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Les juristes congolais et africains décident de rendre un hommage posthume au professeur Nestor Makoundzi-Wollo

La doctrine congolaise, africaine et africaniste de droit public décide de rendre un hommage posthume au professeur Nestor Makoundzi-Wollo. Il y a un peu plus de deux ans disparaissait le doyen Nestor Makoundzi-Wollo à la suite d’un affrontement caractérisé par l’inégalité des armes avec ce qu’il est convenu d’appeler sobrement une longue maladie. Il a combattu la maladie avec courage et dignité.

Plutôt qu’une systématique, une compilation, c’est une posture intellectuelle à travers son enseignement et ses travaux que le doyen Makoundzi-wollo aura légué à des générations d’étudiants et à la science du Droit public en Afrique francophone. Professeur au talent pédagogique exceptionnel, bibliothèque ambulante, Nestor Makoundzi-Wollo était un homme de haute exigence qui suscita des vocations et façonna des esprits. Exigence qu’il manifesta à l’égard de tous :étudiants, collègues, membres de l’administration de l’université, membres du conseil constitutionnel.

En tant que directeur de l’INSSEJAG et doyen de la faculté de droit de l’université Marien Ngouabi, Nestor Makoundzi-Wollo oeuvra contre les conservatismes de tout acabit à la flexibilité heureuse d’un système d’examen naguère apte à produire des échecs de masse. A ce sujet, avec délectation, il aimait à répéter à la séance inaugurale aux étudiants de première année ces mots qui résonnent encore en nous : "Il y a quelques années dans ce pays, lorsqu’un étudiant était orienté à la faculté de droit, c’était un deuil pour toute la famille. Nous avons démystifié, démythifié les études de droit dans ce pays sans brader les diplômes". Plusieurs de ses étudiants devenus en Afrique, au Canada et en France notamment avocats, magistrats, Enseignants-chercheurs... mesurent aujourd’hui combien immense est la dette à la mémoire de ce talentueux passeur de connaissances. A l’égard de son pays le Congo, Nestor Makoundzi-wollo pratiqua le devoir de disponibilité et d’assistance en conseillant les gouvernants, et en rédigeant notamment de sa main de maître la constitution congolaise du 15 mars 1992. Conforté par la légitimité de l’ordre politique issu de la conférence nationale souveraine et de l’Etat de droit démocratique naissant, Nestor Makoundzi-Wollo accepta comme un devoir-être de siéger au conseil constitutionnel en tant qu’enseignant de la faculté de droit de l’université Marien Ngouabi.

A l’égard du continent africain, Nestor Makoundzi-wollo à côté d’autres juristes africains fut chargé par le comité de libération et le comité juridique de l’OUA de rédiger notamment le projet de constitution de la Namibie indépendante. Outre le droit constitutionnel, les domaines de prédilection du doyen furent également le droit international public, le droit de la mer, le droit de l’intégration économique et le droit administratif - matières dans lesquelles, il signa de nombreux articles et donna des conférences notamment dans des universités africaines. Le doyen Nestor Makoundzi-Wollo suscitait un attachement par la chaleur avec laquelle il s’entretenait avec les étudiants et les doctorants revenus au pays à la recherche des matériaux. Le plaisir des rencontres avec lui résidait dans la richesse des discussions interminables, la convivialité joyeuse des moments partagés.

Il maniait l’humour en commentant parfois avec ironie telle situation. Ces étudiants se rappellent encore cette anecdote que le doyen distillait pour détendre les esprits et pour illustrer les dysfonctionnements de l’administration congolaise : celle de ce fonctionnaire médusé, qui apprit sa nomination tandis qu’il se livrait à une lecture hasardeuse sur la feuille de papier transformé en cornet de cacahuètes qu’il venait d’acheter. Juriste hors pair, Nestor Makoundzi-Wollo laisse une place vide dans nos coeurs. Pour la communauté "jus publiciste" congolaise, africaine et africaniste la perte est indéniable. Le doyen s’en est allé avec des projets scientifiques plein la tête.

