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Génocide au Congo : une plainte, en France, contre Jean-Paul Pigasse, pour accélérer le dossier. Qui pourra oser ?

Jean-Paul Pigasse, journaliste pro-Sassou de la première heure, devra être poursuivi en tant qu’acteur actif dans le génocide au Congo. Il n’a jamais pris ses distances du dictateur local.

Après la publication du livre, « Le génocide des laris au Congo », aux Editions l’Harmattan, par le docteur Dominique Nkounkou, et le débat qu’il a suscité au Congo et dans la diaspora, débat auquel nous avons personnellement participé en réagissant avec trois articles : « Télégramme au président de l’Assemblée nationale, Isidore Mvouba, et aux ministres Mboulou, Bininga, Moungalla, » et, « Si on relisait le document sur l’« Opération Mouébara » ! » « Quand les partisans de Sassou Nguesso reconnaissent qu’il y a eu génocide au Congo ! » ; « Livre de D. Nkounkou : quand une erreur sémantique veut sauver les génocidaires ! »

Une réaction nous est parvenue ce vendredi 21 décembre 2018. Malheureusement, secret professionnel oblige, nous n’avons pas le droit de révéler notre source. Néanmoins, nous le désignons, dans cet article, par le prénom de Jean-Pierre, combinaison de deux prénoms bibliques symboliques de probité.

Jean-Pierre nous demande, en effet, de porter plainte contre Jean-Paul Pigasse dans l’affaire du génocide au Congo, pour faire tomber le pouvoir de Brazzaville.

Qui est Jean-Pierre ?

Jean-Pierre se présente, lui-même, comme étant un ami du Congo. Il dit avoir eu, par le passé, des amis Congolais parmi lesquels une famille avec qui il avait des bonnes relations mais, qui malheureusement était repartie au Congo. C’était avant la guerre de juin 1997. Jean-Pierre a perdu les contacts avec cette famille. Est-elle encore en vie ? Aurait-elle été e tuée dans les guerres récurrentes dans ce pays ? Ses recherches sur les réseaux sociaux ne tombent que sur des homonymes ; certains sont à Brazzaville, d’autres au Congo-Kinshasa, d’autres encore dans d’autres pays du monde. Mais, aucun indice probant ne lui permet de déduire qu’il s’agit de ses amis congolais.

Voilà en gros ce qui lie Jean-Pierre au Congo. Et depuis, il s’intéresse à l’actualité de ce pays, son histoire, sa vie politique et économique.

Jean-Pierre, comme nombre d’observateurs, se dit très choqué et scandalisé par le contraste entre les ressources naturelles que regorge le Congo, le nombre de ses habitants, la qualité de la vie dans ce pays, le nombre de milliardaires congolais et la pauvreté de 98 % des habitants.

Il dit avoir lu beaucoup de nos articles dans le journal Mediapart. Il voulait sans doute parler de nos papiers repris par Mediapart, puisque nous n’avons jamais directement envoyé des articles à la rédaction dudit journal.

Néanmoins, Jean-Pierre dit être aussi très choqué par la barbarie du pouvoir de Brazzaville et par le silence de la Communauté internationale. Comment le Secrétaire général des Nations unies a-t-il eu l’audace d’avouer qu’il avait fermé les yeux devant les crimes de démocratie, économique, de sang et le génocide qui a eu lieu dans ce pays ? Aurait-il été, lui aussi, corrompu ? Comme Koffi Annan qu’une rumeur déversée dans les couloirs de la grande diplomatie, accusait d’avoir eu de Denis Sassou Nguesso, un puits de pétrole au Congo. Effectivement, pour avoir fait du pétrole congolais un bien personnel, les rumeurs de ce genre sont très difficiles à contredire.

Et, ce sont nos articles : «  Incroyable ! Le Secrétaire général des Nations unies, António Guterres, aurait craché des vérités à Denis Sassou Nguesso  » ; et « Conférence internationale sur le Congo : guérir avant tout la «  cécité volontaire » d’Antonio Guterres ! » qui l’ont motivé davantage pour qu’il nous donne ces informations et nous indique une voie à suivre pour mobiliser la Justice française sur le génocide au Congo.

Simplifier les choses

Jean-Pierre nous demande de simplifier les choses pour faire aboutir le dossier sur le ce génocide. Il pense que ce dossier pèse lourd, très lourd parce que c’est Denis Sassou Nguesso qui est poursuivi dans cette affaire. Dans cette voie, se pose le problème d’immunité présidentielle difficile à lever, de la souveraineté du Congo qu’il faut respecter. Comme aussi le fait que le pouvoir pourrait avoir comme échappatoire le fait que le génocide n’a pas eu lieu en France, que les juridictions congolaises sont compétentes pour dire le droit. Et pourtant le Congo est signataire du Traité de Rome, créant la Cour pénale internationale. Alors que si les Congolais portaient plainte contre Jean-Paul Pigasse, un citoyen français, pour participation à une association de malfaiteurs elle aboutirait.
Car tel qu’il ressort dans les documents de l’opération Mouébara, l’ami Pigasse a joué le rôle de chargé de la communication. Il tombe sous le coup de la loi.

Et, la loi française, notamment l’article 450-1 du Code pénal français définit l’association de malfaiteurs comme « un groupement d’individus formé en vue de la préparation d’un ou plusieurs crimes ou délits punis d’au moins cinq ans d’emprisonnement.  » Or, l’opération Mouébara correspond à une association de malfaiteurs en bonne et due forme.

Aussi, Jean-Pierre fonde sa proposition sur l’arrestation, dernièrement en France, de deux anciens agents de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), Daniel Forestier et Bruno Susini, qui ont été mis en examen, au Tribunal de grande instance de Lyon, pour « participation à une association de malfaiteurs  ». Ils avaient la mission d’éliminer le général Ferdinand Mbaou. Or, pour le cas de Jean-Paul Pigasse, les faits ont bel et bien eu lieu. Cette guerre avait fait 400.000 morts. En plus, c’est un français, Éric Denécé, docteur en Science politique et directeur du Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R) qui l’a révélé (sans être démenti) sur la chaine de télévision LCI. Et que son nom figure dans le document planifiant les stratégies de l’opération dite Mouébara.

Le plaignant doit vivre sur le territoire français. Il peut être Congolais ou nom.
Si cette procédure est suivie, le dossier sur le génocide sera costaud. Et si la plainte est recevable, vous verrez que tout s’écroulera au Congo.

Tous les lobbies qui continuent à soutenir Denis Sassou Nguesso commenceront à le fuir comme la peste. Et, le débat congolo-congolais qui a lieu sur le génocide prendra une autre tournure, moins favorable pour les Asie Dominique de Marseille et compagnie.

Et, de conclure que les Congolais devaient utiliser la même stratégie pour poursuivre les lobbies français qui ont soutenu Denis Sassou Nguesso dans la guerre de Juin 1997.

Porter plainte contre l’Etat français, Total ou Elf Aquitaine, le dossier serait lourd. Puisque ces institutions engagent les intérêts de la France.

Mais, si les Congolais pouvaient identifier un, deux ou trois militaires français qui avaient combattu dans cette guerre ce sera la cerise sur le gâteau. Or, comment les identifier ? C’est bien ceux-là qu’ils doivent assigner en justice puisque c’est en tant que mercenaires que ces militaires étaient partis au Congo. Ils avaient pris des congés et profité de leurs vacances. Or, la loi française est très répressive sur l’activité de mercenaire.

Problème : quel est le Congolais vivant en France qui osera s’attaquer au Goliath gaulois ?

Serge Armand Zanzala, journaliste et écrivain

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