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La messe du collectif "Marien NGOUABI" en l’Eglise Notre-Dame de Fatima (Paris)

Le collectif Marien NGOUABI en partenariat avec les Assises du Congo, sous le haut patronage du Ministre Jean-Luc Malékat, a convié la communauté congolaise à prendre part à une messe d’action de grâce en mémoire des morts victimes de la violence politique au Congo, le dimanche 31 janvier 2016 de 15h30 à 20h00 en l’église Notre Dame de Fatima à Paris.

Après la messe, le collectif Marien NGOUABI et les Assises du Congo ont partagé une collation suivie d’un échange au cours duquel de nombreux compatriotes, amis et proches des victimes, ont témoigné sur le sordide assassinat de Marien Ngouabi, crime dont les auteurs présumés, nolens volens, ont gardé le secret aussi jalousement que celui de la Vierge de...Fatima, village du Portugal où trois jeunes bergers reçurent des révélations de la Sainte Dame au début du 20ème siècle.

Les orateurs

Sadio Kanté, militante congolaise, a campé dans le rôle de modératrice à l’occasion de ces témoignages dont la fraîcheur, malgré le temps, peut-être considérée comme un miracle. Pendant les interventions, aucun secret n’a été fait sur le principal auteur de la tragédie du 18 mars 1977, en l’occurrence Sassou.

Voici ceux qui ont pris la parole au cours de cette représentation : MM. Hervé Zebrowski, proche ami de feu Mgr. Ernest Kombo ; Benjamin Ntougamani, compagnon de Diawara, Ferdinand Loubélo, enfant de Poto-Poto : Baudry Entoni Richard, syndicaliste ; Gertrude Malalou, fille d’un ami de Ngouabi, Jérôme Itoua, parent d’une victime de Sassou, Jean-Luc Malékat, homme politique, Sadio Kanté, congolaise devenue apatride.

Marienta Ngouabi, petite-fille de Marien Ngouabi, s’est abstenue de sacrifier au rituel du témoignage. Mais tout le monde sait combien le combat de la vérité sur le crime du 18 mars est un enjeu majeur de son existence.

Sur la tombe de Massamba-Débat

De ses propres aveux, l’ancien secrétaire de Mgr Ernest Kombo, Hervé Zebrowski, ne se considère pas comme une « victime » des années noires. Il aurait juste accompagné le prélat « durant cinq ans (les dernières années de sa vie). » Ce qui le lie à Jean-Luc Malékat des Assises, c’est sa fonction de ministre des Finances sous la Transition de 1990 présidée par l’ancien Evêque d’Owando.

« Je demande à l’Etat, la grâce d’être inhumé au mausolée Marien Ngouabi et des restes mortuaires du Président Massamba-Débat  » dit notre berger, E. Kombo, sur son lit de mort dans un hôpital parisien, le front brillant d’huile d’extrême-onction. Terrible clause testamentaire qui n’a rien d’étonnant du jésuite que fut le prélat, modérateur sur le compte duquel les témoins de la Conférence Nationale gardent une image ambiguë, notamment pour avoir enclenché la cérémonie du lavement des mains.

Mots et maux croisés

Ok pour la cohabitation post-mortem dans le cimetière avec Ngouabi. Mais quant à être enseveli aux côtés de Massamba-Débat, ce fut une ultime boutade de l’homme de Dieu, disciple de St-Ignace de Loyola, car on n’a jamais vu la sépulture du deuxième Président du Congo. Mieux : pour être enterré auprès de Marien Ngouabi c’eut été un vœu pieux impossible puisque Marien fut enseveli à Brazzaville au Mausolée éponyme, alors que lui, en tant qu’Evêque d’Owando, le droit canon eut voulu qu’il soit mis sous terre dans la ville de Marien Ngouabi : destin croisé, maux croisés. Ce qui ne fut pas fait quand bien-même, si le droit canon fut respecté, la légende selon laquelle la dépouille de Marien Ngouabi reposerait à Owando eut pu donner raison à l’ultime volonté du natif de Mbanza-Mpoudi. Car la question demeure : où se trouve la dernière demeure de Marien Ngouabi ? A Fort-Rousset ? A Brazzaville ? A Ombélé ?

Ironie du sort, le vœu pieux de Mgr Ernest Kombo fut, au bout du compte, exaucé puisque, les deux hommes (Lui et Marien) reposent théoriquement dans la même ville, Brazzaville, où l’on suppose également que Massamba-Débat y a sa tombe, une tombe inconnue. Ngouabi à l’Etat-Major (la scène du
crime), le prélat d’Owando à la Cathédrale, aux côtés du Cardinal.

