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Elections en RDCongo : les accusations de fraude, visant Kabila, se multiplient

KINSHASA (AFP) - Plusieurs candidats à la présidentielle de dimanche en République démocratique du Congo (RDC) ont dénoncé des "fraudes" massives, notamment le vice-président Azarias Ruberwa qui a exigé mardi un nouveau vote "dans tous les bureaux" incriminés.

De leur côté, huit missions d’observateurs internationaux, dont l’Union africaine et l’Union européenne, ont « exhorté » les candidats aux élections présidentielle et législatives à « respecter les choix du peuple » et à utiliser « les voies légales » en cas de contestation.

« La plupart de ces fraudes ont été faites en faveur du président Joseph Kabila », le favori à la présidentielle, a déclaré M. Ruberwa, le chef du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) au cours d’une conférence de presse à Kinshasa.

« Il faut réorganiser les élections dans tous les bureaux où ces fraudes ont été constatées », a-t-il dit.

Le candidat du RCD, une ex-rébellion soutenue par le Rwanda pendant la dernière guerre sur le sol congolais (1998-2003), a notamment dénoncé « des bourrages d’urnes », l’implication des agents de la Commission électorale indépendante (CEI) « en faveur de certains candidats », la « corruption d’électeurs », et des falsifications des résultats affichés après dépouillement.

M. Ruberwa a annoncé que le RCD constituait un dossier à destination de la CEI et de la Cour suprême de justice, en charge du contentieux électoral.

Des accusations similaires ont été formulées par au moins sept autres candidats à la présidentielle, à la tête de petits partis.

Interrogé par l’AFP, le porte-parole du président Kabila, Kudura Kasongo, a déclaré mardi qu’il appartenait « à la Cour suprême de justice de trancher après examen du contentieux ». « Nous ne devons pas intervenir dans le processus à ce niveau », a-t-il ajouté.

De son côté, François Muamba, secrétaire général du Mouvement de libération du Congo (MLC), parti du vice-président Jean-Pierre Bemba et grand rival de M. Kabila, a déclaré à l’AFP que son parti avait relevé "des choses préoccupantes".

« Il ne faut pas que cela aille au delà de l’inexpérience et de la maladresse », a dit M. Muamba, précisant que son parti n’envisageait pour le moment aucun recours.

32 candidats s’affrontaient au premier tour de la présidentielle, combiné avec des législatives à un seul tour où 9.707 prétendants se disputaient 500 sièges.

Pour un diplomate en poste à Kinshasa, les accusations de fraude sont essentiellement le fait de "candidats qui sont les grands perdants des élections".

« Après s’être félicités de la belle journée de dimanche, ils réalisent qu’ils vont disparaître du paysage politique. Il y a aura des recours, s’il faut recompter, on recomptera », a-t-il poursuivi, tout en mettant en garde contre la tentation de régler les contentieux « dans la rue ».

Les missions d’observateurs internationaux, dans une déclaration commune signée à Kinshasa, ne se sont pas prononcées sur ces accusations.

« Compte tenu de l’étendue du pays », grand comme l’Europe occidentale, « l’évaluation du processus requiert le temps d’un examen détaillé et rigoureux des observations des équipes déployées sur le terrain », ont-ils expliqué.

Paris a estimé mardi « nécessaire que toutes les parties congolaises et les candidats respectent le résultat des élections dans un esprit de paix et de réconciliation ».

Peu avant, Washington, Pretoria et les grandes capitales européennes avaient salué un vote « pacifique » malgré « d’énormes défis logistiques » et des « menaces d’intimidation dans certaines parties du pays ».

Le Comité international d’accompagnement de la transition, qui regroupe notamment les ambassadeurs des cinq pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’Onu, a jugé que « les opérations de vote se sont généralement bien déroulées, sauf quelques cas isolés ».

Près de 90% des bureaux de vote avaient achevé le dépouillement des bulletins mardi matin, selon la CEI, qui annoncera d’ici trois semaines les résultats de la présidentielle.

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