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Fmi-Congo - Les filigranes de la déclaration font ressortir des élections générales anticipées et des institutions fortes

Le diagnostic que vient de faire le Fonds monétaire international sur le Congo Brazzaville est très satisfaisant et redonne l’espoir aux Congolais et à la communauté internationale. En arrière-plan pointe l’idée des élections anticipées. Une perspective inévitable pour une meilleure sortie de crise.

Pourtant, la conférence nationale souveraine qui avait eu lieu, à Brazzaville, du 25 février au 10 juin 1991, et à laquelle avaient participé les délégués représentant toutes les couches de la population, à savoir : les partis politiques, la société civile, les églises et les individualités, avait identifié les mêmes maux à partir des mêmes symptômes et prescrit presque le même traitement : « Tu ne tueras point. Tu ne voleras point. Tu ne mentiras point. » Même si le Fmi l’exprime à travers la mauvaise gouvernance, la corruption et l’impunité.

Nous voulons tout simplement dire que les résultats des analyses qui ont été faites par le Fmi ne devaient pas être surprenants pour les Congolais. Pourtant, ils sont très concluants. Le Congo souffre de trois principaux maux : la mauvaise gouvernance, la corruption et l’impunité.

Aussi faudra-t-il dire que le traitement que propose aujourd’hui le Fmi est le même que celui qu’avait proposé la Conférence nationale souveraine. Et, dans l’ordonnance qui était prescrite au Congo, il y avait aussi le produit « organe indépendant de lutte contre la corruption ».

Mais hélas ! Le traitement n’avait pas été bien suivi. Et, la santé du Congo n’a fait que dégrader d’années en années. Aujourd’hui, le pays est dans le coma. Il lui faut donc un traitement adapté. Et, vite !

La crise concerne le personnel politique

Mauvaise gouvernance, corruption et impunité ! Cela révèle bien que le problème du Congo n’est pas dans ses ressources naturelles ou ses richesses. Les puits du pétrole n’ont pas tari, même si le prix du baril avait dégringolé. La désertification n’a pas gagné le pays et fait disparaître les forêts et les savanes. Le soleil n’a pas séché le fleuve, les lacs, les rivières… et fondu le fer et tous les autres minerais que contient son sous-sol, les pluies, bien que diluviennes dans certaines parties du pays, n’ont pas inondé ou rendu infertiles les terres arables du pays.

Mais, la crise congolaise trouve ses origines dans le comportement de son personnel politique. C’est donc un problème de la gestion de ressources humaines. Il faut donc changer le personnel actuel qui dirige le Congo-Brazzaville, pour refaire la santé de ce pays et celle de ses 4.000.000 d’habitants.

Et, ceci ne peut être possible qu’à travers des élections générales anticipées. Sassou Nguesso ne pourra pas réussir ce changement ou ce renouvellement à partir des simples nominations. Mais avant tout, réglons la crise politique. C’est elle qui, à notre avis, est fondamentale.

Par ailleurs, nous soulignons que la gouvernance du pays est, elle aussi, victime de ce comportement du personnel politique actuel. C’est l’homme qui gère.
Maintenant que nous savons de quoi souffre le pays, pourquoi aller demander à la communauté internationale, au cours d’une conférence internationale, ou à tous les Congolais, au cours d’une conférence nationale bis, le contenu de la bonne gouvernance ? Le Congo manquerait-il des personnes qui peuvent bien le diriger et définir ce contenu ?

Remettons les compteurs à zéro pour mettre fin à la crise politique

Les analystes qui s’intéressent au Congo s’accordent pour dire que la crise que connaît ce pays est multidimensionnelle. Nous pouvons retenir entre autres la crise humanitaire et sécuritaire, la crise économique et financière ainsi que la crise politique.

Mais, pour notre part, nous retenons la crise politique comme facteur de toutes les autres crises. C’est ainsi pour résoudre cette première crise, nous proposons de mettre les compteurs à zéro. Mais, nous ne disons pas rémission des crimes politiques, économiques et de sang. La Justice nationale et internationale doit continuer à travailler librement. Nous voulons parler de la participation aux élections générales anticipées de tout le monde et de la libération de tous les prisonniers politiques. Même Sassou Nguesso pourra se présenter à l’élection présidentielle s’il le veut être candidat. Donnons la parole aux Congolais pour mettre fin à cette crise politique.

Cependant et à partir de maintenant, les Congolais doivent donc revoir leur combat. Ils doivent pousser Denis Sassou Nguesso à organiser les élections générales anticipées, sous la supervision de la communauté internationale et d’une commission électorale indépendante.

Cinq ans pour rédiger les lois et créer les institutions fortes

Le Congo n’a pas besoin des hommes forts, mais des institutions fortes, dit l’ancien président américain, Barak Obama.

C’est pourquoi les Congolais doivent se donner le temps de rédiger leurs lois et de créer des institutions fortes qui ne devaient pas être changées pendant une période de cinquante ans, par exemple, afin de bien asseoir la démocratie et poser les bases du développement.

C’est ainsi que pendant les cinq ans de la transition qui sera une période d’élaboration des textes, d’essai pour ses nouvelles institutions et de traitement des maux qui minent le pays, les Congolais devront tout revoir.

Cependant, devant le délabrement du tissu social et la faillite enregistrée dans tous les secteurs de l’économie, il faudra laisser les corps professionnels s’organiser, eux-mêmes, et animer leurs domaines.

