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Guerre civile au Congo : 6 ans plus tard, Goma Tsé-Tsé reste un champ de ruines

GOMA TSE-TSE (Congo) (AFP) - 30/11/2004 - Des maisons éventrées, des rues défoncées et mangées par les herbes : six ans après la guerre civile entre les miliciens rebelles ninjas et les forces gouvernementales, la ville de Goma Tsé-Tsé, dans le département du Pool (sud), reste un champ de ruines.

Lancé par le gouvernement congolais à la fin des guerres civiles de 1997 et 1998 qui ont secoué les départements du sud du pays et la capitale Brazzaville, le programme de reconstruction nationale n’a pas encore atteint, loin s’en faut, toutes les villes du département du Pool.

"La ville de Goma Tsé-Tsé a été détruite à 80% pendant la guerre civile de 1998. Nous sollicitons l’aide des autorités nationales et des organisations internationales pour reconstruire la ville", lance Eugénie Ngouissani, sous-préfet de Goma Tsé-Tsé, devant un groupe de journalistes.

Les habitations et la sous-préfecture entièrement détruites sont sous les herbes. Ces destructions rappellent la violence des affrontements entre les ninjas du pasteur Frédéric Bitsangou, alias Ntumi et les troupes régulières.

Les rues sablonneuses, sinueuses et défoncées sont devenues des sentiers avec des herbes de deux à trois mètres qui ont poussé de chaque côté.

Avant la guerre civile, Goma Tsé-Tsé, à 25 km de Brazzaville, comptait quelque 2.000 habitants. Seule la moitié d’entre eux est revenue. Les autres sont restés à Brazzaville ou dans le Pool, où ils s’étaient réfugiés pour fuir les affrontements.

"Nous ne redoutons plus la reprise de la guerre parce que la paix est revenue. Nous souhaitons qu’on nous aide à reconstruire la ville", affirme Jean-Aimé Malonga, un habitant de Goma Tsé-Tsé.

Dans les rues, les soldats gouvernementaux circulent avec leurs armes. "Nous n’avons pas de problèmes avec les ninjas. Ils récoltent du vin de palme qu’ils nous revendent ensuite", se réjouit un militaire.

Depuis la fin de la guerre civile, les autorités de Goma Tsé-Tsé ne disposent d’aucune évaluation des dégâts matériels et humains. Jusque-là, la ville ne se reconstruit qu’au gré des initiatives individuelles.

Une association locale, "Mbongi du Pool" (Rencontre du Pool), dirigée par la ministre du Commerce Adelaïde Moundélé-Ngollo, a réhabilité deux des quatre bâtiments scolaires détruits, qui abritent à la fois le collège d’enseignement général (CEG) et l’école primaire.

Lors de l’inauguration, samedi, plus de la moitié des élèves manquaient à l’appel. "Nous avions avant la guerre civile 700 élèves au collège. Cet effectif n’est plus aujourd’hui que de 200 élèves. Le collège ne compte que quatre enseignants", déplore Daniel Moutadidi, directeur du CEG.

A l’école primaire, 245 écoliers sur 500 sont présents. L’école a deux enseignants dont un bénévole pour tout le cycle.

Comme dans la plupart des établissements scolaires du Congo, à Goma Tsé-Tsé, les élèves suivent les cours à même le sol, faute de tables-bancs. "C’est une situation paradoxale pour un pays qui produit du bois", relève un enseignant.

La situation du centre de santé intégré n’est guère meilleure. Même si le Comité d’aide médicale, une ONG française, a réhabilité le bâtiment, le manque de médicaments et de personnel l’empêche de fonctionner correctement.

La reconstruction est lente, très lente. Mais la ministre du Commerce a promis qu’elle aurait lieu. "Le geste que nous avons fait aujourd’hui est modeste", a dit Mme Moundélé-Ngollo. "Mais avec le retour de la paix, le gouvernement s’attellera à reconstruire toutes les villes détruites".

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