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L’immigration, une plaie pour nos sociétés

Il vient de se tenir du 10-11 juillet 2006, une conférence ministérielle euro-africaine à Rabat au Maroc. Cette conférence s’est terminée avec l’adoption d’un plan d’action en vue de lutter contre l’immigration clandestine. Il vise aussi une plus grande coopération entre les pays d’Afrique et d’Europe dans le contrôle des frontières, un accroissement de l’aide au développement, la réduction de la pauvreté. Sont prévus au programme, un observatoire euro-africain chargé des questions de migration, la sensibilisation des jeunes africains aux dangers de l’immigration clandestine. Mais déjà la société civile se lève pour critiquer ce qui a été décidé. Elle juge ce programme « trop vague ». Profitant de l’actualité et permettre d’élargir la discussion je vous fais état ici de ce qui est une réflexion personnelle.

« Tous des profiteurs, des bandits et des trafiquants de drogue... », c’est ce qu’on entend souvent dire quand on parle des immigrés en Suisse, mais aussi ailleurs. De nos jours, le fait de quitter son pays pour un autre est devenu une aventure humiliante, semée d’embûches parfois insurmontables. Nous avons encore en tête ces images de clandestins usant de tous les moyens pour franchir la barrière de fer séparant le Maroc de l’Espagne par les enclaves de Mélilla et Ceuta. Ils étaient des milliers de jeunes ouest-africains candidats à l’immigration clandestine.

Depuis des années, c’est assez régulièrement que les médias nous parlent d’embarcations échouées aux côtes espagnoles ou italiennes. Malgré les rapatriements forcés, comme ceux des maliens, sénégalais et camerounais à la fin de l’année dernière, le phénomène ne fait qu’empirer. C’est comme si le fait de vouloir résoudre ce problème par la force aggravait la situation. D’après Khalid Jemmah, président de l’Association des familles et des victimes de l’immigration clandestine (AFVIC)http://www.libertysecurity.org/article450.html#nb1 « pour le moment, le phénomène est assez limité, mais(...)les migrants seront aussi nombreux qu’avant les expulsions. Plusieurs maliens sont prêts à revenir au Maroc ». Ainsi, la vigilance des gardes côtes ravive l’ingéniosité des clandestins. Si le fait de refouler ces clandestins par la force devient plus dangereux pour tous (pays d’origine et pays d’accueil), il serait peut-être temps de prendre le problème à bras le corps et de trouver des solutions plus profondes qui seront basées sur la découverte et l’éradication des causes de cette immigration sauvage. Mais pour y arriver, il faut que tous s’y mettent. Il est peut-être temps que les Etats du monde se remettent en question et assument les responsabilités de part et d’autre. Il est aujourd’hui trop facile de n’accuser que les pays riches qui refusent de donner quelques miettes aux pays pauvres. Il est vrai que l’immigration est un phénomène qui existera toujours parce que les Etats auront toujours besoin de travailler ensemble. Mais l’hémorragie qu’est devenue l’immigration et surtout, l’immigration clandestine est un mal pour tous les pays et il vaut mieux l’arrêter.

Or, lorsque les pays d’accueil, notamment ceux d’Europe à l’instar de la Suisse évoquent le problème, ils ne voient que les dommages que cette immigration leur cause. Ils se plaignent de l’insécurité générée par ces entrées massives d’étrangers. Du côté des pays d’origine et des requérants à l’immigration, la faute revient aux pays riches qui entretiennent les dictateurs et profitent des richesses des pays en développement. Bref, de part et d’autre, on occulte les vraies raisons de cet acharnement au départ pour rejeter la faute aux autres.

Il est indéniable que des inégalités existent dans le monde. Certains pays sont plus riches que d’autres et à cause de cela, des populations des pays aux moyens plus modestes fuient la misère, l’injustice, la famine, la guerre... Ce sont ces inégalités qui font qu’aujourd’hui certains sont obligés de partir de chez eux pour aller trouver une meilleure vie ailleurs. Cette attitude est tout à fait naturelle à l’humain qui est perpétuellement en quête d’espace plus cléments.

Sans nier le rôle néfaste que jouent les pays industrialisés dans les pays sous développés, il est maintenant opportun que les Etats d’où viennent les candidats à l’immigration essaient de résoudre certains problèmes internes. Que les gouvernants de ces pays se ressaisissent et offrent des programmes capables d’occuper des jeunes, car c’est surtout d’eux qu’il s’agit. C’est dommage de voir tous ces jeunes, cette force vitale aller vers des pays qui sont déjà en plein essor économique. Il est dommage de voir des personnes détentrices d’atouts majeurs, réduites à accomplir des tâches les plus dévalorisantes parce qu’il n’y a souvent que celles-là que les pays d’accueil peut offrir. Il est temps que les Etats pauvres, notamment africains, améliorent les conditions de vie de leurs citoyens et qu’ils fassent des efforts pour garantir un minimum de liberté aux personnes. C’est une question d’honneur et de respect de soi.

Mais pour que cela devienne une réalité, il est important que le pouvoir ne soit plus considéré comme un bien personnel auquel on doit s’accrocher et accrocher les membres de sa famille. Que le pouvoir s’acquiert par les urnes et pas par la force des armes. Que les biens et les richesses d’un pays ne soient plus confisqués par un clan ou une famille au pouvoir. Puisque nous sommes sur d’actualité concernant la République du Congo, ceci est aussi vrai pour ses dirigeants politiques actuellement au pouvoir.

Que les populations se rendent compte qu’un pays se construit par la force de toute la société pas celle d’un seul homme. Pour cela il faut du temps, de l’abnégation et de l’implication parce que ne compter que sur l’Etat providence n’est plus à l’ordre du jour. La providence ne s’occupe plus que de la famille. Puisque c’est ainsi, devons-nous nous contenter de nous apitoyer sur notre sort ?

Blanchard Alice

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