email

Guitoukoulou - Sassou : de la crédibilité de l’un et de l’autre

« Que pensez-vous de cet imposteur qu’est Marcel Guitoukoulou ? »
C’est le jeu de devinette auquel s’est lancé un certain Marcel Dinga (inconnu au bataillon) sur le site Brazzanew dans un article paru le 15 juin 2015.
(http://brazza-news.com/?p=14465)

Après avoir donné son avis dans un article publié dans Brazzanews, Dinga a invité les lecteurs de ce site de donner leur avis sur le Dr Marcel Guitoukoulou qui, selon lui, tremperait dans « l’imposture  ».

Mais qu’est-ce qu’un imposteur ? En ces temps où la grammaire française fait débat, il est important de repartir aux sources de la langue pour se faire une juste idée de la syntaxe et de ce que parler veut dire. Précisément , Le Petit Robert de La Langue Française propose trois définitions de ce mot à connotation péjorative vachement avérée :
Imposteur  : « personne qui abuse de la confiance, de la crédulité d’autrui, par des promesses, des mensonges, dans le dessein d’en tirer profit. »
« Personne qui cherche à en imposer par de fausses apparences, des dehors de vertu – Hypocrite. »
« Personne qui usurpe le nom, la qualité d’un autre – usurpateur. »
Diable ! Rien que ça !

Alors qu’on sort d’un week-end, entre chiens et loups, plutôt calme, voilà Dinga qui a ouvert le bal en faisant feu sans sommation sur quelqu’un (comme disent les enfants) qui ne lui a rien fait. Coup de tonnerre dans un ciel serein, l’offense de Dinga a réveillé bien des inepties fantasmagoriques enfouies dans l’inconscient collectif que notre site, Congopage, qui suit le toubib de Marseille depuis des lustres, se sent obligé, par déontologie, de relever et de rectifier.

Tapi dans l’ombre avec son nom fictif, n’importe qui a vu que, dans un contexte politique où la concurrence est violente de part et d’autre de l’échiquier politique congolais, Dinga porte la veste d’un sniper en service commandé. Etant donné que le but de la manœuvre est de salir, et vu que le Dr. Guitoukoulou semble avoir beaucoup d’audience médiatique ainsi que le reconnaît lui-même son pourfendeur, on peut dire qu’il y a un peu de jalousie dans l’attaque dont le médecin vient de faire l’objet sur Brazzanews.

Car sur une masse de candidats à la présidentielle (déclarés ou non), pourquoi monsieur Dinga a-t-il exclusivement jeté sa hargne sur M. Guitoukoulou ? Celui-ci n’a-t-il pas le droit de postuler, comme d’autres, à la magistrature suprême ?

Marcel Dinga invite donc les lecteurs de Brazzanews de juger M. Guitoukoulou, c’est-à-dire de le trainer dans la boue. Or dans tout procès il faut un dossier. Et, en l’occurrence, ici le dossier est vide. Car, en guise de pièces à conviction, Dinga parle juste « d’amateurisme communicationnel » de « financement de certains médias » « d’affichage d’image qu’il n’a pas » « de se servir et non de nous servir » « d’acquisition d’argent chez les Bongo » . Voilà les chefs d’accusation pour lesquels on veut envoyer un homme, un innocent, à la guillotine de l’histoire. Vous ne trouvez pas que ce monde est cruel !

Au passage, il eut été judicieux que Dinga qui porte le prénom de sa cible (ça ne s’invente pas) affiche son curriculum vitae afin de se faire une idée de son niveau d’intégrité, lui qui accuse l’autre d’imposture. Hélas, la bassesse, écrivait Alain Mabanckou, n’est plus ce qu’elle était. Balzac disait de l’insulte qu’un soufflet la commençait, un pistolet la terminait dans un pré. A moins d’être Don Quichotte qui se battait contre des moulins à vent, à quoi bon inviter Dinga, un fantôme, en duel si ce n’est pour vaincre sans triomphe puisqu’il n’y a point péril en la demeure ?

