email

Après 10 ans d’absence

Carnet de Voyage

Début 2006, je décide enfin de faire un tour au pays.
Voyage familial d’abord car les événements de 1997 que je n’ai vécu avaient fortement ébranlé la famille. Le vieux c’est-à-dire papa y avait perdu la vie ainsi qu’un aîné.
Un autre fait, c’est le cas de notre fils aîné de 9 ans qui est toujours à BZV avec sa grand-mère, né à BZV à mon absence alors que ma femme était encore étudiante. Les conditions de ressources et les capacités d’accueil réunies, l’OMI (organisation pour la migration internationale) nous a donné depuis son accord en France pour le regroupement familial afin qu’il rejoigne sa petite sœur qui est avec nous. Malheureusement, le consulat de France au Congo veut encore et toujours faire des enquêtes de terrain. Enquêtes interminables et ce depuis 6 mois déjà. Donc, l’un des objectifs du voyage était aussi de ramener si possible le petit avec moi.
De voyage familial pour lequel aucun parent n’est au courant, tout s’imbrique, car le voyage se transforme en un véritable périple entre les ambitions du militant panafricain et le devoir de voir l’Afrique autrement que par le prisme du citoyen ordinaire.

Du coup, dans le programme s’inscrit un autre regard de Brazzaville à commencer par des monuments historiques, la structure de l’héritage colonial en passant par la contre-attaque de la construction du mausolée De Brazza. En réaction à ce projet de consécration d’une mémoire nègre extravertie digne d’un esprit d’esclave, j’ai décidé de faire un recueillement symbolique à la stèle de Matswa à Kinkala. Un autre recueillement est prévu à Pointe-Noire au musée Ma-Loango, la Route de l’Esclave, le Port Loango, la Pointe indienne... Ça, c’était pour les figures nationales.

Pour la figure panafricaine, j’ai choisi d’aller en Centrafrique à 80 Km de Bangui se recueillir sur la tombe de Barthélémy BOGANDA en compagnie d’un de ses fidèles compagnons encore en vie, le Pr Abel GOUMBA actuel médiateur national. Il faut signaler que le séjour banguissois était accessoirement motivé par l’invitation à participer au congrès d’un Parti politique Frère, dénommé F.P.P. (Front Patriotique pour le Progrès) du Pr Goumba du 13 au 16 juillet. Je devais faire une communication au nom de la jeunesse panafricaine.
Entre temps, il est envisagé l’éventualité de visiter la Likouala au retour de Bangui.

Vous l’aurez compris, la structure du voyage est définie du 30 juin au 31 juillet 2006 comme suit :

1 ) « Toulouse/Brazza » du 30 juin jusqu’au 7 juillet ;

2 ) « Brazza/Pointe-Noire ; Pointe-Noire/Brazza » du 7 au 12 juillet ;

3 ) « Brazza/Bangui ; Bangui-Brazza » du 13 au 19 juillet ;

4 ) « Brazza-Toulouse » du 19 au 31 juillet.

1) TOULOUSE-BRAZZA :

Le jeudi 29 juin 2006, j’ai fini très tard à mon travail. Dernier jour avec mes étudiants jusqu’à 18 h., dès que je rentre, il a fallu mettre les dossiers professionnels à jour et laisser ma femme faire le suivi. Il faut signaler que nous avons une petite entreprise de conseil et gestion dans laquelle, en dehors des enseignements que je dispense, nous y travaillons ma femme et moi. Ce soir du 29 au 30 juin, nous avons travaillé jusqu‘à 5 heures du matin.

Evidemment, après cette nuit blanche, le vendredi dès 5 h 45, mon beau frère klaxonne, il nous embarque à l’aéroport car mon vol est prévu à 7 h. du matin à l’aéroport Toulouse/Blagnac. A 10 h., après un changement d’avion à Paris, vers 11 h., Air-France décolle pour Brazzaville.
Naturellement, c’est contre mon gré que je prends Air-France. J’aurais tellement aimé payer cet argent dans une compagnie africaine, mais bon entre le désir des Peuples et les intentions des dirigeants africains, c’est 2 mondes....

Nous voilà en direction de la terre des ancêtres, la terre sacrée. Vers 18 h., le commandant annonce l’atterrissage. Et c’est pratiquement à 18 h 30 que nous débarquons. Mon cœur bat très fort rien qu’à la vue de Maya-Maya, notre aéroport. J’ai un sentiment mêlé d’inquiétude, de joie de la terre des ancêtres retrouvée en même temps je pense à la réalisation effective de mon périple.

a) l’aéroport Maya-Maya

Nous voilà vers la salle des formalités. Je suis rangé du côté des nationaux. Mes papiers sont contrôlés et rien de particuliers à signaler, je passe tranquillement. Avant de passer les services de santé, un colonel m’interpelle, c’est l’ami de mon beau frère qui a été contacté pour m’assister dans les formalités. Finalement, sa présence se révèle presque inutile, mais c’était quand même rassurant de le savoir là en cas de... (comme on dit là bas).