Mention spéciale Hervé Zebrowski

Avec sa détermination slave qu’on a vu aussi chez son compatriote Jean-Paul II, Hervé Zebrowski justifie sa solidarité dans le combat national clérical :
« Je ne suis pas Congolais, mais nous sommes tous frères en Christ ressuscité. Sassou c’est le visage du Diable » .

Hervé Zebrowski, proche du collectif des "Disparus du Beach" et lié au testament de Mgr Kombo, a établi des liens avec l’épiscopat français.

« L’Eglise de France a abandonné les Evêques du Congo » dénonce cet ami du Congo qui a publié un ouvrage («  Les assassins du Cardinal  » ) que chacun de nous gagnerait à lire s’il veut comprendre la ténébreuse affaire des morts politiques congolais.

Le Cardinal, enterré vivant

Le 10 janvier 2016, à Brazzaville, Mgr Yan Roméo, lors de sa messe d’adieu a dit : « Je reviendrai m’agenouiller devant la tombe du cardinal Biayenda  » informe H. Zebroski pour conclure un Santo subito solennel. « Lumière du St-Cardinal Emile Biayenda » : car sa béatification, quoique ouverte, tarde.

Le sort de Marien Ngouabi est lié à celui du Cardinal Emile Biayenda, saint-homme accusé d’avoir affaibli mystiquement le pouvoir de Ngouabi, ce qui, selon ses supposés amis, l’aurait désarmé face à la mort. Depuis cette surréaliste justification, le Congo est confronté à une énigme sombre de la criminalité politique, plus complexe que la mort de Kennedy.

Aux yeux du Polonais, « Les ténèbres et le silence règnent sur Brazzaville. Tout le monde tremble devant Sassou-Nguesso » Qualifié de manipulateur dans la tragédie qui a entraîné Ngouabi et le Cardinal dans la mort, Sassou vit toujours dans l’impunité. Mais, en fait d’énigme insoluble, la mort de Marien Ngouabi relève du secret de Polichinelle. Les coupables sont connus (les onze du CMP), la divergence porte juste sur le mode opératoire. Comment, où, quand fut tué Ngouabi ? Telles sont les questions. Le CMP, c’est L’histoire des 13 de Balzac, groupe constitué de treize gredins quasi maçons et terroristes, champions des coups bas.

Marien Ngouabi, Diawara, Franklin Boukaka

Benjamin Ntoungamani a assumé son appartenance au « Mouvement du 22 février dit M22 »
Jeune insurgé en 1972, Ntoungamani venait d’être mis en prison. « ...après une réunion du Comité Central du PCT », Marien Ngouabi sort de la séance. Benjamin Ntoungamani entend Ngouabi qui appelle la communauté internationale en clamant que tant qu’il serait en vie, « aucun membre du M22 ne sera tué  ».

La suite lui donnera tort, bien qu’au cours d’une visite dans la cellule des « maquisards », après avoir demandé pourquoi ils « aimaient Diawara », Ngouabi leur confie que Wilfrid Ndébéka, compagnon d’Ange Diawara était son « beau-frère ». (Entendez, on ne tue pas les amis d’un parent, pas même pour le pouvoir)

Franklin Boukaka sera tué. Guy-Romain Kinfoussia et Marcel Ibot frôlent la mort.

Selon Ntougamani, « le Président n’a pas pris les bonnes décisions. »

Vers 2 h du matin, Mouassiposso, le goûteur de Ngouabi, pointe son museau à la maison d’arrêt. Mouassiposso demande trois personnes : Franklin Boukaka, Ibot et Kinfoussia.

Franklin a un pressentiment. Il dit à ses compagnons de fortune : « c’est peut-être la dernière fois que vous allez me voir. »

Cyniques, ses tortionnaires font chanter à l’artiste son célèbre refrain « Tala mou noua ou dia ngombé » avant de l’exécuter.

Au Congo c’est l’impunité totale.

Affaire des Disparus du Beach

A une veillée, à Paris, Benjamin Ntougamani croise un jeune homme à la bouche tordue. C’était un rescapé du Beach. Aligné avant d’être exécuté, une balle l’atteint à la tête sans toucher le cerveau.

Benjamin Ntoungamani est touché par le récit du miraculé : « Le lendemain je l’amène à la MDPH (Maison départementale de la personne handicapée). L’affaire du Beach démarre ainsi. Je n’ai pas été à la place d’Ossébi qui est mort. J’avais de l’auto-culpabilité. »

Ce que Ntoungamani reproche au pouvoir c’est de croire que Sassou a le droit de vie et de mort sur le peuple. Allez-dire à Sassou : « entre lui et nous, il y a un large fossé. Nous allons nous tendre la main lorsque nous allons enterrer tous ces jeunes. »

La dame qui reçoit B. Ntoungamani la MDPH est effrayée par le récit poignant du rescapé du port fluvial de Brazzaville. Enceinte, la dame se désiste et passe le relai à un collègue : « je porte la vie, je ne peux pas supporter le récit . » dit la dame en grossesse.

