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Peinture au vitriol de l’Ecole de Poto-Poto par J-P. Pigasse

Les Beaux-Arts

Jean-Paul Pigasse, indéfectible avocat du régime de Brazzaville, n’a pas eu de mots assez durs pour peindre le triste spectacle que présente actuellement aux visiteurs la célèbre Ecole de peinture de Poto-Poto.

Plaidoyer pour l’Ecole de peinture de Poto-poto

Qu’arrive-t-il à Jean-Paul Pigasse ? A-t-il des sursauts de lucidité ou prend-il les devants pour prévenir une éventuelle charge de l’opposition ? Figurez-vous qu’il a osé trouver quelque chose à redire sur la crise des valeurs au Congo-Brazzaville. L’école de peinture de Poto-Poto fondée par Pierre Lods n’a pas eu grâce à ses yeux. Selon lui cette célèbre école d’art est devenue « un espace poussiéreux, encombré de tables de bistrots dont les occupants ne sont visiblement ni des artistes, ni des passionnés de peinture. »

La demoiselle aux tresses (Jane)

Quant à l’entrée de cette célèbre école, celle-ci est encombrée par « une estrade de bois aux planches mal ajustées qui sert de cadre à des spectacles commerciaux fort éloignés de l’art pictural. »

Les baraques ? Elles sont « à moitié détruites ... on ne sait si elles sont occupées ou simplement délaissées. Bref, un univers indigne de l’une des plus célèbres écoles de peinture du continent africain dont plusieurs tableaux sont accrochés sur les cimaises du Musée d’art moderne de New York. »

Il faut de sérieux efforts pour découvrir « dissimulée derrière de grands arbres une magnifique case, parfaitement entretenue par les artistes, dont les murs sont couverts de tableaux et la terrasse occupée par des peintres en plein travail de création. »

A la bonne heure car le visiteur désemparé peut, quelque part, respirer : « non seulement que l’école de peinture de Poto-poto n’est pas morte, mais encore que les œuvres réalisées ou en gestation aujourd’hui dans ce lieu mythique sont dignes de celles qui assurèrent hier sa renommée. »

Il ne reste pas moins que Pigasse n’est pas content. Ecoutez-le pester : « Pour dire les choses crûment, car c’est bien là qu’il faut en venir, il est pour le moins surprenant que l’environnement de ce haut-lieu de l’art africain soit laissé dans un tel état d’abandon, que l’on ampute pour de basses raisons commerciales la majeure partie de l’espace légué aux peintres par son fondateur, que l’on décourage ainsi les admirateurs - donc les acheteurs éventuels - de venir visiter l’école »

Bigre, les écailles seraient-elles enfin tombées de ses yeux ? Furibond, il poursuit sa volée de bois vert « Car celle-ci (l’école) ne vit plus aujourd’hui que grâce à l’aide de quelques mécènes étrangers, les subventions qui lui sont destinées se perdant, semble-t-il, dans les méandres de l’administration et les règlements qui lui sont dus lorsque par miracle elle reçoit une commande publique ne lui parvenant pas. »

Pigasse se souvient encore de la belle époque : « Est-il besoin de rappeler à ceux qui l’auraient oublié que l’Ecole de peinture de Poto-poto fut jadis l’une des vitrines du Congo ? Qu’à bien des égards elle pourrait aujourd’hui symboliser le Congo renaissant aux yeux du monde extérieur ? Que ses peintres et leurs représentants comptent parmi les meilleurs ambassadeurs de la culture africaine en général, congolaise en particulier ? »

Puis le coup de grâce : « Alors que tous les pays, toutes les capitales du monde soignent leurs artistes, le Congo et Brazzaville seraient donc les seuls à ne pas s’en préoccuper. Invraisemblable ! Abracadabrant ! »

Nous autres, ne peignons pas autrement cette "nature morte" qu’est devenu le Congo. La seule différence est que Pigasse est grassement payé quand il le fait. Autant dire qu’il crache dans la soupe. De toute manière, tant que son employeur est prêt à cracher des millions pour services rendus, Pigasse continuera à encenser ce qu’il reconnaît lui-même être "invraisemblable et abracadabrant".

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