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Les ateliers d’entretien du CFCO reprennent du service

Le Chemin de fer Congo Océan (CFCO) dans le souci d’aider et de permettre à sa clientèle de voyager dans les bonnes conditions, a mis en circulation depuis le vendredi 18 Avril 2008, une rame de huit voitures voyageuses et deux fourgons réhabilités sur fonds propres. Cet acte qui paraît comme une renaissance de cette entité, importante dans la chaîne de transport au Congo Brazzaville, a été réalisé en sept mois avec un montant global de 61 millions de f CFA.

Pour le DG du CFCO, Joseph Kidzouani, cette activité a été un moment important pour les cheminots qui sont rentrés une fois de plus dans la longue histoire de notre pays en général et du chemin de fer en particulier, car ils viennent de montrer aux yeux de tous ceux qui nous regardent qu’ils ont encore du sang dans leurs veines [1]. Les résultats auxquels ils sont parvenus, a-t-il poursuivi, n’ont été possibles que grâce à l’appui du Chef de l’Etat congolais et de son gouvernement.

M. Kidzouani a invité les cheminots à redoubler d’efforts dans l’esprit de discipline pour ramener l’outil de production au niveau de celui des années 80. L’entreprise a été dotée d’une enveloppe de 18 milliards de f CFA pour cette l’année 2008, dans l’objectif de :
 Réhabiliter des locomotives CC500 ;
 Acheter des voitures voyageurs de réemploi ;
 Contourner le point noir du PK493
 Réhabiliter et moderniser les communications.

Prélude à cette activité, le CFCO a doté le 17 avril 2008, ses agents et ouvriers de la direction du matériel de près de 500 tenues et des chaussures de sécurité. On avait pas vu ça depuis plus de dix ans.

Cette relance devrait permettre au CFCO de transporter ses passagers dans des conditions plus décentes, de motiver la corporation des cheminots autrefois si fiers d’en faire partie. C’est avec une part de l’esprit qui était jadis le leur qu’au prix d’efforts soutenus, ils ont remis à leurs passagers, un matériel voyageur rénové dans de bonnes conditions. Tous ont unanimement accepté de tout mettre en oeuvre pour la survie de leur outil de travail pourvu que le gouvernement et le Chef de l’Etat les soutiennent financièrement et techniquement. Ce n’est que dans le cadre de l’offre d’une entreprise présentable que le gouvernement peut espérer réaliser une opération de privatisation telle qu’il le souhaite.

Le personnel y trouvera-t-il son compte ?


Interview de Mr Célestin Mfoukou Président de l’Intersyndicale des travailleurs du CFCO

Monsieur Célestin Mfoukou

Nestor Bourangon : Le CFCO vient de mettre en circulation une rame de huit voitures et deux fourgonnettes, pouvons nous dire que le CFCO renaît ?
Célestin Mfoukou : Nous espérons que c’est la renaissance de notre chemin de fer. Il y a plusieurs années que nous avons sollicité du gouvernement un financement pour la réhabilitation du CFCO. Malheureusement le gouvernement ne nous comprenait pas. Nous osons croire que le Gouvernement a compris que ce que nous lui proposons était le meilleur chemin et que cette réhabilitation va se faire comme l’a dit le DG. Notre souhait est que le Président de la République et le gouvernement ne nous lâcheront afin que ce chemin de fer retrouve sa forme des années 80.

NB : En tant que syndicaliste, que vous inspire une telle réhabilitation sur fonds propres ?
CM : C’est une fierté lorsqu’une entreprise fait des réalisations sur fonds propres. Cela montre que l’entreprise est entrain de décoller. C’est une fierté lorsqu’on n’est pas subventionné. C’est aussi une manière de montrer à l’Etat qui est propriétaire de l’entreprise de quoi nous sommes capables de réaliser afin qu’il nous apporte un petit secours.

NB : Le gouvernement a prévu une enveloppe de 18 milliards pour cette année 2008 ?
CM : Effectivement, nous avons accueilli cette nouvelle avec joie. Je dois préciser que c’est la seconde année consécutive que nous bénéficions de ces largesses. En 2007, il y a eu un petit démarrage et aujourd’hui cela prend de la vitesse et nous espérons atteindre une vitesse de croisière en 2009.

NB : Dans cas on ne parlera plus de la mise en concession du CFCO ?
CM : Au conseil d’administration, il était retenu que la priorité du gouvernement et du Chef de l’Etat, était de remettre à niveau cette entreprise et ce n’est qu’à partir de là qu’on regardera quelle forme de concession on pourra envisager. Surtout qu’aujourd’hui c’est un passage obligé. Le gouvernement a fait de la privatisation une loi et elle s’impose à nous.