Nous rejoignons la salle de récupération des bagages. J’avais 3 valises. La première contenait mes vêtements personnels ; la deuxième a été préparée par ma sœur pour une de ses copines qui venait d’accoucher et enfin, la troisième valise contenait les documents les plus importants : documents de participation au congrès de Bangui, les affaires destinées à ma belle famille dont une partie se trouve à Pointe-Noire...

Première difficulté : 2 heures après, le tapis des bagages s’arrête de rouler. On nous signale qu’il n’y a plus de bagages, alors que je n’avais que mes 2 premières valises. Evidemment, le réflexe premier est d’indexer l’incompétence des congolais. Dans une colère bleue, je rejoins le chef d’escale à son bureau, qui me sort dans l’ordinateur la liste des bagages enregistrés depuis Paris, effectivement l’étalon de ma valise n’y figure pas. Objectivement, je me rends compte que c’est Air France qui est fautive. La réclamation est faite, on me rassure que tous les lundi, mercredi et vendredi, Air France a toujours un vol sur BZV.
Conséquences de ces premiers impairs : tant que cette valise n’arrive pas, je ne peux programmer de voyager ni vers Pointe-Noire, ni vers Bangui.

b) les premiers chocs avec la réalité

C’est vers 20 h. que nous sortons de l’aéroport pour emprunter un taxi. Mon lieu d’hébergement se trouve à Bacongo vers l’avenue Matswa. J’avais pris soin de réserver une maison en location pour 1 mois par le truchement d’un aîné, sachant que les derniers événements avaient dépouillé la famille du minimum qui nous a été légué par les parents, je ne voulais pas être un poids pour qui que ce soit. Aussi, la particularité de mon programme commandait quand même une certaine discrétion.

Nous voilà dans les rues de BZV, première remarque, c’est que toutes les avenues ne sont éclairées. Jusqu’ici, ça va. Nous traversons le rond-point CCF (centre culturel français), je suis en pleine extase de voir ces grandes avenues qui m’ont manqué, au croisement du lycée « Libération », nous rejoignons la route qui mène à la Case De Gaulle et au Cercle culturel de Bacongo, nous voilà vers l’avenue Matswa. Nous sommes en plein quartier, il n’y a pas d’électricité, je m’inquiète déjà. Enfin, ce qui devait arriver, est arrivé. On est garé devant le portail de la parcelle qui allait me servir de lieu d’hébergement, il n’y avait pas d’électricité. On m’apprend que c’est ce qu’on appelle le délestage. Pire, il n’y a pas d’eau non plus.
Que faire ? moi qui rêvais d’une bonne douche car la veille je n’avais pas dormi...
Il fallait se rendre à l’évidence, faire avec les moyens du bord.
Conclusion : dormir et attendre le lendemain pour commencer les visites surprises !

c) le cauchemar de la valise égarée :

Le samedi matin, c’est au rythme des chants religieux des églises de réveil que nous nous réveillons dès 5 h. du matin. Dès la première heure, avant de commencer les visites surprises à la famille et aux amis, je décide de repartir à l’aéroport à l’agence d’Air France afin de m’assurer que les réclamations ont été bien transmises à Paris pour s’assurer que la valise arrive avec le prochain Vol du lundi. En sortant de la concession pour emprunter un taxi, ce que le délestage m’avait caché en arrivant dans l’obscurité me rattrape en plein visage, j’ai nommé : la sa-le-té. Qu’est-ce que Brazzaville est s-a-l-e !

Le sol des rues est couvert de sachet, les caniveaux remplis de saleté presque jamais vidés... heureusement nous sommes en saison sèche. En saison des pluies, avec les canalisations bouchées ou inexistantes, les stagnations d’eau sale mêlées aux ordures, les routes doivent être impraticables.

Mon constat était tiré, la première sécurité dans ce pays, est la sécurité sanitaire. C’est vrai que les guerres civiles tuent en masse et en courte période, simplement c’est cyclique. Mais l’insécurité sanitaire pourvoyeuse de toutes sortes de maladies est permanente. Ses effets sont immédiats et quotidiens. Il est évident que si BZV est propre, nombre de maladies disparaîtront et cela soulagerait à n’en point douter la vie des congolais. L’exemple le plus frappant, c’est le paludisme. On sait que la saleté est un vivier formidable pour les moustiques, déjà que cette endémie n’a pas de vaccin, aucune mesure de santé publique n’est prise ne serait-ce que pour limiter son impact. Comment comprendre que le marché qui est le lieu d’approvisionnement de tous les congolais puisse offrir le spectacle d’une cohabitation quasi normale des vivres ou aliments de base et d’immondices de toutes sortes ?
Fermons la parenthèse !

Revenons à l’affaire du bagage égaré. Donc l’agence Air France de Maya-Maya me rassure que les réclamations sont bien transmises à Paris et que le lundi, sans faute, mon problème sera résolu. Impossible pour l’heure de faire une réservation pour Pointe-Noire par prudence.
Ces formalités faites, je me lance à l’assaut de BZV par des visites surprises.

