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Crise libyenne : Sassou, futur prix Nobel de la Paix ( ?)

Les amis du président putschiste du Congo, Denis Sassou Nguesso, se sont réunis à Paris à La Maison de l’Amérique Latine, le mardi 26 Septembre, pour évoquer la crise libyenne, mais surtout pour parler des efforts… de Sassou.

A l’unanimité, ils ont vanté «  l’incontournable » expertise politique de l’UA, et des capacités de Denis Sassou-Nguesso à résoudre des crises politiques. Décryptage.

A l’initiative du Club Géopolitique, de l’Institut Robert Schuman (que dirige Yamina Benguigui) et de l’Institut Prospective et sécurité en Europe, s’est tenu à Paris un colloque sur le chaos libyen. Ou plutôt sur les efforts que déploie Sassou pour rebondir sur la scène internationale. Quelque 140 invités y étaient présents. Parmi eux, Lansana Kouyaté (ex premier ministre de Guinée et ancien Sous-secrétaire général de l’ONU), Thierry Paul Valette du Club Géopolitique, Abdulslam Breni, Président du Haut Conseil des tribus et des villes de Libye, Hélène Bravin, journaliste et auteure de Kadhafi, vie et mort d’un dictateur, Delphine O, députée LREM de Paris, etc.

Aucun doute Denis Sassou-Nguesso a dû savourer ce moment à son honneur. D’ailleurs, ses journalistes préparent un document sur ce colloque qui avait pour thème : « L’Union Africaine, un avenir pour la paix en Libye ? » Le but de cette réunionnite était de marteler que l’Union Africaine doit peser de tout son poids pour résoudre la crise libyenne et qu’elle ne veut plus être à l’écart des négociations et sommets sur la Libye. Une torpille destinée au président français Emmanuel Macron qui a organisé un mini-sommet à la Celle Saint-Cloud sans l’Union Africaine ? «  Sans la participation de l’UA, toute négociation en Libye est condamnée à l’échec  », a estimé l’ancienne ministre de la Francophonie et présidente de l’Institut Robert Schuman pour l’Europe (IRSE), Yamina Benguigui. « L’UA a un rôle à jouer  », a renchéri la députée LREM Delphine O, avant de rappeler le caractère inclusif du dialogue dans la crise libyenne.

Ageli Abdulslam Breni, lui, n’est pas passé par quatre chemins pour se réjouir des efforts de Denis Sassou Nguesso dans la recherche des solutions au chaos libyen.

Tirer les marrons du feu

Mais cette confiance sans borne en Denis Sassou Nguesso a vite été atténuée par Hélène Bravin, journaliste et auteure d’un livre sur Mouammar Kadhafi. Pour elle, en tout cas, l’UA n’a pas les moyens de rassembler autour d’une même table les différents protagonistes du chaos libyen. Trop de milices, trop de foyers de violence ! Si bien que l’on ne sait pas qui est qui et qui manipule qui. Un avis que, de toute évidence, ne partage pas l’homme fort de Brazzaville. Car pour Sassou, le chaos libyen constitue une aubaine : c’est l’occasion inespérée qui va lui permettre de rebondir sur la scène internationale et de retrouver du crédit dans son propre pays, qu’il continue de détruire – sa véritable caractéristique. Alors ses lobbyistes font feu de tout bois en tentant d’imposer l’idée que seule l’Union africaine est en mesure de trouver une solution en Libye. La stratégie semble porter ses fruits, puisque la France a accédé au desiderata de l’UA. En témoigne, le choix de la ville d’Addis-Abeba - et non la principauté de Monaco - pour abriter la Conférence sur la Libye en décembre.

Tout l’intérêt de Sassou est donc de tirer les marrons du feu du chaos libyen pour redevenir fréquentable ! « Si une solution est trouvée en Libye, ce sera grâce à Sassou et nous proposerons son nom au jury du prix Nobel de la Paix  », souhaite un lobbyiste sous couvert d’anonymat.

Mais rien n’est gagné d’avance. La qualité de quelques lobbyistes de Sassou pose problème. Parmi eux, le cas de Thierry Paul Valette. Celui qui a écrit en effet que Denis Sassou Nguesso, « l’apôtre africain de la paix, rompu aux médiations de toutes sortes, doit être associé à toutes les initiatives d’envergures sur la Libye. Et qu’il doit être davantage soutenu dans cette mission aux allures de chemin de croix qui nécessite une plus grande mobilisation et solidarité de la communauté internationale, à mille lieues des calculs et stratégies personnels », alors qu’il milite en France pour la moralisation de la vie publique, n’est autre que l’auteur de la pétition contre le statut de Brigitte Macron comme Première Dame. Par représailles, Emmanuel Macron pourrait priver Sassou d’un éventuel Prix Nobel de la Paix.

Bedel Baouna

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