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Statu Quo

Ca bouge en Afrique de l’Ouest, C’est calme en Afrique Centrale

Le fracas du baobab politique qui tombe après un coup d’état est une musique agréable que n’entendent plus les populations de l’Afrique Centrale depuis la chute de Mobutu, Kabila-père, Lissouba.

Hourra les Wara !

Les « Wara » (Afrique Occidentale) semblent « gâtés » par les Dieux quand les « Niaks » (Afrique Centrale) passent pour des « laissés pour compte » des changements historiques.

La CEDEAO donne des leçons de chose à la CEMAC.

Tout se passe comme s’il y a une inégalité devant la Loi normale des coups d’état. En Afrique de l’Ouest, les tyrans tombent comme des mouches, en Afrique Centrale ils résistent comme des morpions.

De quoi susciter des jalousies car le Christ semble s’être arrêté à Gaoundélé, laissant au Prince des Ténèbres la latitude de faire son bordel dans les pays de la CEMAC, à Brazzaville, Luanda, en passant par Ndjaména, Bangui, Yaoundé, Malabo, Libreville, Kinshasa, Kigali, Bujumbura. Capitales des Bantous.

Jugez-en :

Au Burkina Faso, Ibrahim Traoré 34 ans a eu raison de Blaise Compaoré.
Au Niger, Abdourahamane Tchiani a mis à genoux Mohamed Bazoum, le Sassou nigérien, surnommé préfet de l’Elysée.

En Guinée-Conakry , le colonel Mamadi Doumbouya né le 4 mars 1980, a renverse Alpha Condé.

Au Mali, le colonel Assimi Goïta a renversé Ibrahim Boubacar Kéïta mercredi 19 août 2021.
Tous des Mandingues, descendants du noble Soundiata Keïta de l’Empire du Mali.

En Afrique du Centre chez les Bongo, Sassou, Biya, aucun coup de feu. Pas même le moindre pétard mouillé : silence de cathédrale. Circulez il n’y a rien à voir. Kongo à gogo.
Et pourtant le Congo de Sassou avec sa manière « exagérée de vivre l’humanité » mériterait que le tyran débarrasse le plancher. Mais rien à faire.

Deux poids, deux mesures ? Discrimination négative aux dépens des peuples Bantous ? Pré-carré français, précarité CEMAC ?

Avant, la notion de coup d’Etat était bantou, l’apolitisme mandingue, soussou l’émotion sérère et wolof, peule. Désormais la colère est sahélienne, la docilité bantoue.

Le Mandingue Sékou Touré nous mit la puce à l’oreille en 1963. Il endoctrina les Congolais de Youlou. Monsieur l’Abbé resta bouche bée avant de tomber. Des « bandits ! », ces Wara, sous couvert d’être de simples vendeurs de colas, ce sont en réalité des Zapatas !

Que s’est-il passé ? Ca bougeait pourtant grave chez les Bantou du temps des Matsoua, Bouéta Mbongo, Kimbangou, Matsoua Ngouabi, Kiganga, Kolélas, Diawara (métis mandingue) Anga, Ruben Um Nyobe, Lumumba, Mulélé...

« Et nous alors ?  » disent, à raison, les Présidents d’ethnie bantou, « ne sommes-nous pas mûrs pour être balayés de la scène du crime ? »

La bifurcation écologique

La forêt vierge qui sépare les sociétés soudano-mandingue de l’Ouest de l’Afrique et les sociétés pygmées-bantou du Centre de l’Afrique serait-elle pour quelque chose ? Elle semble faire office d’obstacle imperméable qui empêche les idées de circuler et de rayonner entre les deux espaces. Le philosophe Hegel avait déjà accusé cette barrière verte de freiner auprès des Bantous la réception de l’histoire. Il qualifia Pygmées et Bantous d’anhistoriques.

Les hommes en treillis Bassa, Mbochi, Douala, Baluba, Kongo n’aiment pas (comme on dit) « des histoires ». Les pronunciamento chers aux généraux franquistes et aux militaires sud-américains ne paraissent pas gagner les esprits bantous.

Les satrapes du Sahel sont généreusement servis. Tandis que, en Afrique forestière
 : désert politique.

« Pourquoi eux et pas nous » diront légitimement (comme dans une célèbre pub) Bongo, Sassou, Biya, Kagamé etc. car le sort semble, en toute exclusivité, privilégier les homologues Ouest-africains comme si eux, Africains du Centre, n’avaient pas droit, eux aussi, à leur part de coups de pied au cul afin de d’aller moisir dans cette décharge publique appelée en son temps « Milles diables ! » par Bernard Kolélas ?

Eux aussi sont pourtant des gibiers de pronunciamiento !

Thierry Oko

P.-S.
"Wara" et "Niak" sont les noms que s’affublent les Africains de l’Ouest et du Centre par relations à plaisanterie.

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