Car en vérité, point n’est besoin de sortir de la cuisse de Jupiter pour réduire en pièces ces... pièces à conviction qu’on vous balance, planqué dans l’ombre de la couardise. Ca se voit : c’est pour des raisons de leadership politique que le corbeau Marcel Dinga homonyme anonyme en veut à Marcel Guitoukoulou. Dinga pense peut-être ( à tort ou à raison) que M. Guitoukoulou dame le pion à ses pairs ou à ses compères. A qui la faute si, disent les Latins, Marcel Guitoukoulou est premier parmi les meilleurs ?

Guitoukoulou versus Sassou

Mais puisque Dinga invite de juger le Dr Marcel Guitoukoulou , faisons-le en le comparant à Sassou (car l’un occupe la place que l’autre veut occuper) afin de déterminer qui est le plus crédible des deux, qui est l’imposteur, qui est (disent les Congolais) faux type.

Sassou instituteur n’ayant jamais enseigné a tué l’école au Congo. Tenez, le bac 2015 vient d’être annulé. En revanche, M. Guitoukoulou, médecin, a enseigné l’anatomie au Congo. Et d’un !

Deux vies, deux destins. L’un ôte la vie, l’autre la donne. Sassou est arrivé au pouvoir par coup d’Etat. Or Sassou monta un coup contre M. Guitoukoulou afin de l’empêcher d’arriver au pouvoir sous prétexte de n’avoir jamais résidé au Congo de façon ininterrompue durant deux ans. Sassou feignait d’oublier que c’est sa dictature qui a chassé du Congo les meilleurs cerveaux dont le Congo a besoin. Et de deux !

Sassou a tué. Guitoukoulou s’est tué à soigner les blessés de guerres déclenchées par Sassou et Lissouba. Et de trois !

Rompu du consensus, Guitoukoulou s’est employé de réconcilier les leaders Congolais (Sassou, Lissouba, Kolélas, Milongo, Lissouba, Ntoumi, Yhombi) en faisant la navette entre ces acteurs que la violence de Sassou avait dispersés Orbi Urbi sur toute la planète.
Par contre, avant-gardiste de l’intrigue militaire Sassou s’emploie de les diviser chaque jour, notamment en concentrant dans sa région, La Cuvette, le peu d’infrastructures qu’il a son actif en quarante ans de règne. Et de quatre !

Ami de longue date

Militant de la première heure Dr Marcel Guitoukoulou est apparu dans notre réseau médiatique et social peu avant la guerre civile de 1997 quand, à l’époque, intrépide médecin à Marseille, il envisageait de créer un journal dont le titre de combat proposé était Germinal. Ensuite, en compagnie d’autres médecins de la diaspora, ce forçat de l’humanitaire s’employa de créer une ONG ( Rhéa Terre d’échanges) pour venir en aide aux populations congolaises meurtries par la politique de Sassou.

Puis éclata la terrible guerre contre les civils en 1997. En association avec une ONG (New-Concept-Humanitaire de Nice) dont le Ministre Jean-Luc Malékat et Valentin Mouanfoulou étaient les codirigeants, ce bon médecin affréta un container de médicaments, de vêtements et autres biens de première nécessité du port de Marseille à destination de Pointe-Noire.

Vous voyez que c’est d’un ami de près de vingt ans dont on défend ici, sur notre site, l’honneur comme Emile Zola Dreyfus, accusé lui aussi, à tort, de tous les maux.

1998, alors que le natif d’Oyo se consacre à son sport favori, le népotisme lié à la cleptomanie, l’enfant de Mfilou (entendez M. Guitoukoulou) organise un colloque à Pertuis, sa ville, où il fait asseoir dans la même salle (à l’exception de Moungounga Kombo-Nguila) la plupart des leaders et personnalités congolais – Milongo, Pierre Nzé, Bongou Camille, Jean-Luc Malékat, Jean-Claude Mayima-Mbemba, Martine Galloy, Christian Obembé etc.

Il faut le faire ! On peut tout reprocher à l’anesthésiste congolais, sauf le sens de l’organisation, les qualités de manager. Cet gars (comme dirait Balzac) aime son pays. C’est un nationaliste invétéré qui voulut, en son temps, lancer le concept de congolité n’eut été la dimension exclusive qu’il véhicule. En effet, cet homme de science est également panafricain dans l’âme, sillonnant les capitales du continent noir pour soigner les gens malades.

