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La question centrafricaine en marge du sommet franco-africain du 6 & 7 décembre 2013

Le jeudi 28 octobre 2013, l’association Les Amis de la République Centrafricaine (ARC) a remis une lettre à l’Ambassadeur de la RCA à Paris, Son excellence, Emmanuel Bongopassi. Le document intitulé « La déclaration de Paris » dont l’extrait a été lu au cours de la manifestation publique ad hoc, place d’Auteuil, invite le plus vite possible les acteurs du conflit centrafricain de peser de tout leur poids afin que la France intervienne militairement dans un pays « au bord du génocide  ». Il se murmure que La France va exaucer ce voeu (on va dire)...incessamment sous peu.

Mobilisation

Une « foule » d’une trentaine de personnes (pas facile de mobiliser un jour ouvrable) s’est déplacée ce jeudi, bravant un froid de canard, pour soutenir l’action de Me Michel Langa (président de l’ARC) auprès de l’Ambassadeur. Le diplomate l’a alors reçu à huis clos, avec une délégation de 4 personnes - dont le porte-parole Jean-Claube Yombot. dans les locaux de la représentation centrafricaine, rue des Perchamps dans le 16ème arrondissement parisien.

Unis dans un même élan

Parmi les Centrafricains, on comptera, Place d’Auteuil, des amis togolais, congolais, français etc.

Solidarité diplomatique

« Lorsqu’il s’est rendu compte que nous ne venions pas en "casseurs" l’Ambassadeur a fait preuve d’une remarquable convivialité » s’est réjouit Me M. Langa. Après l’entretien, le diplomate centrafricain est alors personnellement allé saluer, rue d’Auteuil, les manifestants venus exprimer leur ras-le bol face à ce qu’ils estiment être l’immobilisme de la communauté internationale.

Son Excellence l’Ambassadeur Emmanuel Bongopassi

Le chancelier leur a expressément exprimé son soutien en précisant que, n’eut été son devoir de réserve, il aurait personnellement apposé sa signature au bas de la déclaration tant il était en parfait accord avec son contenu.

Sommet de L’Elysée

La mobilisation sociale de ce jeudi 28 novembre s’inscrit de toute évidence dans la dynamique du sommet franco-africain qui se tiendra vendredi 6 et samedi 7 décembre 2013 à L’Elysée. Y sont particulièrement attendus les Présidents africains directement impliqués dans le dossier centrafricain, notamment Idris Déby du Tchad, Denis Sassou-Nguesso du Congo, Paul Kagamé du Ruanda, Ali Bongo du Gabon, Paul Biya du Cameroun. Bien avant cette rencontre, la France qui va prendre la tête du Conseil de sécurité des Nations Unies, a donc donné son accord pour une intervention militaire en RCA où un contingent militaire supplémentaire vient d’être envoyé. Cela épouse du reste, l’une des revendications que L’ARC n’a eu de cesse de scander durant la manif, à savoir « la libération de la Centrafrique du joug des rebelles  »

Débandade

Selon Jeune Afrique (30 novembre 2013), les ex-rebelles de la Séléka seraient en train de quitter Bangui, prenant armes et bagages à l’annonce de l’intervention militaire française. Direction : Le Soudan, leur supposée arrière-base. Comme pour le débarquement en Normandie, on ignore pourtant la date de l’intervention française. « Ca ne saurait tarder  » disent, en chœur, les observateurs. Bonne chose que cette fuite de la hordes rebelles. Ces éléments incontrôlés avaient, jusque-là, mis la capitale Bangui à feu et à sang. L’Ambassadeur de France à Bangui idem Jeune Afrique du 30 nov.13) a été rappelé à Paris - en fait il a été limogé. A noter que L’Elysée a récemment fait la même chose de son Ambassadeur au Congo, Antoine Valette, histoire de traduire dans les faits la rupture de F. Hollande avec son prédécesseur, N. Sarkozy. (Aux dernières nouvelles, le pensionnaire de La Case de Gaulle à Brazzaville, y est encore -NDLR). L’imminence de l’intervention française avait de quoi inquiéter, à juste titre, les rebelles arrivés dans les bagages de Michel Djotodia depuis le coup d’état. Ces mercenaires africains de confession musulmane n’ont jamais fait l’unanimité autour de leur comportement. En effet, sans éthique militaire, ils ont passé leur temps à violer, voler et tuer des civils. Les voilà qui prennent la poudre d’escampette à l’idée d’affronter des soldats aguerris. « Courage, fuyons...! »

Ambiance

« Centrafricains Kotro oko, Centrafricains mara oko, Centrafricains yanga oko » (La Centrafrique = Un seul pays, un seul peuple, une seule langue) ont chanté les manifestants que le hasard des dispositions de la préfecture de Paris avait placés en face d’un Lycée. Les fantaisies de l’histoire voulaient sans doute pousser les militants de l’association des amis centrafricains de se livrer à un travail de pédagogie face aux élèves du Lycée J.B Say surpris par cette manif devant leur établissement. Ca n’a d’ailleurs pas tardé car dès la pause de 15 h, les lycéens ont assailli les militants de questions sur le sens de la manifestation.

« A qui vous adressez-vous en manifestant ici ? » s’est notamment interrogé un étudiant étonné du contraste entre la stratégie de communication de L’ARC dotée de puissants mégaphones et la faiblesse numérique de la mobilisation. « On lance un message à la communauté internationale » rétorque Denise Yakazangba du réseau des femmes en action pour le développement (REFAD) , soulignant le paradoxe d’une RCA « riche mais soumise à un conflit armé qui empêche son développement » en justifiant aussi que « La manif (avait) lieu devant le Lycée parce que celui-ci (était) situé non loin de l’Ambassade  » un no man’s dont la police avait interdit l’accès pour des raisons évidentes d’encadrement sécuritaire.