C’est avec une grande joie que je sillonne la ville dans le taxi que j’ai loué pour circonstance. Amis, Parents et connaissances sont tous surpris de me voir, la joie est partagée. Quelques fois se sont des pleurs de joie ou d’un ami ou connaissance décédé... Presque partout on explique cette surprise par la volonté de Dieu. D’aucuns me content des rêves annonciateurs qu’ils ont fait, d’autres me disent qu’une révélation annonçant mon arrivée était faite au sein de leur assemblée religieuse et que leur pasteur avait raison. C’est bizarre, au Congo d’aujourd’hui rien ne se fait par la volonté des hommes, tout est toujours l’œuvre de Dieu. Au point où par une croyance absurde, on en vient à penser que même leur misère qui a pourtant des causes objectives et claires, est la volonté de Dieu : « eh tosala lisusu nini, Nzambé Yé moko ayébi... ». Ainsi va le Congo.

Après les retrouvailles familiales, naturellement commencent les vrais problèmes. Chacun y va de sa plainte. Les écoles privées des enfants non payées surtout que j’arrive en fin d’année, les cas de maladies, les commerces arrêtés faute de capital... Je prends le parti de la responsabilité. Je ne me dérobe pas de ma responsabilité. Je rassemble les aînés de la famille, je leur dis que je ne peux tout régler, mais il faut recenser les cas les plus urgents, les méritants c’est-à-dire ceux qui aiment et vont encore à l’école sont ma priorité, ayant un long périple à faire, mes finances sont limitées. Je leur confie la mission de voir tout le monde : oncle, tante, sœur, frère... et que nous devons organiser avant mon retour un repas de famille afin de redynamiser les liens de solidarité entre nous.

Il faut dire que la quasi-totalité de ma famille habite Ouenzé et tout le monde est surpris d’apprendre je suis hébergé à Bacongo. Dimanche, Lundi... très tôt, je poursuis mes visites surprises Bacongo, Makélékélé, Plateaux, Moungali, Ouenzé, Talangaï... Quand je sors à 7 h., je ne rentre en général qu’à 23 h. Chose curieuse, Bacongo contrairement aux craintes, est très bien sécurisé. Il m’est même arrivé de faire des longues distances à pieds au-delà de 22 h. 30 entre Makélékélé et Bacongo.

Retour à l’aéroport lundi soir à l’attente de ma valise. 2 heures d’attente dans la salle, et le tapis s’arrête, ma valise n’est toujours pas là. C’est la colère, je ne comprends rien, je vois d’autres personnes qui attendent leurs valises également depuis une semaine. Je suis envahi par le désespoir. Le chef d’escale, très embarrassé, nous demande de patienter jusqu’au Vol du mercredi. Que faire ? Le doute s’installe quant à mes déplacements de Pointe-Noire et de Bangui. Pas question de payer le billet avant l’arrivée de cette valise.

Le Mercredi, c’est pareil. Ma valise n’est toujours pas arrivée. Jeudi matin à 7 h. je suis à l’agence Air France en face du magasin score au centre ville, je suis sur le point de faire un scandale. Je menace de porter plainte, je demande qu’on me dise mes droits en tant passager résident non permanent, un responsable me promet de tout mettre en œuvre pour régler la situation avec Paris. Mon séjour prend un coup, je commence à me poser des questions sur la réalisation de mes objectifs. J’ai des coups de fil de Pointe-Noire et de Bangui pour donner des précisions quant à mon arrivée.

d) la grève des Taxis et Bus

Alors que je suis derrière ma valise égarée, un autre élément perturbateur intervient, c’est la grève des Taxis et Bus. Grève légitime dont je suis d’ailleurs solidaire, mais comme toujours, c’est le Peuple qui en pâtit car les dirigeants sont dans leur 4x4 qui narguent à longueur de journée le Peuple.

Un fait important, cette grève intervient au moment où les élèves passent les épreuves écrites du BAC. Les dirigeants n’ont rien prévu pour aider les candidats à rejoindre à temps et sans trop de peine les centres d’examens. J’étais choqué de voir ces jeunes frères et sœurs faire des kilomètres et pour certains en retard afin de rejoindre les centres d’examens. Et pourtant, il aurait suffit que l’on réquisitionne les parcs automobiles d’un certain nombre de départements ministériels. Si seulement nos dirigeants avaient conscience de ce qu’on appelle : responsabilité envers la jeunesse ?

Donc le déplacement est devenu difficile. Je suis à BZV à peine 6 jours, je n’ai pas les repères nécessaires pour me dépanner. Alors le Jeudi, j’ai fait des longues distances à pieds. Quelque part, ça m’a fait du bien de sillonner le pays à pieds afin d’être en contact de la réalité profonde des populations. Sauf que vendredi soir il y a un vol d’Air France qui sera là, si la grève se poursuit, comment se rendre à l’Aéroport ? J’avoue que petit à petit je devenais impatient et je perdais espoir sur les chances de retrouver la valise.

Vendredi, pas de Taxis ni de Bus. Je m’avance à pieds vers la station du marché Total, c’est un Frère de la RDC qui a transformé une voiture personnelle en taxi-course qui me dépose à Ouenzé. Dans la matinée, je reçois un coup de Toulouse, c’est ma femme qui ‘m’informe qu’un agent d’Air France depuis Paris a appelé à la maison pour lui demander d’identifier par téléphone un bagage égaré, ce qu’elle a fait et cette personne l’a rassuré que le Vol du soir partira à BZV avec le bagage. Enfin, une lueur d’espoir !

