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Vendez-nous aux Anglais et aux Américains !

C’est peu dire que la traduction anglaise des romans écrits en francais est la plus délicate à obtenir pour un auteur. Et il est souvent étonnant de constater que bon nombre de romanciers - même les plus installés en France - ne comptent aucun roman traduit dans la langue de Shakespeare ou d’Hemingway ! Il semble que les services des "droits étrangers" des maisons d’édition vous jureront tous qu’il est plus facile de vendre un roman dans les autres langues lorsqu’on a vendu les droits en langue anglaise. Vérite ou mensonge pour faire avaler le gros poisson à l’auteur qui piaffe d’impatience depuis des décennies en attendant que ses livres aillent se placer non loin de ceux des auteurs de l’espace anglophone ?...

Kourouma

Qu’est-ce qui explique la rareté des ces traductions ? Le texte écrit en gaulois est-il si loin des préoccupations du lectorat américain ou anglais ? Doit-on conclure que les éditeurs de France ne sont pas capables de convaincre leurs collègues américains ou anglais ? Comment se fait-il que pendant ce temps, la France, elle, traduit en masse les livres écrits en anglais ??? Mieux encore, l’auteur le plus mineur de l’espace anglophone est tout de suite traduit, les yeux fermés, par les éditeurs parisiens. On nous dira :

"Voyons, c’est bien normal, ces auteurs anglophones ne sont pas cons comme nous, ils ont des agents, eux ! Et ce sont ces agents qui viennent négocier pour eux en France".

Oui, mais rappelons que s’agissant de la propriété intellectuelle, l’éditeur est considéré comme l’agent de l’auteur lorsqu’il faut négocier ses contrats pour l’étranger. Par conséquent, c’est aux éditeurs de se retrousser les manches, d’aller au front et non d’attendre sagement qu’un coup de fil - voire un fax - vienne de New York ou de Londres ! Il serait temps que les éditeurs acceptent le principe des agents littéraires, des professionnels qui ne travailleraient que pour cela et rien que pour cela : rechercher des traductions, des adaptations etc.

Devant ce constat pour le moins révoltant, quel n’a pas été mon bonheur de découvrir dans les rayons d’une librairie d’Ann Arbor ( Michigan ) les titres traduits de certains écrivains Africains.

Pour Ahmadou Kourouma, presque toute son œuvre s’y trouve. De même qu’Emmanuel Dongala dont le dernier livre Johnny chien méchantparu jadis au Serpent à plumes, vient de paraître sous le titre "Johnny Mad Dog". La presse américaine a été élogieuse depuis la parution de ce livre il y a quelques mois.

Dongala

La difficulté des professeurs d’"Etudes africaines" aux Etats-Unis est souvent décuplée lorsqu’ils réalisent que les œuvres des écrivains d’Afrique noire francophone de la nouvelle génération ne sont presque pas traduites. Or il y a une forte demande. On veut enseigner ces oeuvres aux etudiants qui n’ont aucune notion de la langue de Voltaire. De ce fait, la traduction est d’une importance capitale. Le tableau n’est pas cependant sombre pour tout le monde : Gaston-Paul Effa fait exception avec ses deux titres parus en Angleterre : Tout ce bleu, All that blue et MA.

A ce nom vient de s’ajouter récemment celui d’Abdourahman Waberi. Le livre qui le fit connaître du public, le recueil de nouvelles Pays sans ombre vient d’être traduit par Jeanne Garane et publié par Virginia Press Publishing sous le titre de "The Land without Shadows", avec une très belle préface de Nuruddin Farah.

Waberi

L’emplacement des livres dans la librairie est d’ailleurs remarquable, puisque certains de ces bouquins occupent la vitrine. Pour le reste, il suffit de réviser son alphabet pour dénicher sans difficulté l’ouvrage...

Bref, voici quelques titres que j’ai pu emporter de notre petite librairie d’Ann Arbor :

Emmanuel Dongala, The Fire of origines ( Le feu des origines), Lawrence Hill Books, USA, 2003

Emmanuel Dongala, Johnny Mad Dog, Farrar Straus Giroux, USA, 2005

Gaston-Paul Effa, All That Blue, BlackAmber Books, UK, 2002

Gaston-Paul Effa, Ma, BlackAmber Books, 2002, UK, 2002

Tierno Monenembo, The Oldest Orphan, University of Nebraska Press, 2004

Abdourahman Waberi, The Land without Shadows, University Press of Virginia, 2005...

Je repasserai un de ces jours, je crois avoir omis quelques titres...

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