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Intégration régionale

Carte postale : qui a dit que Denis Sassou Nguesso et Jean Jacques Bouya étaient des visionnaires ? Voici un contraste que va provoquer le pont route-rail sur le Fleuve Congo

Africa Investment Forum ou le Forum pour l’Investissement en Afrique (pour les francophones) s’était réuni du 6 au 9 novembre 2018, à Johannesburg, en Afrique du sud.

En marge de cette grande réunion, la Banque africaine de développement (BAD) et le Fonds d’Investissement ont signé un accord-cadre avec la République démocratique du Congo (RDC) et le Congo Brazzaville, pour développer et financer le projet de construction d’un pont route-rail qui devra relier Kinshasa et Brazzaville, les deux capitales les plus proches du monde.

Cet ouvrage de 1.575 mètres comptera une route à quatre bandes, une voie ferrée et un trottoir. Il coûtera environ 550 millions de dollars (480 millions d’euros).

Rappelons que ce projet avait été rêvé ou prophétisé, depuis longtemps, par plusieurs artistes-musiciens originaires des deux rives du Fleuve Congo. Ils l’ont magnifié dans leurs chansons.

Mais, ce pont route-rail qui, pourtant, devra accélérer l’intégration sous-régionale et régionale, confirmer la vocation du Congo comme pays de transit, pousser les deux pays à moderniser leurs infrastructures mais aussi développer leur commerce et leur tourisme, risque de décevoir. Car, il va provoquer un grand contraste du côté du Congo-Brazzaville. La raison ? Le manque d’une autoroute digne de ce nom, et d’une voie ferrée moderne qui doivent être les prolongements de l’autoroute à quatre bandes et de la voie ferrée qui partiront de Kinshasa. Mais, il n’y a pas que l’autoroute ou la voie ferrée qui feront défaut même s’il y a déjà un projet de modernisation du Cfco. Le Congo exportera quoi vers son voisin immédiat, le Congo-Kinshasa, et les autres pays de la sous-région et de la région ? Car, c’est aussi cela la vocation d’une route ou d’une voie ferrée. Pendant leur quarante ans de règne, les autorités congolaises ont carrément manqué de vision et d’ambition lors de la construction de la route qui relie Brazzaville à Pointe-Noire, dite route lourde par le ministre des Grands Travaux, Jean Jacques Bouya. Les images qui illustrent cette carte postale prouvent ce contraste.

Sassou Nguesso et son ministre des Grands Travaux avaient oublié la leçon de géographie qu’on enseigne dans les cours préparatoires à savoir que le Congo est un pays de transit. A partir de cette vocation médiane, ils auraient déjà développé beaucoup de secteurs de la vie nationale devant aider à la confirmation de cette position géoéconomique.

Avec ses 1.575 mètres et quatre bandes, sa voie ferrée et son trottoir, le pont route-rail sera un mastodonte dont on peut déjà imaginer le volume du trafic. Il va sans dire que ce viaduc pharaonique gagnerait à être construit entre Simou-Djoué (Brazzaville Sud)/Kinsuka (Kinshasa) qu’entre Kintélé (Brazza Nord) / Maluku (Kinshasa) où la distance dans cette dernière option approche la dizaine de kilomètres. Ce qui augmenterait de façon exponentielle le coût des travaux. Bien entendu, chacun a soupçonné une arrière-pensée ethnocentrique du choix du site du Pool/Nord par nos amis du bord de l’Alima.

Le Congo Brazzaville sera-t-il à la hauteur de sa vocation de pays de transit ?

Maquette pont route-rail qui devra relier Kinshasa et Brazzaville

La route lourde reliant Brazzaville et Pointe-Noire

Le chemin de fer reliant Brazzaville et Pointe-Noire

Carte postale réalisée par Serge Armand Zanzala, journaliste et écrivain

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