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Côte d’Ivoire : le médiateur de l’Union africaine rencontre Laurent Gbagbo à Abidjan

ABIDJAN (AFP) - Le médiateur de l’Union africaine pour la Côte d’Ivoire, le sud-africain Thabo Mbeki, accusé de partialité par l’opposition et la rébellion ivoiriennes, rencontrera lundi à Abidjan le président Laurent Gbagbo, après l’annonce mercredi du report des élections par l’Onu.

Thabo Mbeki doit arriver dans la capitale économique ivoirienne à 13H00 locales et GMT pour un séjour de 24 heures où il s’entretiendra essentiellement avec le président Gbagbo, qui a boycotté la réunion internationale sur la Côte d’Ivoire mercredi au siège des Nations unies à New York.

A l’issue de cette réunion, l’Onu, les acteurs et les médiateurs de la crise en Côte d’Ivoire ont officialisé le report des élections prévues initialement au plus tard fin octobre et laissé aux instances collectives africaines le soin de décider prochainement de l’avenir du processus de paix dans ce pays coupé en deux depuis quatre ans.

La marge de manoeuvre de M. Mbeki demeure pour le moins étroite, tant les positions des protagonistes de la crise se sont radicalisées ces dernières semaines.

L’opposition et la rébellion appellent ainsi de leurs voeux une nouvelle transition avec un Premier ministre aux pleins pouvoirs, contrôlant notamment l’armée, et par voie de conséquence un Laurent Gbagbo dépourvu de ses prérogatives.

Ce dernier a pour sa part affirmé qu’il était « prêt à discuter » mais « plus à négocier ».

Vendredi, le parti présidentiel, le Front populaire ivoirien (FPI) réclamait de son côté la dissolution du Groupe de travail international (GTI) sur la Côte d’Ivoire, qui regroupe la communauté internationale, et le départ de toutes les forces françaises du pays.

Non sans exiger que Thabo Mbeki « soit pleinement et exclusivement chargé du règlement de la crise », donnant ainsi de nouveaux arguments à l’opposition pour dénoncer « la partialité » du président sud-africain.

De fait, la légitimité du médiateur de l’UA est contestée par l’opposition politique au président Gbagbo et par la rébellion qui juge cette médiation « disqualifiée » depuis plus d’un an.

Dimanche, dans un courrier adressé au président en exercice de l’Union Africaine, le congolais Sassou N’Guesso, la rébellion a demandé « la nomination d’un nouveau médiateur dans le conflit ivoirien en lieu et place de Thabo Mbeki » et appelé de ses voeux la nomination d’un médiateur qui fasse « le consensus dans la classe politique ».

Vendredi, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, ex-parti unique) lançait « un appel pressant au médiateur de l’UA afin qu’il adopte un comportement impartial et juste dans la recherche de solutions ».

La rupture avait été consommée fin août 2005, lorsque le vice-ministre sud-africain des Affaires étrangères Aziz Pahad s’était dit convaincu que le président ivoirien avait « rempli ses obligations », prévues par l’accord de Pretoria II (signé fin juin 2005 sous les auspices de Thabo Mbeki) et stigmatisé l’attitude de la rébellion.

La courte visite de Thabo Mbeki sera suivie de plusieurs réunions d’importance dans les semaines à venir pour décider du sort de la Côte d’Ivoire : la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (Cédéao) doit se réunir début octobre, puis l’UA et enfin le Conseil de sécurité de l’Onu le 17 octobre.

Le processus de paix ivoirien, encadré par les Nations unies et l’UA, devait déboucher avant fin octobre sur des élections générales mais des désaccords persistants des protagonistes sur l’actualisation des listes électorales et sur le désarmement ont rendu ce délai impossible à tenir.

C’est la seconde fois que les élections, initialement prévues en octobre 2005, sont reportées.

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