NB : Au-delà de cette réhabilitation, il y a un sérieux problème, celui de plusieurs mois d’impayés aux travailleurs. Qu’en pense l’intersyndicale ?
CM : Vous savez, dans un organe, il y a toujours ceux qui ne trouvent pas leur compte. Par exemple, dans le compte rendu que nous faisons aux agents après rencontre avec le patronat et très souvent s’ils n’ont pas eu ce qu’ils attendaient, nous sommes pris pour des corrompus tout comme du côté du patronat qui pense que nous inventons certaines choses. Mais nous pensons que nous y allons pour négocier, nous regardons ce qui peut être bien, ce qui peut être acceptable aujourd’hui pour continuer les négociations qui ne finissent jamais avec le patronat. Dans cette affaire d’arriérés, nous avons signé depuis 2006 un protocole d’accords avec le patronat qui devait payer deux mois d’impayés. C’est qui fut fait en 2007. Pour 2008, la promesse est faite pour fin juin et fin septembre. Nous attendons la confirmation de cette promesse.

NB : Que dites vous du problème de recrutement et de formation au CFCO ?
CM : Nous avons toujours sollicité des pouvoirs publics la résolution de ce problème et nous pensons aujourd’hui qu’ils ont compris que le chemin de fer ne peut pas rester dans un tel état sans personnel. Vous savez même si on crie modernisation mais nous n’avons pas encore atteint ce degré ou au top de la modernisation, car il y a certains métiers qui doivent se faire manuellement tels que le désherbage. L’expérience tentée avec des engins de désherbage n’a pas été concluante. Nous avons donc pensé qu’il faillait remettre des cantonniers pour près de 800 km de voie que nous avons, il faut avoir 800 personnes au niveau de la Direction Voie et Bâtiment pour ne pas dire une personne par km de voie. Sans compter au niveau des directions d’Exploitation et du Matériel.

NB : Vous conviendrez avec nous que cette réhabilitation est un signe que le CFCO est en train de sortir de sa convalescence ?
CM : Je dis, le cheminot connaît son métier ferroviaire et il peut évoluer partout parce qu’il est bien formé dans les grandes soudures dans nos ateliers. Nos soudeurs peuvent travailler dans le pétrole en mer sans difficultés car se sont de grandes soudures qui doivent supporter de grandes charges. En mer les soudures doivent supporter la rouille pendant que chez nous, elles doivent supporter la charge sinon qu’elles lâchent à chaque mètre.
Le cheminot est un homme qui et prêt car bien outillé pour toute bataille. Ce n’est pas le blanc qui viendra nous apprendre quelque chose. Nous venons d’ailleurs d’avoir trois experts français du Groupe Bolloré et en deux jours de leur installation, ils ont compris que le cheminot est près et il ne leur manque que le matériel. Donc le cheminot n’a pas besoin d’experts mais du financement et du matériel pour refaire vivre son chemin de fer.

NB : Le gouvernement congolais, en faisant recours aux expatriés pour gérer le CFCO, cela ne prouve t-il pas à suffisance qu’il n’y a de compétence au niveau de cette entreprise ?
CM : Il faut notre gouvernement fasse vraiment confiance à ceux à qui il a donné les bourses pour aller apprendre le métier ferroviaire. Et à ces derniers, ils doivent également savoir sanctionner ceux qui commettent des fautes pour éviter le laxisme, car la gestion ne concerne pas seulement de l’argent mais il y a également le personnel qu’il faut gérer. Donc le gouvernement doit faire confiance à ceux qu’il a envoyé étudier ou apprendre les métiers ferroviaires à l’étranger. Quant aux blancs qui viennent nous diriger ont les curriculum vitae que nous parce que nous avons appris dans les écoles qu’eux. Mais pourquoi le gouvernement ne prendrait-il pas les assistants blancs pour l’assister, s’il pense que c’est seulement dans les entreprises qu’il y a des maladies. Autant qu’il prend des assistants blancs pour les entreprises nationales, il devrait aussi le faire pour le gouvernement.

NB : Cela sous entend que le syndicat est contre l’arrivée des trois experts du Groupe Bolloré qui peut mettre un grain de sable le processus de mise en concession du CFCO ?
CM : J’ai dis devant le Ministre de transport que nous ne pouvons pas arrêter la marche d’un gouvernement qui a certainement d’autres vues. Mais ce que nous lui demandons c’est de nous expliquer ce qu’il entend faire dans une transparence. Or ça irrite si c’est de l’opacité.

NB : Et votre dernier mot ...
CM : Nous demandons au Gouvernement de poursuivre son effort le financement du CFCO car le chemin de fer demande énormément d’argent pour sa remise à niveau. C’est une bonne chose cette enveloppe mais le souhait est que cela augmente pour atteindre au moins 25 milliards voire plus en 2009. Notre chemin de fer pour faire des grands bénéfices, doit financer à la hauteur de près de 60 milliards de f cfa. Mais cet effort du gouvernement est encourageant et nous espérons qu’il va faire plus en trois ans de mise en concession du CFCO retenue.

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