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FARCE !

L’EDITORIAL DE BENDA BIKA

Les jeux semblent faits. Le 20 janvier prochain, plus d’un million et demi de nos compatriotes du pays sont appelés à aller sanctionner aux urnes un nouveau texte constitutionnel. Au pays, on est en pleine campagne référendaire.

Une drôle de campagne en réalité. Car dans le contexte actuel, où tout est verrouillé, je ne vois pas bien quels sont les leaders politiques qui apporteront une dissonance résolue au projet voulu par Denis Sassou-Nguesso. Les opposants sont désormais des serveurs de salon – des domestiques.

L’UPADS, traversée par ses dissensions, avec trois ou quatre tendances qui se réclament toutes de la légitimité « émanant » du gourou Lissouba, a cessé d’incarner une voie nouvelle de salut.

Outre quelle n’a jamais dressé l’inventaire des errements passés. Pour reprendre l’image de la sagesse populaire, elle ne s’est pas encore lavée les mains, pour passer à table. M’Béri ne s’est démis qu’à peine de son poste de ministre…

Le MCDDI a son leader au gouvernement. Entre les foucades de Bernard Kolélas qui, de l’étranger, continuait de mouliner il n’y a pas longtemps encore sa « légalité constitutionnelle », et les dilemmes d’un Michel Mampouya, incapable d’asseoir une autorité sur un parti groggy, le mouvement ne sait plus ce qu’il est. Ce qu’il était ou ce qu’il doit être. Les militants haussent les épaules et parent au plus urgent : vivre.

Milongo ? Contesté y compris par ses propres amis, au sein d’une coalition qui n’a de caution nationale que par la présence d’un Wilson Ndessabeka sans doute, l’homme se voit en plus opposé des dispositions constitutionnelles qui le mettent déjà hors-jeu. L’auréole de la transition, il y a longtemps qu’elle a pâlie. Le neuf qu’on attendait de lui tarde à venir.

Vient une flopée de politiciens, plus ou moins sérieux, plus ou moins crédibles dont on ne sait pas (ou plus) grand’chose, ou presque. Honkassa, Lefouoba, Mankassa, Bokamba, Bokilo, Ntumi, Okabé, Moukouéké, Thystère Tchikaya etc… : avec ou contre le pouvoir ? Opposants réels ou opposants économiques ?

En gros, le PCT et ses partis satellites ; Denis Sassou-Nguesso et tous ceux qui se sont engagés à taire, à ses côtés, leur esprit critique, ont devant eux un vrai boulevard. Le 20 janvier, le référendum donnera des résultats de plus de 60% de « Oui ». Et si on n’y arrive pas, on gonflera au besoin. Le processus électoral n’est-il pas piloté de main de maître par le ministère de l’Intérieur ?

Nous allons donc tout droit dans le mur.

Une constitution pose les règles qui s’appliquent à tous. Elle dégage, après un jeu de proposition – contre-proposition, un certain consensus, socle de la nation. C’est ainsi qu’elle s’impose à tous, comme Loi suprême dont la contestation ne peut se faire sans motif grave, suivant des mécanismes sérieux, et pour le bien de tous. Toujours. La constitution du 20 janvier est déjà contestable en l’état. Elle produit, avant même d’être adoptée, ses opposants résolus. Elle est source de querelles, car elle est taillée sur mesure. Elle ne sera jamais nationale. Ou seulement pour un temps.

D’ores et déjà les opposants, de l’extérieur ou de l’intérieur, se reconnaîtront non par rapport à la politique de Denis Sassou-Nguesso, général-Premier ministre-Président, mais par leur démarcation vis-à-vis de cette Constitution. Ils n’avaient plus grand chose à dire, Sassou-Nguesso leur donne un os à ronger. Ils feront illusion.

La conséquence – ou plutôt « les » conséquences - ?

C’est que dans les tout prochains mois, les démocrates seront ceux qui crieront le plus fort contre cette constitution-ci. Ils vont courtiser une opinion congolaise engourdie. Une opinion qui risque de les porter plus tard au pouvoir, le plus démocratiquement du monde, pour leur seule opposition au texte boîteux du 20 janvier.

Ce faisant, nous oublierons qu’une élection se gagne sur des programmes. Et risquons de ramener à la tête du Congo, des gens pires que la Constitution que nous voulons combattre. Eternel commencement.

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