Place aux corps professionnels

Permettez que nous vous partagions notre rêve sur la création des institutions fortes au Congo que nous avions publiées dans notre ouvrage « Congo-Brazza, une nation et un peuple tués par ses politiciens  », chronique, 202 pages, Paris, Éditions des Écrivains, 2003, et repris dans « Kue Ngo ou le Congo des origines  », une nouvelle extraite du recueil « 50 cheveux sur une tête nue », Fondation littéraire Fleur de Lys, Lévis, Québec, 2012, 266 pages.

Dans ce rêve, nous parlons des Conseils nationaux. Il y en a 4 au total et font tous partie de l’Exécutif.

Le Conseil National de la Décentralisation et de la Gestion du Pétrole et du Bois

Composé des représentants élus par les conseillers départementaux, et d’un représentant de la présidence de la République, le Conseil National de la Décentralisation et de la Gestion du Pétrole et du Bois est l’institution de l’État qui organise les structures administratives, les pouvoirs et la gestion des départements, et manage d’une manière autonome toutes les questions liées au pétrole et au bois : exploitation, contrats, raffinage, transport, commercialisation et compte d’épargne à l’étranger ou au Congo ouvert à partir de la vente de ces deux matières premières.

Cette organisation permettra aux Collectivités locales d’avoir une mainmise sur le pétrole et le bois (premières ressources financières du pays), et favorisera un développement de tout l’arrière du pays. Parce que les recettes pétrolières et celles du bois ne devront plus être simplement utilisées pour payer les salaires des fonctionnaires. Elles serviront avant tout au financement des projets de développement : infrastructures (routes, voies ferrées) et des installations territoriales (services, écoles, universités et hôpitaux). Le Conseil National de la Décentralisation et de la Gestion du Pétrole et du Bois tient une session annuelle, et défend sa politique générale devant le parlement de la République. Ses partenaires immédiats sont les Conseils départementaux.

Le Conseil National de la Santé et de l’Hygiène Publique

Composé des techniciens et experts sur les questions de la Santé et de l’Hygiène publiques, élus au sein de cette même profession, le Conseil National de la Santé et de l’Hygiène Publiques élabore et applique les actions et prescriptions relatives à la protection de la santé des citoyens. Il manage le Fonds National de la Santé (une sorte d’assurance maladie, obtenue à partir d’un impôt de solidarité payé par tous les citoyens qui exercent une activité lucrative), gère tout le personnel évoluant dans le domaine de la Santé et de l’Hygiène publiques, délivre les licences ou certificats qui permettent d’exercer une activité dans le domaine de la Santé et de l’Hygiène publiques. Le Conseil National de la Santé et de l’Hygiène Publiques présente et défend sa politique générale devant le parlement.

Le Conseil National de la Sécurité et de la Défense

Composé par les commandements de tous les services de la Force publique (Forces armées et la Gendarmerie), le Conseil National de la Sécurité et de la Défense veille à ce que l’État et toutes ses institutions, les biens publics et privés et les citoyens ne soient pas exposés à un danger, à aucun risque d’agression physique, d’accident, de vol et de détérioration. Il gère tout le personnel évoluant dans les services de sécurité et de défense. Le conseil national de la sécurité et de la défense présente et défend sa politique devant le parlement de la République.

Cependant, la police est auxiliaire de la justice. Elle ne doit pas faire partie du Conseil National de la Sécurité et de la Défense. Elle est attachée à la justice qui, elle, ne fait pas partie de l’Exécutif.

Le Conseil National de l’Éducation, de l’Emploi et de la Gestion des Ressources Humaines

Composé des représentants des associations des parents d’élèves et des enseignants, de tous les syndicats des travailleurs, des représentants des associations des opérateurs économiques élus au sein de cette couche sociale, le Conseil National de l’Éducation, de l’Emploi et de la Gestion des Ressources Humaines élabore la politique de l’Education nationale et de l’Emploi par rapport aux besoins du pays. Il définit et programme la formation dispensée toujours par rapport aux besoins de la Nation et sert de service d’orientation pour les ressources humaines. Le Conseil National de l’Éducation, de l’Emploi et de la Gestion des Ressources Humaines présente et défend sa politique générale devant le parlement de la république. Cette organisation permet de réunir au sein d’une même administration toutes les activités liées à l’Éducation, l’Emploi, la Formation professionnelle, l’Assurance chômage et toutes les formes de pensions. Ce qui veut dire que chaque citoyen congolais sera suivi et orienté depuis ses premières années scolaires jusqu’à la fin de sa vie.

Le Gouvernement

Formé par quelques six ministères, le gouvernement s’occupe des Affaires étrangères et de la Coopération, du Tourisme et de l’Environnement, des Mines et de l’Energie, de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat, de la Culture et du Sport, de l’Elevage et l’Agriculture.

La presse ne devra plus être sous tutelle d’un ministère pour ne pas limiter ses missions et la rendre inefficace. Elle doit s’organiser, elle aussi, au sein d’une institution constitutionnelle.

L’Exécutif regroupera donc le gouvernement et les Conseils nationaux. Chaque année, il devra se tenir deux sessions du Conseil exécutif, présidé par le Président de la République. La première est celle qui va lui permettre d’élaborer son programme d’activités et la seconde, de faire son bilan.

Dans cette nouvelle organisation que nous proposons aux Congolais, on pourra se passer du Sénat.

Cependant l’opposition, notamment le leader ou le parti politique qui sortira deuxième à l’élection présidentielle prendra la tête de l’opposition et celle de toutes les institutions qui ont la charge de contrôler l’Etat.

Serge Armand Zanzala, journaliste et écrivain

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