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LIBRE OPINION

L’inanité de la vision économique de nos hommes politiques

Il faut le dire et redire que notre classe politique doit être tenue responsable de l’état lamentable du Congo. Par sa petitesse, par sa cécité, par ses mensonges, par sa lâcheté. Elle n’a jamais fait la pédagogie du Congo futur, croyant et laissant croire qu’on pouvait s’en protéger, couper aux efforts, préserver le statu quo et les acquis. Cette politique porte un nom depuis Massamba à Sassou en passant par Lissouba : le ni libéralisme/ni socialisme.
Cette politique a permis à tous les présidents de jouer le jeu sur les deux tableaux, de ne pas choisir et surtout de tout différer !

Les plus de trente (30) ans, la gestion hasardeuse différant tout et refusant la réalité socioéconomique a eu deux grandes conséquences.
 La première est d’avoir ralenti l’adaptation du Congo au moment où le pays commençait son accélération. Aujourd’hui, des milliers d’étrangers déplacés par les guerres ou par l’appât du gain facile entrent dans le jeu de l’estomac vide dans un pays qui depuis 1992 avait amorcé l’une des chutes les plus spectaculaires. Ils viennent bousculer nos façons de vivre, de travailler, de voir les choses en nous imposant d’une manière implicite leur rythme.
Les révolutions informatique et biotechnologique obligent, par ailleurs, à tout revoir dans notre façon d’appréhender les choses, de gérer nos entreprises et administration. Le chômage des jeunes pose un grand problème, enfin, se posent aussi les lourds problèmes de notre système de santé, de nos retraites et de notre dynamisme.
 La seconde grave erreur de ce refus a été de tout politiser, de faire passer la politique avant tout en opposant le social du libéral au lieu de les porter sur le terrain de l’efficacité et du réalisme ! Pour les politiques de lutte contre la pauvreté ou les différentes promesses faites aux jeunes par exemple, on sait aujourd’hui que les considérations de ceux qui étaient, ceux qui sont aux affaires et ceux qu’ils veulent leur succéder sont inopérantes face aux analyses sur les frontières entre le travail et le non travail ,les politiques d’aides et sur les effets de seuil.
Des vieux débats pseudo-politiques marxisme ou socialisme des anciens dirigeants ayant étudié à l’est ont égaré le pays loin des nouvelles réalités mondiales et sociales.

Aujourd’hui, les reports à nouveau de chaque reforme ont conduit le pays à des échecs cuisants sur tous les tableaux ! On ne sait plus réellement combien de congolais ont accès aux soins, combien mangent bien le midi ou le soir, combien dorment sous des moustiquaires, combien d’enfant ont quitté le chemin de l’école, autant des questions sans réponse qui font que le congolais n’attend son salut que du Ciel ! Un congolais sur cinq n’a aucune formation ou diplôme, une jeune femme sur cinq est fille mère sans formation. Que peut attendre ou espérer le citoyen lambda face aux différents candidats à la magistrature suprême ?

Nos hommes politiques, du pouvoir ou de l’opposition, n’ignorent ni les diagnostics (les placards débordent de rapports et de projets) ni les remèdes. Les solutions sont connues et elles sont soutenues par la très grosse majorité des économistes réalistes. Le problème est seulement que tout ce qui peut améliorer la situation leur paraît contraire à leur intérêt personnel.

De quoi s’agit-il ? D’accélérer, non pas vers le libéralisme ou à rebours, mais vers le haut de gamme. Le Congo doit enfin se donner les moyens de participer aux hautes technologies. Cela passe par un effort massif de l’Etat en matière de recherche mais aussi par ses entreprises qui ne devraient plus en dispenser ! Celles-ci doivent en échange imposer le seul critère de gestion de la recherche qui vaille : l’excellence. En parallèle, le paquet doit être mis sur l’enseignement supérieur avec la concurrence au niveau du continent.

Sur le front intérieur, il faut lever tous les obstacles à la création d’emplois pour pallier aux départs en retraite dans les secteurs où les jeunes devraient être recrutés en masse. Cette politique destinée à rehausser la croissance du pays peut dans un premier temps être douloureuse et déflationniste, je l’admets mais avec du cœur et d’abnégation on y arrive ! D’où cette nécessité de procéder la refonte de toute l’administration publique, privée ou para-etatique de telle sorte que les différents problèmes de bonne gestion soient annihilés. Revaloriser le SMIC pour compenser le négatif sur les ménages, créer des bonnes politiques agricoles tout en créant un fond de soutien assez important pour les subventions des rares congolais qui se lancent dans l’agriculture à grande échelle.

Le pays tend vers une impasse avec en premier des divergences sur les élections bloquant les échéances futures suspendant les congolais dans des inquiétudes mêlées de peur et d’impuissance, la deuxième une vie qui devient de plus en difficile que le fait de trouver de quoi manger le midi et soir relèverait d’un exploit pour plusieurs familles.

Les hommes politiques ne doivent pas transmettre à tous les congolais la seule chose qui lui soit propre : son génie d’échec. Il faudra bien dire la vérité : le monde est dur, il remet en cause les acquis, d’autres pays s’en sortent, il faut s’adapter vite et arrêter de se mentir. La classe politique vieillissante ne cède pas la main à la nouvelle génération pourtant le futur du pays saute sur la figure de tous ! Tout va aller vite, très vite ! et les conséquences sont de plus en plus prévisibles. Le Congo pourtant avec une population jeune a vieilli par manque de repères, la crise de l’emploi et autres situations tant sociales et économiques !

Le futur auquel je fais allusion dans tous mes papiers que ce soit sur la toile (Internet) ou dans la presse écrite dégage une ambivalence et une inégalité. Nous devons faire avec ! C’est dans ce monde là que nous devons faire des innovations pour sauver nos vies et de donner plus de confort aux populations en limitant les dégâts qu’elles peuvent générer sur la qualité de l’environnement. N’ouvrons pas toutes nos portes aux forces de l’excès moins encore à la finance aveugle avec son mauvais génie conduisant à la grégarité, l’avidité, la futilité.

ARMEL SILVERE DONGOU
diplômé des grandes écoles de Paris ,
expert en Audit Social

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