Je suis bloqué à Ouenzé, sans possibilité de déplacement. Ce séjour commence vraiment à m’énerver. Quel gâchis dis-je ! Soudain, je pense au colonel qui était venu m’attendre à l’aéroport. Je lui passe un coup de fil, il promet de venir me chercher au rond-point Koulounda à 17 h. 30.

A 18 h. nous sommes à l’aéroport, en chemin je lui ai expliqué le dommage que cela m’avait causé car jusqu’ici je n’avais toujours pas réservé les billets de Pointe-Noire et de Bangui alors que je devais être à Pointe-Noire le vendredi même c’est-à-dire le 7.
Enfin, ma valise est arrivée. Il est 19 h, le colonel me propose d’aller à l’agence TAC (Trans Air Congo) afin de voir s’il est possible d’avoir une place pour le samedi donc le lendemain dans la matinée. J’ai accepté, et heureusement, nous sommes les derniers au moment où l’agence était sur le point de fermer. Ainsi, je prends un billet de 78 000 FCFA (aller/retour), départ samedi 8 juillet et retour, mercredi 12 juillet. Son argument était simple et convaincant, cette compagnie détient un Boeing alors que les autres ont des Antonov.

Ainsi, c’est la course contre la montre qui commence.
Il faut avertir Pointe-Noire le soir même que j’arrive demain, tout en informant quelques parents de BZV du départ pour Pointe-Noire.

2 ) BRAZZA/POINTE-NOIRE ; POINTE-NOIRE/BRAZZA : DU 7 AU 12 JUILLET

Au lieu du 7 juillet comme prévu, c’est le 8 que je me rends à Pointe-Noire pire sans savoir quand est-ce que je partirais à Bangui puisque je n’ai pas de réservation.
Donc le samedi matin, nous voilà à l’aéroport Maya-Maya pour Pointe-Noire.

a) un univers de désordre et de la corruption

Je ne sais comment décrire la situation de Maya-Maya. Voici un lieu où la sécurité aurait du être la règle numéro 1, curieusement c’est la corruption et le désordre qui priment. Quand les agents chargés de la sécurité sont corrompus, c’est la sécurité même qui est délaissée.

Je ne comprenais rien. A notre arrivée, ce sont les bagagistes de l’aéroport qui nous ont aidé à acheminer nos bagages jusqu’à la salle. Jusqu’ici tout est normal. Ensuite, ils nous demandent nos billets pour effectuer les formalités d’enregistrement à notre place. Ils nous rassurent qu’un des leurs est déjà dans la queue et proche du guichet, donc les formalités se feront rapidement sans qu’on ne fasse la queue. Ne sachant pas les réalités, nous avons accepté. Evidemment, en un temps record, nos bagages sont enregistrés et ils nous demandent de payer et le port des bagages et le service rendus. Ce qui est fait !

Après réflexion : je m’aperçois que cette situation n’est pas normale. Je m’explique, en fait entre le passager qui arrive à temps, mais qui n’a pas d’argent pour acheter ce service et celui qui arrive largement en retard, le premier risque de se retrouver sans place car le second aura payé et ses formalités sont réalisées à temps. Le bagagiste qui occupe illégalement une place dans la queue ne bouge pas et accumule des tas de billets que ses collègues lui donnent chaque fois qu’ils ont trouvé un passager prêt à payer. Le passager sans argent qui croit être derrière une personne dans la queue, en fait se retrouve sans le savoir derrière une personne qui a 20 voir 30 billets.

Nous passons le premier poste de police, au second comme il fallait s’y attendre en dehors des taxes habituelles, le policier me glisse à l’oreille et notre bière ? Je souris, mais en fait j’ai pitié de lui car je voyais cette situation plutôt humiliante pour un adulte en plus en uniforme.

b) Surprise : TAC, une société très compétente

Evidemment, c’est un Boeing que TAC a mis à notre disposition.
Un élément qui mérite d’être souligné, c’est le professionnalisme et la compétence des agents de cette société. Ponctualité et service ont été au R-V. Ca mérite d’être dit dans ce flot d’inorganisation.

c) l’arrivée et le séjour à Pointe-Noire

Excellent voyage, nous arrivons vers 12 h., mais Pointe-Noire aussi est en grève. Depuis BZV on apprenait que le mouvement est plus dur ici.

L’aéroport est en pleins travaux dit- on, donc c’est dans un hangar aménagé que nous arrivons et où nous récupérons les bagages. Mon beau Frère est venu me chercher, heureusement avec une voiture privée car il n’y a ni taxis ni bus. A Tié-Tié, certains chauffeurs de taxis et de bus ont été pris à partie parce qu’ils refusaient d’observer le mot d’ordre des syndicats de la profession. Nous allons à Loandjili vers l’hôpital, c’est le lieu que ma belle famille a trouvé pour mon hébergement, en fait une villa de la famille que je partage avec mon beau frère.

En sillonnant la ville, on est tout de suite choqué par l’état des routes pour une ville qui produit le pétrole. En plus, Pointe-Noire rivalise presque avec BZV en terme de saleté.
Dès notre arrivée, le temps de déposer les affaires il m’emmène à Mbota, saluer mon beau père et lui remettre les présents.

