir dans les heures qui viennent à La Haye.

C’est le début d’une page nouvelle pour l’Afrique sans doute ; un acte de courage qui préfigure cette lutte contre l’impunité qui nous vaut de voir des dictateurs et des sanguinaires, meurtriers multiples de leurs frères et de leurs sœurs, se prélasser dans des villas cossues accueillies par d’autres dictateurs et/ou sanguinaires au nom d’une fraternité qui a du mal à s’habiller d’humanitaire.

Loin de chez nous dans le temps et dans l’espace, Mengistu Hailé Maryam se coule des jours heureux au Zimbabwe ; Hissène Habré au Sénégal ; Anges-Félix Patassé au Togo ; Charles Taylor au Nigéria ; Jean-Bertrand Aristides en Afrique du Sud ; Alice Lakuenia (Ouganda) est au Kenya ; Joseph Kony (Ouganda) peut-être au Soudan... Sans parler de la cohorte des autres membres honorables du Syndicat, qui engraissent leur prostate à l’ombre d’une suspecte générosité française ayant contribué peut-être à leurs renversements (cas des Duvalier « Bébé Doc » (Haïti) et autres Didier Ratsiraka...)

La décision de traduire Thomas Lubanga devant une juridiction internationale reprend là où l’avait laissé le processus ébauché avec Foday Sankoh, chef de guerre de Sierra Leone et coupeur de mains reconnu qui a eu la bonne idée de montrer à Milosevic que pour éteindre une action en justice, après des crimes contre l’humanité, il suffit de mourir en prison.

Plus près de nous, Thomas Lubanga devrait ouvrir la voie royale de la justice sans émotion ni parti-pris à d’autres sanguinaires meurtriers, en fuite ou en cours de restauration de virginité, au Congo ou à l’étranger. Ntumi, bien entendu ; chef d’une guerre incompréhensible mais tout autant sanguinaire et folle. La volonté d’un peuple devrait pousser à ce que ceux qui ont eu des responsabilités dans le sang congolais versé en répondent.

Le procès des Disparus du Beach n’a pas totalement assouvi la soif de justice de l’opinion ; ayant abouti à une reconnaissance des responsabilités dans la disparition de 300 citoyens congolais (valant chacun dix millions de francs CFA d’indemnité) sans désigner un seul coupable. Si : l’Etat congolais... Or notre sagesse populaire sait que l’Etat c’est tout le monde et personne - « l’Etat ezali yo, l’Etat ezali ngaï »... !

La nouvelle du transfèrement de Thomas Lubanga à la Haye, survient aussi au moment où dans le Congo-Brazzaville d’aujourd’hui la mode est désormais à la demande de pardon. Sassou et le PCT ouvrirent la voie, Kolélas a suivi et aujourd’hui c’est au tour de l’UPADS de Pascal Lissouba. La déclaration publiée ce matin par Pascal Gamassa (président par intérim ?) est un vrai morceau d’anthologie : « Au nom du président Lissouba condamné abusivement à l’exil, nous demandons pardon au peuple. Dans la tragédie que notre pays a connue, notre parti, l’Union Panafricaine pour la Démocratie Sociale (UPADS), a certainement sa part de responsabilité pour n’avoir pas pu protéger la jeune démocratie congolaise et pour avoir cédé à la provocation de ses adversaires (...) Le président Lissouba n’a pas demandé une amnistie. Mais si le pouvoir actuel pouvait prendre des mesures de clémence, ce serait une bonne chose pour le retour de tous les exilés », a dit M. Gamassa. Le Président Lissouba fait des progrès : on se souvient qu’à la Conférence nationale de 1992, il avait catégoriqiuement refusé de demander pardon pour les morts de Matsokota, Pouabou et Massoueme.

Au cours de la même conférence de presse, le président par intérim de l’UPADS a annoncé que « le président Lissouba a signé depuis la France des actes de réintégration de tous les camarades exclus de l’UPADS ». On va y arriver !

Et c’est tout ? Il suffit donc que tous les écumeurs de la Nation, les tirailleurs qui hier se bombaient le torse et se vantaient d’en avoir « buté autant que j’avais de cartouches » viennent sur les places du Congo, kalashnikov fumantes sur l’épaule, demander pardon pour que nous applaudissions ? A quand l’érection de places du héros à des « Eyoma », « Chiens méchants » et autres « Willy Mantsanga » ? Et le président Denis Sassou Nguesso accordera, en innocent, les amnisties cosmétiques pour recycler ceux qui hier nous ont tués, nous ont fait mal, nous ont ruinés sans même la certitude qu’ils aient tout à fait fini ?

Par Benda Bika

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