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DEFILE DES SAGES DU KOUILOU : AFFAIRE D’ETAT OU QUERELLE FAMILIALE ?

2008-07-28 19:17:34 par CGPLUS

Traitez-moi de tous les noms d’oiseaux si vous voulez mais l’honnêteté intellectuelle m’impose un devoir : réparer l’insulte, dénoncer l’insurrection, décrier l’usurpation.Vous me voyez venir, n’est-ce pas ? Je parle du défilé qui a suivi les émeutes à la caillasse de Pointe-Noire, inspirées par les brochettes de voitures en banlieue Parisienne, lorsque Nicolas Sarkozy était ministre de l’intérieur. Beaumarchais disait « sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur ».

C’est donc dans cette optique que je jette des fleurs au haut commandement d’avoir donné des instructions spéciales pour que ne soit tiré pas un seul coup de feu.

Pourquoi rester indifférent quand il y a des actions louables qui méritent d’être soulignées ? C’est vrai quoi !

Cependant, je n’ai pu m’empêcher de constater des antinomies rédhibitoires, avec conflit d’intérêts car, ce qui devait être un conciliabule entre membres d’une famille lavant leur linge sale, s’est revêtu des apprêts d’une affaire d’Etat !

Reconsidérons les faits.

La scène se déroule à Pointe-Noire, fief du défunt Tchystère Tchicaya dont de nombreux opportunistes se réclament, sans surprise. Convaincus d’un complot ourdi ayant fait passer de vie à trépas un calibre 12 de la configuration politique de notre pays, un groupe de jeunes « bien connus » et aussi des quidams ont jeté le pavé dans la marre. Disons tout de suite que ce sont des cailloux, rien que ça ! Des génies du renseignement crient tout de suite « haro » sur une main noire de l’opposition qui aurait manigancé cette bouderie présidentielle que le sieur Bonaventure Mbaya qualifie de « ras-le-bol général », mettant manu militari les manifestants belliqueux aux geôles. D’aucuns y auraient cassé la pipe, rapporte l’opinion.

Très curieusement, une délégation des ressortissants du Kouilou se porte débonnairement volontaire à la culpabilité, parce qu’il faut bien un coupable.

Nous voici tombés dans un travers régionaliste très réducteur et dans une attitude condescendante et pubère ! Chaque homme politique et donc, par défaut, « intellectuel » -selon l’imaginaire collectif Congolais- défile avec son allocution, comme à l’oral du BAC, bourrée d’excuses pour crimes de lèse-majesté !

Les plus ingénieux sont même venus offrir des présents au « chef du village », parce que semble -t-il, le Congo serait un grand village. Une expression à caresser dans le sens du poil, au figuré mais, qu’on se le dise bien, la configuration de ce que l’on appelle, avec un pincement de cœur nos « villes » semble plutôt cautionner au propre cette boutade.

Si cette cérémonie de réconciliation était restée dans un cadre familial, à l’abri des caméras et des clichés, il n’y aurait absolument rien à redire ! Un fait divers, c’est tout comme.

Pour celui qui est rompu aux arcanes de la vie politique au Congo, cette parodie serait un non sens car, comment comprendre la suite d’une histoire dont vous ne connaissez pas le début ? A noter que la chaîne nationale avait stoppé net la retransmission en direct des funérailles dès que le deuil a eu un bug, évoquant les aléas du direct !

Un certain Christian Perin qui crut remplir son devoir d’information, en diffusant ces images de la vindicte populaire fait l’objet d’une poursuite judiciaire. Les charges retenues contre lui n’étant pas encore élucidées, la séance initialement prévue le 24 Juillet a été reportée.

En prévision de futures représailles, quelques responsables politiques ressortissants du Kouilou ont fait le déplacement de Brazzaville pour entonner une litanie de mea culpa formalistes !

Mais de qui se moque-t-on ?

De quel droit ceux qui portent le prestigieux attribut de « sages » - à faire s’en retourner dans sa tombe Socrate- osent-ils se porter garants, pour répondre des actes qu’ils n’auraient pas commis ? Des actes politiques, faut-il le préciser !

Vous vous imaginez un seul instant un président Européen ou Américain venant débrouiller ses problèmes personnels sur une tribune médiatique ? C’est pathétique mais pas politiquement correct.

« Nous sommes des bantous » diront les irréductibles con-servateurs. Et il est de notoriété publique que depuis 48 ans maintenant, nos hommes politiques sont restés des adolescents frais, mais est-ce pour autant une excuse pour nous infantiliser ?

Je vous recommande de suivre cette pièce de théâtre sur zenga-mambu.com.

Je vous avoue que j’en ai eu l’estomac révulsé !

Y a-t-il encore des gens qui ont le sens de l’honneur, qui saisissent le sens du devoir politique, qui savent interpréter les signes d’un désaveu populaire (excusez-moi honorable Mbaya, de ne pas employer votre expression), qui savent se remettre en cause ?

Loin de toute démarche subversive ou d’un pédantisme tapageur, mon cri de cœur se veut être une alarme, une alerte, une stridulation pour javelliser cette perversité politique frileuse, à laquelle nous assistons, l’air pantois.

Où est donc passée l’authenticité politique d’antan ?

Je me le demande bien.

Van MANCHETTE

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