S’en est allée une silhouette imposante S’en est allé un débatteur acharné à l’éloquence captivante : un homme passionné Pour saluer sa contribution au droit public, sa contribution à la formation de générations de juristes congolais, le cheminement d’un universitaire accompli, ses étudiants, ses collègues, ses amis, la doctrine africaine et africaniste de droit public ont manifesté le désir de lui rendre hommage après son décès prématuré. Le cercle dans lequel se range l’auteur de ces lignes est celui d’ancien étudiant du doyen. On aurait aimé réunir des études en l’honneur du doyen Nestor Makoundzi-Wollo et les lui offrir à l’occasion de son départ à la retraite, une retraite que l’on imaginait active et prolifique sur les hauteurs de Madingou dans sa Bouenza natale. Mais le destin en a décidé autrement, en nous imposant la voie d’un hommage posthume.

Ces mélanges bien qu’agrégés autour du thème suivant du reste très ouvert : "EVOLUTIONS/PERMANENCES, MUTATIONS/REVOLUTIONS RECENTES DU DROIT PUBLIC EN AFRIQUE" auront à mêler les sujets, les domaines et les approches en témoignage d’estime et de reconnaissance. Plusieurs personnes légitimement souhaiteraient on le sait s’associer à un hommage à Nestor Makoundzi-Wollo.

Mais, sans être un pourfendeur de l’interdisciplinarité, un défenseur de la summa divisio (droit public/droit privé), je serai amené en tant que responsable scientifique du projet à n’accueillir que les contributions dont la perspective normative sera à dominante droit public et quelques contributions à dominante sciences politiques. Qu’il soit entendu que cet ostracisme n’est fondé que sur des considérations épistémologiques tenant à la nécessité de donner une cohérence à l’ensemble des contributions.

Bien entendu, je serai heureux d’accueillir des propositions dans la mesure où elles s’inscriraient dans la thématique retenue. Dans un souci d’efficacité, je vous serais obligé de m’adresser d’abord un abstract de chaque proposition de contribution. Cette précaution me permettra de veiller à l’équilibre entre les champs d’étude d’une part, et d’éviter d’éventuelles analogies dans les choix thématiques d’autre part. Afin de permettre à tous les éventuels contributeurs de disposer d’un temps de travail suffisant, tout en ayant le souci d’une publication dans un délai raisonnable, il serait souhaitable que les contributions d’un volume maximum d’une quinzaine de pages imprimées me soient adressées d’abord par mail, après sur disquette au plus tard le 20 décembre 2005. Une feuille de style sera mis à la disposition des contributeurs sur le site ci-dessous.

Le projet commençant à prendre forme, j’ai souhaité expliquer aux éventuels contributeurs que cet hommage était uniquement guidé par une logique scientifique. J’ai réuni autour de moi une équipe pour pallier l’absence d’un secrétariat afin de gérer d’un point de vue administratif le projet. Elle est composée de personnes suivantes (Maître Christian Nzaloussou docteur en droit, avocat au barreau de Paris), Gérard Ndoundou, docteur en droit, ancien chargé de cours à l’université de Toulouse I, Alban Mapithy ma Mapithy (doctorant à l’université de Poitiers). Pour tout contact, vous pourriez utiliser l’adresse électronique ci-dessous qui a été mise en place pour les besoins de la cause.

Je vous adresse mes salutations distinguées. Fait à Boulogne sur mer le 4 avril 2005 Martin MANKOU Docteur en droit, H. D. R. Inscrit sur la liste nationale de qualification aux fonctions de maître de conférences des universités, section 02 (droit public) Chargé d’enseignement à l’université du Littoral Côte d’opale Chercheur à L’IREDE-CNRS, université de Toulouse 1

Adresse e-mail : [email protected]

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