Marien Ngouabi étudiant

Pour Monsieur Ferdinand Loubélo la reproduction politique est phénomène est urbain générateur de promiscuités : « Enfant de Poto-Poto, Fulbert Youlou vivait dans la rue Banda. Marien Ngouabi venait rendre visite à son beau-frère un Portugais, Costa Névés (NDLR). Assoiffé de connaissances intellectuelles, Marien Ngouabi venait prendre des cours à la Faculté des Sciences, en Physique nucléaire (sous la direction du prof Diamont -NDLR). Un ou deux gardes du corps. Pas plus. »

Pour Loubélo, c’est clair : « Marien Ngouabi a été assassiné par Sassou. Celui-ci s’accapare du Parti de Marien Ngouabi. »

Loubélo revient sur l’énigme des sépultures : « Où sont les ossements de Marien Ngouabi ? Sassou est un démon. Il doit payer. Les ossements de Ngouabi sont à Oyo ?
Où sont les ossement du Cardinal Emile Biayenda ?
 »

Baudry Entoni Richard dirigeait le syndicat des enseignants. Il fait partie de ceux qui avaient organisé la grève des enseignants. « J’ai parlé avec Ebaka et Pascal Mbima. Sylvie Mbima a été arrêtée pour avoir déclenché une grève. Ils furent défendus par Me Ondzel. Au temps de Youlou et Massamba-Débat il n’y avait pas la françafrique. En 1974 Marien Ngouabi a fait appel aux Roumains et aux Soviétiques. On a eu 22 milliards de FCFA. Ngouabi dit qu’il n’y aura plus de chômeurs. Ngouabi étant d’extrême gauche, cela n’était pas du goût d’Elf. »

Sassou tire les ficelles

Le témoignage de Baudry Entoni Richard est accablant pour le présumé tueur de Ngouabi : « Sassou a demandé de faire revenir Massamba-Débat pour écarter les Kouyou qui prennent l’argent. Sassou va voir le Cardianl Emile Biayenda et lui demande de rassembler les deux Présidents Ngouabi et Massamba-Débat. Sassou va voir les Kouyou et dit que Ngouabi voulait donner le pouvoir à Massamba-Débat. »

Vous parlez d’une manipulation !

Jean-Luc Malékat articule son témoignage sur une victime (parmi tant d’autres) de Sassou : « Jacquet Bruno Ossébi né d’un père français et d’une mère congolaise. Ossébi voulait organiser une grande marche. Pourquoi Bruno Jacquet est-il mort ? Parce qu’il signa le document d’accusation dans l’affaire des Biens Mal acquis. La procédure a suivi son cours grâce à Ossébi. La nuit d’après, il fut brûlé vif dans sa maison ».

Gertrude Malalou : « Massamba-Débat fut le seul Président digne que le Congo ait jamais eu. Il a rendu honneur aux Congolais. Il faut une belle sépulture à Massamba-Débat  » .

Gertrude Malalou fut reçue par Marien Ngouabi en son palais. Autant dire que Ngouabi et Massamba-Débat furent pétris d’humanisme.

Le tabou de l’Inceste

Sadio livre un témoignage freudien. Elle fut mise en face d’une relation « incestueuse avec Sassou qui l’aurait mise nue devant son père à Brazzaville. Je vous épargne les détails . »

Ngouabi et le pétrole

Germain Itoua -Jérôme : « Je suis parent d’une victime. En 1977 je suis sorti du Congo pour faire ses études en France. Il eut un rapprochement entre Marien Ngouabi et Massamba-Débat qui ne fut pas du goût de tous. »

« Mon parent ( il s’agit de Pierre Anga - NDLR) est resté dans le maquis à Ikonongo. Les militaires ont aidé à capturer son parent. Le corps fut ramené à Brazzaville. »

« Marien Ngouabi signa les 1ers accords du pétrole. »
Ceux-ci rapportèrent 22 milliards de FCFA au Congo. On n’en vit pas les traces. Mais on peut voir les indices de la mort de Ngouabi dans la manière dont s’évanouit cette somme (pour l’époque) colossale.

Le président des Indignés a donné la date de la future messe du Cardinal à Notre-Dame de Paris, le 27 mars 2016 à 12 h.

Thierry Oko et Marie Ondongo

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