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40 ans, et je pense à ma mère, à mon père, à mon enfance...

24 février 1966 - 24 février 2006... Voilà, mes 40 ans sont là, je regarde derrière. Des regrets. Des joies. Des peines. Des surprises. Bref, la vie telle qu’elle est. Ne rien changer surtout. Le pourrait-on d’ailleurs ? Alors, je les porte, mes quarante balais. Je compte les brindilles avec l’acharnement d’un magasinier qui entreprend l’inventaire de ses biens afin d’estimer les bénéfices et les pertes à venir. Ce n’est pas l’inventaire avant liquidation, certes. N’exagérons pas. Mais j’ai l’opportunité au moins de ranger les meubles de ma maison. De retracer la ligne de ma vie. C’est vrai, comme dirait le romancier Louis-Philippe Dalembert, le crayon du Bon Dieu n’a pas de gomme... Oui, mais ce grand ami a aussi une admiration pour le songe d’une photo d’enfance ! Donc c’est ici l’occasion pour moi de brasser une image de deux personnages qui me sont chers... Juste rappeler que le petit enfant, en haut et en médaillon, je le reconnais puisque c’est moi...

Tenez, cette autre photo par exemple : il y a ce regard profond de ma mère, mon paternel qui se penche un peu vers moi. J’ai à peine l’âge de comprendre que cette table d’un bistrot pourri du Congo me suivra pendant longtemps. On dirait une table d’un bar que j’ai décrit avec exagération quelque part. Ah ! le vestiaire de l’enfance !

Et puis, il n’y a plus mon père Roger Kimangou sur cette terre. Et puis, il n’y a plus ma mère Pauline Kengué sur cette terre. Mais il y a au moins cette photo que je garde. Je l’appelle ma relique. Parfois mon acte de renaissance. Le plus souvent ma pièce "d’entité". Cette photo qui me dit qu’il y a le vide. Et il y a le poème que j’ai griffonné dessous, bien des années plus tard. Je le relis pour vous :

terrassé par l’amoncellement des saisons blanches

je succomberai un jour

je le sais

mais il y aura quelque part un arbre

le même qui remue ses branches dans mes poèmes

un rônier aux feuilles roussies

dont la sève coulera à flots

je dormirai près de mes songes

l’enfance se dissoudra dans le brouillard matinal

l’âme suivra le piétinement d’un troupeau

une hirondelle s’envolera

rasant de près la concession familiale

la silhouette de ma mère surgira enfin des ténèbres

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