Le dimanche, c’est la grève totale, pas moyen de circuler. On assiste aux négociations à la télé. C’est soi-disant le directeur de cabinet de madame Sassou qui conduit les négociations. Je pose la question de savoir que représente le cabinet de madame Sassou ? Est-ce une institution reconnue par les lois de la république ? Personne n’a pu me donner une réponse satisfaisante. On me dit que comme elle est de Pointe-Noire, donc c’est plus simple que ce soit elle qui mène les négociations. Voilà comment on transgresse les lois dans ce pays. Sachant qu’à Pointe-Noire, il y a un Préfet, un Maire, des élus... Mais bon, ainsi va le Congo de l’improvisation.

Le lundi, muni de ma caméra, nous nous rendons vers Diosso pour visiter le musée Ma-Loango, la route de l’esclave, le port de Loango qui servait de lieu de départ des esclaves, les gorges de Diosso... Moments particulièrement émouvants, dommage le musée est fermé tous les lundi. Nous avons quand même trouvé un habitant qui a bien voulu nous servir de guide. Nous l’avons filmé entrain de conter ce qu’il savait de la cour royale et le livre que j’avais prévu pour le conservateur du musé qui traite des dernières recherches sur la traite négrière, lui a été remis pour service rendu. La visite du Port de Loango qui a la même valeur historique que Gorée et classé d’ailleurs « monument historique » par l’UNESCO était poignante. On est naturellement scandalisé par le peu de cas que les autorités nationales accordent à un lieu aussi important pour la conscience collective d’un Peuple. Pire, on a appris même que certains endroits de cet espace classé monument historique, était vendu à un libanais et madame Sassou y détenait aussi des parcelles. Sacrilège, et pourtant ces lieux sont sacrés, bon Dieu !

Le mardi, ma femme me fait un transfert que je vais récupérer seul à la poste du grand marché. On m’exige de faire les copies de ma pièce d’identité, ce qui est normal. Mais je fais tout le grand marché, il n’y a pas de photocopieuse. Juste une seule que j’ai trouvé chez un libanais, malheureusement le délestage ne permet de tirer une copie. Mon Dieu, quelle situation ! Enfin, je reviens exposer la situation à la Poste, et l’on me conseille d’aller à la grande Poste du centre ville surtout que la somme était aussi importante. Là aussi, aucune confidentialité, on te reçoit au guichet où une certaine somme est retirée, vous êtes nombreux, tout le monde voit, entend, ton identité, les renseignements personnels....

Dès mon retour, mon beau Père m’attendait. Il a loué un taxi pour me promener dans l’ensemble de la ville : les côtes, la foire, Tié-tié, Foucks, Siafoumou, 7-7, Mbota, Mpaka ETC, la frontière du Cabinda, Djeno... C’était excellent !

Enfin, le mercredi 12, j’embarque pour Brazzaville par TAC, le voyage était aussi excellent qu’à l’aller. Professionnalisme en tous points de vue. Dès mon arrivée à Brazzaville, j’ai entrepris les démarches pour me rendre à Bangui. C’est une autre paire de manche.

3 ) BRAZZA/BANGUI ; BANGUI-BRAZZA : DU 13 AU 19 JUILLET

Le mercredi 12, je suis donc à BZV, seulement je n’ai pas de réservation pour Bangui. Dès mon arrivée, je fais les agences de la place : Camair et Toumaï Air Tchad essentiellement car TAC (Trans Air Congo) allait ouvrir une ligne sur Bangui dans une semaine.

 Toumaï qui est une compagnie tchadienne, plus chère soit 305 900 FCFA (aller/retour), mais plus sûre, n’a pas de vol sur Bangui avant le lundi 17. Du coup, je risque de louper le congrès. Apparemment, il y avait un vol Toumaï qui partait le jeudi matin, mais il n’y avait plus de place. N’eut été le retard de la valise, j’aurais pu réserver dès mon arrivée à BZV.
 Camaïr, compagnie camerounaise, la moins chère soit 222 000 FCFA (aller/retour), mais pas la plus sûre, me propose un vol le jeudi 13 dans la matinée. Quelle chance, je remercie les ancêtres, je saute sur l’occasion, enfin je me dis malgré tout, je vais rattraper le retard.

a ) le cauchemar de la compagnie Camair

Mercredi soir, j’appelle Bangui pour annoncer mon arrivée le lendemain en fin de matinée. Tout le monde est content. Le jeudi 13 juillet, à 7 h. du matin, je reçois un coup de fil de Camair qui m’apprend que le Vol de la matinée ne partira que le soir et dans la journée on nous précisera l’heure exacte du départ. J’ai eu l’impression que le ciel allait me tomber dessus. Que faire ? Aucun recours ! Comment peut-on se foutre du monde comme ça ? Que faire de la journée puisque vous pouvez être appelé à tout moment ?

