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Echec et mat

Le Programme National de Développement (PND) du Congo-Brazzaville à la peine

LE PND DU CONGO-BRAZZAVILLE A LA PEINE

Le programme national de développement (PND) du petit pays pétrolier d’Afrique centrale, le Congo-Brazzaville, est dans les choux. Brazzaville n’est pas à ses premier balbutiements dans l’élaboration des plans et les stratégies de sortie de crise ni à ses premiers échecs en matière économique. Le plan triennal, le plan quinquennal, la « nouvelle espérance », le « chemin d’avenir », chacun a connu son quart d’heure de gloire, dirait Andy Warhol. La « marche vers le développement » le nouveau programme phare de Denis Sassou Nguesso est voué au même sort : celui du destin des feuilles mortes. Là où Denis Sassou Nguesso passe, les plans de développement trépassent.

Case départ

Brazzaville fait du sur-place. Il y a comme un éternel recommencement. Personne ne le formule ainsi, mais nul ne le conteste. Le plan national de développement 2022-2026 s’apparente au supplice de Tantale. Au Congo-Brazzaville, le plan national de développement 2022-2026 (PND) a du plomb dans l’aile. Il nécessite un recadrage. Lancé il y a plus d’une année en remplacement du premier plan qui n’a pu atteindre les objectifs escomptés, le nouveau Plan national de développement (PND) 2022-2026 est mis à rude épreuve faute de mobilisation des fonds nécessaires à la mise en œuvre de toutes ses composantes. A ce stade, l’évaluation des premières actions faite par le comité de pilotage révèle un retard dans son exécution, ce qui nécessite d’en revoir la planification (Les dépêches de Brazzaville adiac.com, 3 août 2023). De surprise, il n’y en a point. Le Congo-Brazzaville n’est pas un bon élève dans l’exécution des projets et dans la conduite des politiques économiques. En effet, le Congo-Brazzaville n’est pas une terre d’investissement en dehors de Total Energies, ENI, la société pétrolière italienne et Perenko qui exercent leur talent dans le secteur de l’exploitation de l’or noir et du gaz naturel. Le Rwanda à travers son fonds d’investissement Crystal venture qui a reçu du Congo-Brazzaville 12 000 hectares de terres arables va prêter ses services dans le domaine agricole qui est en bute à une «  insuffisance mécanicienne  » dixit Rigobert Maboundou, l’agriculture étant l’un des six volets du PND 2022-2026. Le Congo-Brazzaville compte désormais un nouveau partenaire financier et agro-industriel : le Rwanda de Paul Kagamé. Les largesses foncières arrachées par Paul Kagamé contre le consentement des habitants de la région du Pool et de la Bouenza ont valu au khalife d’Oyo, Denis Sassou Nguesso, une volée de bois verts de la part des « zaïrois » remontés comme une pendule, en attendant la révolte des populations du Congo-Brazzaville. Être appelé « Zaïrois » tient plus de la dérision que du compliment (Lire in Congopage.com, 29 juillet 2023 : Un idiot à la tête du Congo-Brazzaville).

Angle mort

La mobilisation des fonds privés dont a besoin le gouvernement du Congo-Brazzaville mené par le triumvirat Sassou-Makosso-Ondaye passe entre autres par l’amélioration du climat des affaires longtemps considéré comme le maillon faible de l’écosystème des affaires et de la diversification de l’économie.

Dans le monde des affaires, Brazzaville est un cancre. Dans le classement « doing business » , le Congo-Brazzaville caracole en queue de peloton. C’est la lanterne rouge, couleur du drapeau à un moment de l’histoire de ce petit pays pétrolier. Autant dire que des efforts supplémentaires devraient prosaïquement
être consentis dans ce sens étant donné qu’une partie de financement du Plan repose sur le secteur privé.

Bailleurs traînent les pas

Denis Sassou Nguesso, Anatole Collinet Makosso, Jean-Baptiste Ondaye et Ingrid Olga Ghislaine Ebouka-Babackas sont confrontés à un challenge : la mobilisation
des fonds. C’est l’angle mort de l’administration Sassou. Les bailleurs de fonds tant nationaux qu’internationaux ne se bousculent pas au portillon.

Le plan national de développement (PND) du Congo-Brazzaville 2022-2026, un programme quinquennal échafaudé sous la direction d’Ingrid Olga Ghislaine Ebouka-Babackas comporte 343 projets évalués à plus de 8 962 milliards de francs CFA. Il repose sur six secteurs prioritaires : le numérique, l’agriculture ; l’industrie ; les Zones économiques spéciales ; le tourisme et l’immobilier.

Le PND 2022-2026 a fixé ses dépenses d’investissement à 8 987 milliards FCFA. Les ressources disponibles représentent à peine 24% du coût global du programme,
soit 2161 milliards FCFA, tandis que le gap des financements (2/3) est à rechercher auprès des bailleurs de fonds. Pour son PND, le Congo-Brazzaville est
donc en manque et en quête de 6 826 milliards de francs CFA.

Le succès du plan national de développement 2022-2026, après l’échec cuisant de plusieurs autres tentatives, dépend de la capacité du Congo-Brazzaville d’attirer les investissements directs étrangers (IDE), de lutter contre la corruption, de faire la chasse aux fonctionnaires fictifs, d’opérer un toilettage du fichier de la fonction publique, de réduire les lourdeurs administratives, de lutter contre les tracasseries policières, d’assurer et garantir la sécurité des investissements, de sévir contre les malversations financières et les dilapidations des deniers publics. C’est le futur du Congo-Brazzaville autant que sa postérité qui se joue à travers le plan national de développement 2022-2026. Mais, peut-on attirer les mouches avec du vinaigre ?

Benjamin BILOMBOT BITADYS

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