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La presse est libre au Congo (tant qu’elle demeure politiquement correcte)

Talassa en avait fait les frais avec une interdiction de trois mois dont nous nous étions fait l’écho. Nous pensions qu’il ne s’agissait là que d’une bavure. Nous nous sommes trompés, c’était un procédé, comme le démontre cette nouvelle interdiction pour trois mois qui frappe, cette fois, notre confrère AMICALE.

Un communiqué issu du Collectif de la Diaspora Congolais de France et d’Europe (CDCFE), (qu’on pourra lire dans son intégralité en cliquant sur ce lien), nous apprend que :
« A l’issue de sa réunion du 11/04/08, le collège des membres du Conseil Supérieur de la Liberté de Communication (CSLC), à savoir Jacques Banagandzala, président, Ekiaye-Ackoly Waméné, vice-président, Marie Jeanne Kouloumbou, secrétaire-comptable, Marcel Ombamba Mallet, Pierre Mberi, Casimir Mboro-Gueye, Jean Pascal Mongo-Slyhm, Guy-Noêl Sam’Ovey-Panquima a décidé de suspendre la publication du journal "AMICALE" sous toutes ses formes pour une durée de trois mois allant du 12 avril au 12 juillet 2008, un journal dont la vente fait vivre plusieurs familles congolaises. Une décision absurde, éminemment politique et arbitraire, qui force au chômage des dizaines de pères de famille, et donc particulièrement risquée car difficile à comprendre par l’opinion publique congolaise surtout en cette période très sensible où la grogne pour le pouvoir d’achat enfle partout dans le monde. Officiellement le CSLC reproche au journal "AMICALE", ce journal d’archives dont la ligne éditoriale est l’éveil des consciences, d’avoir publié les sept articles ci-après, jugés hostiles au pouvoir de Brazzaville :
 Il doit rester vivant pour payer ;
 Arrêtons la dictature ;
 Le dictateur voleur ;
 Il faut juger le dictateur ;
 La terreur dictatoriale au Congo ;
 Les bavures du dictateur ;
 L’agent double. [1]
parus dans les n° 132 et 133 des 12 et 19 février 2008. Le CSLC estime par exemple que l’article “Il doit rester vivant pour payer’’ « Pêche par le fait que son auteur affirme que Monsieur Denis Sassou-Nguesso a ordonné des viols de 3.422 femmes dans le département du Pool, le déplacement de 66.0000 personnes et le massacre de près de 200.000 personnes ». Le collège des membres du CSLC estime que le journal « Ne cite pas les témoins de ces prétendues victimes, ni un extrait des agences de presse citées comme source d’information, pour donner les éléments objectifs d’appréciation aux lecteurs ». Le CSLC reproche à ce journal la publication des articles susceptibles de troubler l’ordre public, la paix, la cohésion nationale et d’inciter à la division, au soulèvement populaire et à la partition du pays. »

Le procédé pyromane de la rédaction d’Amicale porte ses fruits. La provocation a généré la répression et puisqu’il y a répression il y a dictature. CQFD. C’est là une méthode d’action politique comme une autre mais elle nous répugne, elle est abjecte au même titre que la réaction du pouvoir qu’elle déclenche. Pourtant on doit bien considérer qu’elle s’est montrée habile puisque la démonstration semble désormais faite.

Comment le pouvoir est-il tombé dans un piège aussi grossier ? En interdisant il laisse s’effondrer cette apparence éminemment démocratique d’une presse libre et non censurée chèrement acquise. Cette interdiction est inique parce qu’elle ouvre la porte à tous les abus.

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