J’appelle Bangui pour annoncer la mauvaise nouvelle. Et je suis obligé de rester à la maison.
Or, depuis que j’avais visité les parents, amis et connaissances avant de partir à Pointe-Noire, la nouvelle de ma présence à BZV avait fait le tour de la ville, les coups de téléphone n’ont cessé de pleuvoir. Tout le monde voulait qu’on se voit, malheureusement, je ne peux fixer de R-V car ne sachant à quel moment Camair allait nous appeler. Voilà donc le jeudi qui est perdu. Vers 16 h. j’appelle Camair, sans succès. A 19 h., enfin Camair m’appelle pour dire que le Vol est annulé, il partira peut-être vendredi, mais l’heure n’est pas connue. Deuxième pilule, quel cauchemar alors que le congrès a déjà débuté ? Tout le travail des mois de préparation ne servira peut-être à rien !

Vendredi dès 7 h. du matin je décide de poursuivre mon programme de BZV, mes bagages sont prêts, en cas de coup de fil de Camair, comme je ne peux me promener avec ma valise, je reviendrais vite à la maison chercher les affaires. Il n’est pas question de perdre une journée supplémentaire comme la veille.

Très tôt, je me rends à l’ambassade de France voir l’état du dossier de regroupement familial de mon fils, on me conseille de remplir un formulaire. Ce que je fais et je le donne à ma belle mère qui est la tutrice du petit pour le déposer la semaine prochaine à l’ambassade de France. Après l’ambassade, j’organise des visites surprises aux amis, je me renseigne sur l’évolution des préparatifs du grand repas familial qui est fixé pour le samedi 29 aux plateaux chez un oncle, devenu chef de famille. Je m’investis personnellement en visitant oncle, tante, frère, sœur, cousins, nièces... pour que chacun se mobilise et j’ai tout en entendu, les rivalités de 50 ans sont sorties, mais toujours avec humilité, sans prendre partie, j’entends et je persuade le parent à être présent au repas. Je prends un grand plaisir à le faire. Apparemment, la méthode a bien fonctionné et les gens se sentaient considérés, de me voir, venu d’Europe faire le porte à porte afin que la famille se réunisse, c’était du jamais vu pour eux. Jusqu’à 20 h., évidemment, pas de coup de fil de Camair.

Le samedi matin, dans une colère terrible, je me rends à l’agence de Camair pour tout annuler. On essaie de me persuader que peut-être qu’il y aura un Vol le dimanche, je dis, pas question. Evidemment, c’est la déception totale, j’ai loupé le congrès, Bangui est déçu, les amis du congrès m’appellent à tour de rôle pour me conforter et tous c’est la même chose : mon frère, courage, ainsi va l’Afrique, disent-ils, Camair c’est de la merde !

J’ai décidé malgré tout de maintenir le voyage de Bangui car en dehors du congrès, il y avait un autre programme concernant la visite de la tombe de Boganda à 80 km de Bangui à Bobangui en compagnie du Pr Abel Goumba. Et un long entretien pour contribuer au travail de mémoire avec le vieux Goumba était aussi prévu en vue de publier un DVD. Donc, en quittant Camair, je me rends immédiatement chez Toumaï Air Tchad, payer les 305 900 FCFA et le Vol est prévu pour le lundi 17 juillet à 13 h. ; pour un retour le dimanche 23 juillet.

Entre-temps, je mets à profit la journée du samedi et du dimanche pour les rencontres politiques et une meilleure observation de la société. Je rencontre des amis devenus pour la plupart militaires, tous sont officiers, certains dans le pétrole, on me présente des militants politiques, mais je me méfie de la qualité de ses militants opposants car ce pays est dirigé par un ancien flic et l’infiltration à une longue tradition au Congo. Mes activités militantes en France, comme mon programme de voyage sont donnés avec beaucoup de prudence. Sait-on jamais. Je prends quelques renseignements déjà pour visiter et me recueillir à Kinkala devant la statue de Matswa à mon retour de Bangui, mais les nouvelles ne sont pas bonnes, on y reviendra !

b ) départ à Bangui : le syndrome de la valise égarée

Le lundi comme prévu, c’est serein que je me rends à Maya-Maya à 11 h., le vol est prévu à 13 h. Toumaï ayant meilleure presse que Camaïr, je me sens apaisé en tout cas.

Avec un petit retard quand même, nous voilà vers Bangui. On a décollé, il était 15 h. passé. Vers 17 h., on atterri à l’Aéroport de Bangui Mpoko, le pays de Boganda. L’armée française est partout, elle s’entraine aux alentours, cette situation m’a toujours choqué à chaque visite dans ce pays. Le protocole du médiateur de la République, le Pr Abel Goumba, m’attend à l’aéroport. Les formalités faites, nous rejoignons la salle de récupération des bagages.

