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Le Président du Secours Catholique de France dénonce le drame des populations du Pool

Il y a quelques mois, les organisations humanitaires en activité dans le Pool avaient publié un rapport sur la situation socio économique dramatique dans cette région du Congo Brazzaville. Le Président du Secours Catholique de France M. Jean-Pierre RICHER qui s’est récemment rendu à Kinkala chef lieu du Pool confirme le drame que vivent les habitants de cette région. Espoirs et craintes d’une population.

Congopage : Vous avez séjourné à kinkala dans le Pool, quel était l’objet de votre visite ?

J.P. Richer : Depuis plusieurs mois déjà, le Secours Catholique apporte son assistance aux populations de la région du Pool au Congo Brazzaville. J’ai eu l’occasion de rencontrer les responsables de l’Eglise du Congo quand ils sont venus en France expliquer la situation des habitants de cette région. En tant que responsable du Secours Catholique j’ai facilité les contacts qu’ils ont pu avoir avec les autorités françaises au niveau ministériel. Ils m’ont invité à venir voir ce qui se passe et ce qui se fait sur place en faveur des populations.

Congopage : Dans quelle situation se trouve le Pool ?

J.P. Richer : Mon passage à Kinkala a été très court, mais suffisant pour se rendre compte de la situation d’isolement, d’enclavement dans laquelle se trouve le Pool. Des difficultés de communication. Alors que tous les interlocuteurs à Brazzaville disaient qu’il y a quelques années on arrivait à Kinkala en moins d’une heure, j’ai mis 6 heures pour parcourir les 75 km de Brazzaville à Kinkala. Cela veut dire que tout ce qui peut exister comme relation, y compris dans le domaine économique, est rendu extrêmement difficile avec des conséquences très graves pour la population.
Je n’ai pas vu le Chemin de fer, mais je pense que ce n’est pas simple non plus, même si les choses s’améliorent.

Congopage : Comment se présente la situation du point de vue sécuritaire ?

J.P. Richer : On m’a expliqué que la sécurité s’est améliorée. La situation est moins grave qu’il y a quelques mois. Un collègue qui y est allé au mois de juillet dernier n’avait pas pu prendre la même voie en raison des risques. Ces difficultés ont été réduites, donc c’est un élément de progrès, même si tout ne me paraît pas résolu. Nous avons vu de jeunes Ninjas dont on peut espérer qu’ils accepteront de se réinsérer. Ils ont rasé symboliquement leur coiffure rasta. Mais ces jeunes gens n’ont pas rendu leurs armes. Alors on se demande ce qui se passera s’ils sont laissés à eux-mêmes avec cet armement qui subsiste. Ce sont des risques graves.

Congopage : Quelle est la situation de la communauté catholique locale ?

J.P. Richer : A Kinkala, j’ai rencontré d’abord l’évêque, Mgr Portella, et une communauté paroissiale pleine de ferveur. J’ai eu un dialogue simple, franc et direct avec ces personnes.
Une sorte de table ronde au cours de laquelle on a vu quelles étaient leurs préoccupations. Ce sont des préoccupations de crainte d’insécurité, de santé, de logement, d’enseignement et bien sûr, la route a été d’abord évoquée. C’est vrai que j’ai aussi été frappé autant par leur espoir, autant et en même temps par leur situation de pauvreté.

Congopage : Quelle image forte vous revient en permanence à l’esprit sur ce séjour ?

J.P. Richer : La visite d’une école, avec des enfants disciplinés, prêts à apprendre, tout à fait capables de bien lire.
Mais j’ai été frappé des conditions dans lesquelles ils travaillent. Les élèves n’ont pas de livres, le maître écrit au tableau la leçon qu’il faut lire. Pour l’écriture, plusieurs élèves se partagent un cahier et un crayon difficilement pris en charge par la famille. Quand on compte 50 élèves dans la classe, il y a environ 15 places sur un banc. Alors les élèves écrivent tout simplement par terre, sur leurs genoux ou allongés. C’est le désespoir du maître, dont le salaire très réduit est d’ailleurs versé pour la plus grande partie par les parents eux-mêmes et non par l’Etat, qui nous a dit « c’est la seule façon qu’ils ont d’apprendre, je ne peux pas le leur reprocher ».

Congopage : Après cette visite, qu’est ce que Caritas France (Secours Catholique) va maintenant faire ?

J.P. Richer : Caritas France a commencé à soutenir les populations du Pool. C’est ce qu’on appelle le plaidoyer. C’est-à-dire faire connaître la situation en même temps qu’apporter un soutien matériel. Nous continuerons à témoigner de ce que nous avons vu, avec l’espoir qu’il y aura une amélioration qui viendra bien sûr des élections législatives tant attendues, de la route, et des transformations de l’intérieur du pays. Les congolais sont maîtres chez eux. On peut les aider par des conseils, des recommandations responsables venant de l’extérieur et la pression de l’opinion publique sur ceux qui décident de leur destinée.

Propos recueillis par J. MALONGA pour Congopage
Crédit Photo : Caritas France

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