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C’est nous

- L’Editorial de Benda Bika -

Si vous connaissez un pays nourri par plus de contradictions et marqué par plus d’immobilisme que le Congo nôtre, signalez-le sur la carte ; vous ferez le bonheur des curieux. Notre pays est en effet un vrai joyau de faux-fuyants, de crocs-en-jambes contre lui-même et de coups éternels qui le font avancer sur place. Depuis 43 ans, il affronte la même réalité qui ne change que quand changent ceux qui la décrivent.

En voici un petit florilège non exhaustif.

Le gouvernement fait aujourd’hui des pieds et des mains pour que le pays soit éligible à l’initiative PPTE (Pays pauvres très endettés - FMI-Banque Mondiale). Hier (c’est à dire il y a moins de cinq) nous étions Pays à revenu intermédiaire. C’est à dire suffisamment riches pour pouvoir rembourser nos emprunts pqr nous-mêmes. Nous sommes le quatrième producteur africain de pétrole. Réclamer son élection au PPTE c’est comme de voir un Rockeffer tendant la sébille et jouant des coudes le soir à la soupe de l’Armée du Salut.

Cette réalité dévalorisante a été rappelée par l’opposition au cours de son fameux meeting d’il y a quelques jours à Brazza. La même amnésique opposition y a accablé Sassou-Nguesso, qui affame son peuple et accapare les revenus du pétrole. Elle a réclamé la revalorisation des salaires des fonctionnaires, le libre jeu des avancements et des indemnités au sein de la Fonction publique, le payement régulier des pensions et retraites. Mais savez-vous qui avait imposé les avancements sans effets financiers dans la Fontion publique ? C’est cette opposition. Et qui criait plus fort alors contre cette injustice ? Sassou-Nguesso ; c’est à dire celui-là même qui, sept ans après être revenu au pouvoir, les maintient en l’état.

Posez la question aux Trois millions de Congolais : croyez-vous que les Congolais soient tribalistes ? La réponse viendra, massive et nette : Oui ! Modifiez légèrement la question et reposez-la leur : croyez-vous que vous soyez tribalistes, vous-mêmes ? La réponse sera presqu’aussi nette : Non ! Entre le monstre de Loch Ness et le Yéti des montagnes, le Congolais entretient une curieuse relation à la réalité. Le tribalisme, il l’a connu dans ses manifestations de divisions, de guerre et de ravageuse haine. Mais il est le fait des autres, toujours…

Autre serpent des mers, la corruption. Il est amusant de lire les quelques statistiques qui nous placent aux premiers rangs des pays les plus corrompus. Moi, je me demande dans quels pays vivent ceux qui passent le temps à aligner ce genre de chiffres et données. Comment peut-ont parler de corruption comme d’un mal au Congo dès lors qu’il y s’agit non pas d’un sport national, mais du mode de vie - de la vie ! A-t-on jamais dressé les statistiques des escargots qui se déplacent avec leur coquille ? Abusrde. Qui ne vole pas l’Etat au Congo est un plouc. "Quoi ? Deux ans ministre et il n’a qu’une voiture de luxe et une seule villa ? Suspect !"

C’est le Congo d’hier et d’aujourd’hui. Tous les régimes, absolument tous, depuis notre prétendue indépendance ont fonctionné à ce carburant-là ; un mélange qui bon an mal an produit sa petite guerre tribale (dans un pays sans tribalisme), ses petites exécutions sommaires (dans un pays de démocratie retrouvée), des petites déprédations (toujours plus petites que celles des autres). Trois pas en avant, trois pas en arrière, c’est un tango de chez nous. L’espérance de vie au Congo est passée de 45 à 31 ans. Le programme du Président Sassou est fondé sur la Nouvelle espérance…

Benda Bika

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