Nouvelle surprise, le tapis s’arrête, plus de bagages, nous dit-on. Je n’ai que ma mallette et le sac à cabine, la valise dans laquelle se trouvaient mes vêtements, draps, brosse à dents, les documents importants... est restée à BZV. Je suis à nouveau frappé par le syndrome de la valise égarée. Je ne crois pas mes yeux, je mets les mains sur la tête, même Toumaï me fait ce coup me dis-je au fond du cœur ? Que m’arrive t-il ? C’est quoi, ce voyage de fou ? Je parle tout seul. Le protocole du vieux Goumba ne comprend rien. Il faut faire les réclamations au plus vite car les bureaux vont fermer afin d’espérer que la valise arrive au prochain Vol. Ce que nous faisons, et nous rejoignons la 4x4 du vieux pour la maison.

c ) séjour à Bangui

Pour des raisons évidentes, je ne peux dormir chez le vieux, mais il faut passer tout de suite le saluer comme l’exige la tradition. Il est désolé de me voir sans bagages, mais c’est la joie de se retrouver. Comme toujours, je suis fasciné devant ce vieux lutteur de 80 ans. Il me promet dès la première heure, de mettre le protocole à ma disposition le lendemain pour que Toumaï fasse quelque chose car le mardi il y avait 2 vols prévus Brazza-Bangui : TAC et Camair (avec le même Vol du jeudi 13 qui trainait).

Je suis logé à Boye-Rabe, un quartier au nord de Bangui, fief de Patassé dit-on. Il faut dire que j’ai une petite parenté avec la république centrafricaine car ma mère bien que de nationalité congolaise grâce au mariage avec mon père et ayant vécu de 1972 à 1994 au Congo, était d’origine centrafricaine. A son décès en 1995 à Angers (France), elle a été enterrée à Bangui selon la volonté de sa famille.

Le mardi 18, très tôt, sans me changer depuis la veille, nous voilà à l’agence Toumaï au centre ville, de pression en pression, on nous rassure que soit TAC, soit Camair viendra avec les bagages restés de Toumaï dans l’après-midi. Chat échaudé, avec la mésaventure d’Air-France à BZV, je voulais voir pour croire. Finalement, on m’a passé le Chef d’escale de Toumaï à BZV au téléphone, ce dernier me le confirme. Et l’après-midi, la valise est arrivée. Je me change, dans la soirée je dois manger avec le vieux et à table nous établissons le programme. Ainsi, mon séjour commence véritablement le mercredi.

Mercredi 19, en cortège et le vieux Goumba dans sa voiture de commandement, muni de ma caméra, nous voilà en direction de Bobangui à 80 km de Bangui. On s’est recueilli tous, ensuite, je filme le vieux tout seul, il donne une interview. Moment solennel et émouvant. Les habitants du village sortent, viennent saluer le vieux qu’ils reconnaissent en tant que compagnon fidèle du Père de la Nation, Barthélémy Boganda. Au retour nous passons à Berengo à côté du village impérial de Bokassa chercher les tombes de ceux qui étaient morts avec Boganda dans l’accident d’avion. Evidemment, ils sont oubliés par la république, moment triste et je filme là aussi le vieux Goumba en pleine brousse. Au fond de moi, j’ai réellement le sentiment de remplir mon devoir historique, celui de rendre la mémoire. Pendant tout ce temps, j’ai oublié toutes les difficultés que j’ai rencontrées. Evidemment, ce chemin de la lutte est parsemé d’embûches.

Le Jeudi, le vieux m’a accordé un long entretien/Vidéo de 3 heures sur le mouvement des indépendances. Nous avons couvert la période de 1957 à 1962. Le vendredi, j’ai été me recueillir sur la tombe de ma mère à Ndres. Le samedi j’ai rencontré quelques parents et quelques cadres du F.P.P. qui avaient organisé le congrès, un compte-rendu m’a été fait, évidemment, d’autres réseaux politiques aussi... Enfin, le dimanche 23, j’ai repris Toumaî pour Brazzaville où je suis arrivé à 14 h.

4 ) BRAZZA-TOULOUSE : DU 19 AU 31 JUILLET

Finalement, au lieu du 19 comme initialement prévu, le retour à Brazza se fait maintenant le 23. Mais quelque chose m’angoisse dès mon retour à BZV. En fait, je m’aperçois que dans ce cafouillis, je n’ai pas encore été me recueillir sur la tombe de mon Père au cimetière du centre-ville. Dans l’avion du retour à BZV, j’ai pris la résolution de le faire immédiatement. Dès mon arrivée, je demande à une de mes sœurs de faire un programme précis, nous nous fixons pour le mercredi 26 juillet. Je ne pouvais aller seul car je ne savais pas à quel endroit, se trouvait la tombe.

Je réalise aussi que je ne peux plus visiter la Likouala car les jours me sont comptés. Le dimanche même dès que je dépose les affaires à Bacongo, à 16 h., j’étais déjà dans Brazzaville en visite chez des amis, il ne fallait plus perdre une minute, je ne rentre ce jour là qu’à 23 h.

Lundi matin, je me renseigne sur la possibilité de visiter Kinkala, à Bacongo on me déconseille d’y aller car la route est impraticable. De plus, on m’apprend que la statue de Matswa est cassée, ce qui m’a profondément choqué. J’insiste d’y aller, même s’il faut filmer cet état de fait, au contraire, c’est intéressant. Mais on me déconseille fermement, c’est le cœur serré que je me suis rendu à l’évidence. J’ai essayé de contacter des personnalités de Kinkala, mais les coordonnées que j’avais ne répondaient pas.

a ) l’état d’esprit des Brazzavillois

Il est faux de dire que les congolais ne sont conscients de leur souffrance. Quand je prends un taxi, j’essaie toujours de lancer une discussion politique, rares sont les fois où le conducteur affiche une indifférence. En tout cas, tous se mettent à te détailler les dérives du pouvoir dans les moindres détails. Et que tu sois à Bacongo ou à Mikalou, c’est pareil. Tous savent combien de villas Edith Sassou détient à BZV ; la Rav4 (sorte de 4x4 à la mode à BZV) du maire de la ville... et ils le déplorent. D’ailleurs, ils ne cessent de déplorer les milliards jetés dans la construction du mausolée De Brazza.... Mais le régime est sourd !

