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La condamnation de Lissouba à la une des journaux congolais

Brazzaville, Congo (PANA) - Les journaux congolais se sont
penchés cette semaine sur la condamnation par contumace de
l’ancien chef de l’Etat et quatre de ses Premiers ministres et
ministres par la Haute cour de justice à 30 et 20 ans de travaux
forcés.

Dans un article intitulé "Deux poids, deux mesures",
l’hebdomadaire indépendant d’information Tam-Tam d’Afrique,
citant un haut fonctionnaire congolais, met en garde contre
l’instauration d’une "justice à deux vitesses" avec d’un côté
ceux qui ne sont pas du bons termes avec le pouvoir et de
l’autre, les protégés qui, en dépit de fautes lourdes fautes de
gestion, ne sont pas inquiétés.

"Le procès de Lissouba et quatre de ses Premiers ministres et
ministres semble bien avoir donné cette impression" de deux
poids, deux mesures, renchérit l’hebdomadaire, qui fait
remarquer que la directrice de cabinet de l’ancien président,
Claudine Munari, n’a pas été inquiétée outre mesure, alors que
c’est son compte qui a servi de dépôt des fonds à la demande de
l’ex-président.

Selon Tam-Tam d’Afrique, "Munari a reconnu avoir, sur instruction
de Lissouba, remis au secrétaire général de l’Union panafricaine
pour la démocratie sociale (UPADS) et au président de la mouvance
présidentielle, Jacques Joachim Yhombi-Opango, respectivement 400
millions et 300 millions de F CFA".

Yhombi-Opango, ancien Premier ministre, a été condamné pour
détournement de deniers publics et Moukouéké n’a été ni inculpé,
ni cité comme témoin, souligne encore l’hebdomadaire.

Pour sa part L’Eléphant, bimensuel d’information proche du
pouvoir, écrit que "brader le baril à 3 dollars US (comme
l’ancien président et ses plus proches collaborateurs sont
accusés de l’avoir fait) relève de la pure folie, de
l’incompréhensible, de l’incongru et de l’absurde".

L’Observateur, hebdomadaire d’information proche de l’opposition,
souligne pour sa part que "la justice congolaise vient une fois
de plus confirmer son caractère spécial de justice au service du
pouvoir et qui n’est capable que de poursuivre et juger des
criminels, des délinquants appartenant au camp qui n’est pas du
pouvoir".

"Si c’est une bonne chose que la justice se fasse sur certains
crimes, l’on ne comprend pas pourquoi cela n’est pas possible
pour les nombreux autres crimes", fait observer ce journal, qui
cite l’affaire des 353 Congolais enlevés en 1999 puis portés
disparus au "beach" fluvial de Brazzaville.

L’Observateur souligne encore que pour prouver son indépendance
et son impartialité, la justice se doit aujourd’hui de se saisir
de toutes les affaires criminelles objets de la clameur publique
et concernant des soldats, des officiers, des généraux et autres
gouvernants qui sont parfois poursuivis avec constitution civile.

"Des criminels jouissant de l’immunité d’appartenance au pouvoir,
de la logique du plus fort, circulent librement et vivent avec
faste et ostentation", écrit encore l’Observateur, ajoutant qu’il
est "tout simplement périlleux pour l’avenir d’instituer une
justice du plus fort", car les frustrations qui en naîtront
risquent de faire retomber le Congo "dans des scenarii de
règlements de compte".

"Courage messieurs les magistrats, vous êtes sur la bonne voie",
proclame enfin le journal, avant de les inciter à ne pas
s’arrêter "en si bon milieu du chemin".

Quant à l’hebdomadaire gouvernemental La Nouvelle République, qui
cite un avocat congolais, il affirme que "c’est un procès
exemplaire pour la suite, pour l’avenir de l’Etat congolais et
pour permettre la moralisation de notre situation à tous les
niveaux".

"Donc, un ministre ou un haut fonctionnaire qui commet des fautes
sera traduit devant la haute cour de justice", martèle le
journal, soulignant que "c’est une loi qui est faite pour tout le
monde".

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