En définitive, homme dont la vie consiste de sauver d’autres vies d’hommes, il faut méconnaître la sémantique et l’étymologie pour taxer M. Guitoukoulou d’imposteur.

Quel hôpital, quel lieu dont sauver des vies humaines est l’enjeu central ferait confiance à une « personne qui abuse de la confiance, de la crédulité d’autrui, par des promesses, des mensonges, dans le dessein d’en tirer profit.  » Car c’est la définition du substantif imposteur que donne le dictionnaire. Inouï !

On peut tricher au poker, on peut placer un assassin à la tête d’un Etat. Cependant, difficile qu’une « personne qui cherche à en imposer par de fausses apparences, des dehors de vertu – un Hypocrite  » soit promu chef de service de réanimation d’un hôpital de la deuxième ville de France (Marseille). Absurde !

« Personne qui usurpe le nom, la qualité d’un autre – usurpateur  » : le Président de PLC (Parlement libre du Congo) est loin de correspondre à cette typologie de la délinquance. Il ne manquerait plus que ça !

Que M. Guitoukoulou finance les médias (certes avec les moyens de bord) comédien doublé de tartuffe serait le leader qui cracherait sur l’assertion selon laquelle « L’argent est le nerf de la guerre  ». Oui, il faut du fric pour battre campagne. Même le premier imbécile le sait. Regardez comme Sassou dilapide des milliards (notre argent) dans des opérations de charme !

« Se servir et non (…) de nous servir » cette philosophie est davantage celle de Sassou qui ruine le Congo chaque jour et non celle de M. Guitoukoukou qui n’a jamais été Président de la République (jusqu’à preuve du contraire)

Mbongo ya Bongo

« Acquisition d’argent chez les Bongo  » ô le comble du pléonasme ! Le défunt dictateur gabonais fut une pompe à fric. C’est connu. Ca défilait ferme au Palais de Libreville. Dire que M. Guitoukoulou aurait été vu au Palais du bord de mer, c’est s’étonner que l’eau parte à la rivière. C’est jouer les naïfs en montrant du doigt le véhicule du prolo de Talangaï s’arrêter à la pompe de la SNPC de Christel Nguesso pour se ravitailler en carburant. De même il faut de l’essence pour rouler, de même il faut du fric pour faire la politique. Malheureusement ce pognon se trouve entre les mains des dictateurs bien que ce ne soit pas le leur. Kolélas, dans un moment de lucidité, avait dit : « Prenez-le, c’est le vôtre ! »

Que celui qui n’a jamais pêché lui jette la pierre dit Jésus aux Pharisiens au sujet de la femme adultère. Que l’homme politique (de Giscard à Connard en passant par Chirac et Tarack, Sarkozy et Grizzlys, Kolélas et Cancrelat, Sassou et Picsous) qui n’a jamais goûté aux billets du nabot Omar Bernard Bongo lui jette le caillou.

Répondant aux questions de Radio Afrikana sur le triste anniversaire de la guerre du 5 juin 1997, Marcel Guitoukoulou n’eut pas de mots assez durs pour renvoyer Sassou à ses abominations, lui déniant le droit de poursuivre son œuvre de démolition d’un pays qui ne mérite pas ça. Pas de compromis avec le diable : c’est ainsi que peut se résumer sa récente intervention médiatique sur cette chaîne de radio afro-helvétique.

Quand certains leaders tergiversent quant à se prononcer sur le sort institutionnel du Congo, M. Guitoukoulou a, le premier, clairement dit NON au changement de la Constitution, au dialogue et au Référendum. Si c’est ça être hypocrite, usurpateur, si c’est ça l’imposture, alors dans quelle typologie sémantique classerait-on Sassou, lui qui ne respecte pas sa propre Constitution, lui qui est à fond dans la duplicité en jouant avec les concepts du Droit ? A un point tel que même dans son propre camp sa crédibilité a pris un puissant coup de massue.

Thierry Oko

Laissez un commentaire
Les commentaires sont ouverts à tous. Ils font l'objet d'une modération après publication. Ils seront publiés dans leur intégralité ou supprimés s'ils sont jugés non conformes à la charte.

Recevez nos alertes

Recevez chaque matin dans votre boite mail, un condensé de l’actualité pour ne rien manquer.