L’observation personnelle que je fais, c’est que les guerres civiles atroces à répétition ont complètement enlevé au congolais tout espoir dans l’action politique. Ils ont l’impression que toute action mènera forcément à la guerre. Les congolais ont trouvé deux refuges pour échapper à cette réalité : la boisson et la religion.

J’ai souvent l’impression de créer un scandale diplomatique, lorsque j’annonce autour d’une table que je ne prends pas la bière. Les congolais boivent à longueur de journée.

b ) la religion à BZV

Dès mon arrivée, j’étais surpris d’une chose, à chaque fois qu’on a essayé de fixer R-V avec un parent ou un ami, la plage réservée au culte est sacrée et c’est tous les jours comme ça pour tous les congolais quelque soit leur condition.

Des indices qui ne trompent pas. Toutes les salles de cinéma de l’époque sont devenues des salles de culte des églises de réveil : Ebina, ABC, Rio (j’espère l’orthographe est bonne). Il y a même des Pharmacies lieu de science par excellence où sur la devanture, on peut lire : Gloire à Dieu. Et un salon de coiffure, on peut y lire : Dieu merci. Une surexploitation de la foi ou je ne sais comment appeler ça. Je parie même que celui qui a fait le marketing politique du régime a puisé le slogan « Nouvelle espérance », dans cet état d’esprit de surexploitation de la foi.

Mais tenez vous bien, les congolais n’y croient un seul instant. J’ai assisté publiquement à des actes de corruption dans une administration. A la fin, le corrompu et le corrupteur, se séparent en se disant : Nzambé a batala yo (que Dieu te protège). Même en plein acte adultère une femme qui trompe son mari ou vice versa, dans un bar, les deux ne jurent qu’au nom de Dieu. Incroyable !

c ) la suite du programme

Mardi martin, ma sœur et moi, nous nous sommes rendus à Kintélé sur la route du Nord pour voir les terrains mis en vente. On est tout de suite étonné de constater des domaines entiers de 100 parcelles détenus par les caciques du régime.

Mercredi j’ai été me recueillir sur la tombe de Papa.

Jeudi, j’ai fait un tour au consulat de France, j’étais cloué quand la bonne dame me fait comprendre que les enquêtes administratives se poursuivent. Je lui dis que je dois repartir le lundi prochain, je vous l’avais signalé dans le formulaire, elle me dit que ça ne dépend pas d’elle. J’exige de voir le responsable, impossible. Il faut attendre, il faut attendre, il faut attendre...

Le vendredi, un ami m’invite au palais du parlement pour assister au lancement d’un nouveau parti d’opposition radicale de MIOKONO le samedi 30 juillet. A savoir que ce même jour, nous aurons notre repas de famille l’après-midi.

Le samedi matin 30 juillet, nous sommes au palais du parlement. Le réquisitoire de MIOKONO contre le régime de Bzv était extrêmement violent. A l’issue de cette réunion qui avait des accents de la conférence nationale, les questions sur toutes les lèvres étaient de savoir est-ce que MIOKONO est sincère ? N’est-il pas un pion comme on soupçonne Ngouelondele ?

Le même samedi, je me rends aux plateaux au repas familial tant attendu, toutes les générations de la famille sont là. Le pari est réussi. Les gens qui ne se parlaient plus depuis 20 ans, ont enterré la hache de guerre. C’est aussi l’un des moments forts de ce séjour. Nous avons évoqué les problèmes les plus importants et que seules la solidarité et l’implication sincère de chacun sauront résoudre et non le repliement sur soi. En tout cas, cela a toujours été ma doctrine : l’unité de la famille, l’unité du pays, l’unité du continent et la fraternité universelle...

Le dimanche, le jour du grand repos pour préparer le départ, j’ai reçu un coup de fil du chef de famille qui m’a remercié pour les efforts consentis afin de réunir tout le monde, ce qu’il n’a jamais réussi.

Lundi matin, j’ai fait le pré enregistrement, le Vol c’est à 21 h.
Et le soir, c’est le cœur serré, et tout triste que j’ai pris l’avion pour revenir à Toulouse. J’avais l’impression de fuir mon pays, de fuir le champ de bataille.
J’ai perdu 7 kilo en tout durant ce voyage .

Laissez un commentaire
Les commentaires sont ouverts à tous. Ils font l'objet d'une modération après publication. Ils seront publiés dans leur intégralité ou supprimés s'ils sont jugés non conformes à la charte.

Recevez nos alertes

Recevez chaque matin dans votre boite mail, un condensé de l’actualité pour ne rien manquer.