Lycéens assoifés d’histoire

Ce fut également le point de vue de Pascaline, militante chevronnée, qui, derrière la banderole, exprimera au micro son indignation sur l’indifférence de la communauté face à la très grave situation que traverse son pays la RCA.

Apolitisme

Jean-Claude Yombot, porte-parole de l’Association Les Amis de la République Centrafricaine, se situera dans la lignée « interventionniste » de ses compatriotes en précisant avec insistance qu’il n’y avait aucune « prise de position politique  » dans la démarche de l’association ; que seul comptait pour L’ARC, le salut de la Centrafrique. On comprend cette clarification car le doute subsiste encore dans l’esprit des observateurs sur les objectifs réels de l’ARC : vise-t-elle le pouvoir ou lutte-t-elle juste pour l’arrêt des conflits en RCA ?

Hymne national

Et les manifestants d’entonner l’hymne national dans les deux versions (sango et française) histoire de montrer le patriotisme des organisateurs et leur attachement aux valeurs universelles des Droits de l’homme dont la France est porteuse.

L’important était de « passer le message » de ce qu’il est convenu d’appeler « La Déclaration de Paris  », ont précisé en chœur Me Michel Langa et l’ex-député Serge Singha, conscients des rôles que les associations de la diaspora peuvent jouer dans le cours de l’histoire, notamment des changements en Afrique.

Précisons que cette déclaration entérinait les accords de Libreville malheureusement devenus caducs depuis la chute de François Bozizé. C’est que la question centrafricaine a ceci de particulier : le temps mis pour trouver les solutions est inversement proportionnel à la qualité des résultats. Plus ça dure, moins on semble voir le bout du tunnel.

Journée du sommet de décembre

En marge du Sommet de L’Elysée, le 7 décembre 2013 L’ARC consacrera la journée à des travaux de réflexion sur la situation qui prévaut en RCA et aux décisions qui vont sortir de l’interaction des chefs d’Etat franco-africains. Sans doute qu’à cet instant précis, La France aura déjà déployé ses paras dans la ville de Bangui afin d’y déloger les indésirables pensionnaires de la Séléka. Lieu symbolique de ces travaux de « cogitation » : La Maison de l’Afrique, une agora où eut déjà lieu la rencontre du 2 novembre 2013 (voir notre article). Bien que loin du point névralgique (L’Elysée) il ne reste pas moins que Me Michel Langa et ses amis auront une oreille branchée sur les résolutions du Sommet.

Après la manif place d’Auteuil

Jeudi 28 novembre, une « seconde mi-temps » s’est jouée dans la soirée au cabinet de Me Michel Langa, sans doute afin de consolider l’histoire de la jeune association car c’est dans ses bureaux et dans le restaurant Porto Bello dans le 18è arrondissement de Paris que se sont déroulées, en quelque sorte, les réunions constituantes de l’ARC. Le restaurant Porto Bello situé à Marcadet-poissonnier et tenu par un mélomane ayant des racines italiennes, Mario, mérite qu’on en dise un mot. Il est chargé d’histoire culturelle. L’Américain Duke Ellington y avait ses habitudes dans les folles années du jazz parisien. Par ailleurs jusque dans les années 1996, un grand pianiste congolais, Bruno Mbati (RDC) faisait vibrer les fêtards des nuits parisiennes.

Décès du Seigneur Tabu Ley

Alors que nous sommes au Porto Bello ce samedi 30 novembre, Me Michel Langa qui défend aussi bien les causes politiques que culturelles (on a vu) demandera directement l’avis de Papa Wemba quand il apprend la mort du Seigneur Tabu Ley à Bruxelles, survenue le même jour dans la matinée. « Je suis très affecté  » s’écriera l’artiste, disciple incontestable de Tabu Ley.

Adios Alemba, joint au téléphone dira son sentiment attristé sur la disparition de Tabu Ley : « Tabu Ley un monument ». Idem pour l’artiste Otis Mbuta « ému aux larmes ».

Le week-end, avant l’événement du 7 décembre, ne serait pas complet sans parler de la journée socioculturelle organisée par Nelly Gouandjia. au gymnase de Villeneuve-St-Georges. Nelly G. est également une militante de la première heure.

La déclaration de Paris

Déclaration de Paris

Les actions en image

Son Excellence Emmanuel Bongopassi s’adressant aux Amis de la Centrafrique

L’ambassadeur de la RCA

L’ex-député Serge Singha

On a bravé un froid de canard. Ici l’ex-député Serge Singha

Jean-Claude Yambot lisant la "Déclaration de Paris"
Jean-Claude Yambot lisant la "Déclaration de Paris"

Jean-Claude Yombot lisant la "Déclaration de Paris"

Aspect de la manif rue d’Auteuil

Aspect de la manif rue d’Auteuil

Porter haut et fort les doléances d’un pays

Porter haut et fort les doléances d’un pays

Mario, un féru du jazz et de la musique africaine : ici dans son restaurant le Porto Bello

Mario, un féru du jazz et de la musique africaine : ici dans son restaurant le Porto Bello

Betty Ngouazoye à Villeneuve St-Georges

Nelly Ngouazoye à Villeneuve St-Georges

Bety de la RDC et Nelly de la RCA

Bety de la RDC et Nelly de la RCA

Manifestation culturelle à Villeneuve St-Georges

Manifestation culturelle à Villeneuve St-Georges

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