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Journaliste congolais, attention à tes liaisons

Un journaliste étranger, de passage à Brazzaville, a failli casser l’écran plat de sa chambre d’hôtel en regardant le 20 heures de Télécongo. Il faut dire que le présentateur, emphatique et lourd dans son phrasé, a fait dans la dentelle dans sa flatterie au Chef de l’Etat. Et, ce que notre journaliste ne sait pas, c’est qu’ici le journalisme ne constitue pas un pilier essentiel de la démocratie. C’est au mieux un moyen d’exister, au pire un moyen d’amuser la galerie. Et pour cause : il est sinon impossible, du moins difficile de lire un article bien articulé dans la presse congolaise. A Paris, la consolation nous vient parfois de Marie-Alfred Ngoma des Dépêches de Brazzaville (hélas !), lequel se fait violence par l’honnêteté de sa pensée et le courage dont il fait preuve et, à Brazzaville, bien qu’il s’égare souvent dans ses analyses et ses prises de position, Joachim Mbanza de La Semaine africaine, s’évertue à la lisibilité. Sur Télécongo, Christian Martial Poos essaie lui aussi de fuir la médiocrité qui caractérise ses collègues de la Chaîne…

Ce n’est pas tant le manque de liberté de presse qu’il faut décrier, mais le manque de journalistes de qualité. Comment comprendre qu’un journaliste soit en même temps salarié à Télécongo et dans un ministère ? De Jean Claude Kakou à Gildas Mayela en passant par d’autres bricoleurs du journalisme congolais, tous exercent à Télécongo comme (pseudo) journalistes et dans des ministères comme Conseillers en communication. Laquelle Communication demeure à la limite. Pathétique ! Posez une question au ministre du Tourisme que conseille Gildas Mayela, et vous verrez la souffrance se dessiner sur le visage du ministre pour vous répondre. Des liaisons dangereuses de plus en plus à la mode et lucratives.

Trêve de plaisanterie : dans son journal, Gildas Mayela peut-il traiter un sujet qui concerne le ministre du Tourisme ? A priori, oui. Mais, à fortiori, il ne peut parler de Josué Rodrigue Ngouonimba qu’en termes de flatterie. Pas en termes d’enquêtes ni d’info défavorables. Où est donc le journalisme ? En réalité, les journalistes congolais, de l’audiovisuel surtout, manquent de tout : éthique, morale, déontologie, recul… Pis, à l’imposture, ils ont ajouté l’inculture. Ils ne lisent pas, ils ne pensent qu’à bouffer, bouffer, bouffer. La cupidité les caractérise plus que le talent.

Elie Smith, paraît-il, est devenu un journaliste incontournable. Depuis quand ? On tombe des nues. Au-delà de ce qu’il a vécu récemment – braquage odieux -, jamais il n’a fait la preuve de son objectivité. Il fait partie du clan des thuriféraires. Sur Télésud, il n’a pas laissé un grand souvenir. « Je l’ai connu rue Cognac-Jacq, franchement je me demande où est-ce qu’il a appris le journalisme  », raille l’un de ses anciens collègues.

Au moment où les nouvelles autoroutes de l’information sillonnent le monde, au Congo les journalistes peinent à emprunter ce chemin de l’échange, de processus interactif. Buala yayi mambu !

Bedel Baouna

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