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Droit traditionnel

Les us et coutumes Mbochis selon Jean-Dominique Okemba

Les Mbochis sont comme les anciens Gaulois : la seule chose dont ils ont peur c’est que le ciel leur tombe sur la tête. Le reste, ils s’en fichent royalement.

Jean-Dominique OKEMBA vient de faire une déclaration fracassante dans son village : « J’ai brûlé le POOL et le ciel n’est pas tombé.... N’oubliez pas qu’eux aussi les sudistes chercheront à se venger un jour.... Je suis le gardien du temple du Nord. »

Cette déclaration délirante, à supposer qu’elle soit vraie, a interpelé plus d’un Congolais, notamment Me Philippe Youlou, avocat au Barreau de Nice.
Pour Me Youlou, il s’agit d’un aveu de crime et celui qui a fait cet aveu est ipso facto passible d’une procédure pénale.

«  Dominique OKEMBA vient délibérément faire des déclarations d’assassinats des Congolais » s’étonne l’avocat franco-congolais.

« Est-il sciemment responsable de cet aveu ? » s’interroge-t-il.

Ces propos qui attendent d’être confirmés, ont semble-t-il été tenus devant les « sages » d’Oyo. C’est tout de même étonnant. D’ordinaire lorsqu’on consulte les sages, c’est le consultant qui écoute tandis que les sages parlent. Ici c’est l’inverse. Quels sont ces sages qui ne posent pas une seule question ? « Soyez sages comme des images, écoutez-moi » semble circonvenir Okemba. Mieux : les sages l’encouragent avec des billets de banque au fur et à mesure qu’ils boivent ses paroles. Aucune question, par exemple, sur le mobile de ces assassinats.

« Je suis le gardien du temple du Nord » a ajouté Okemba. Sous-entendu : « le vrai sage c’est moi ».
Il s’agit d’un aveu (reconnaissance d’un fait). Okemba s’est « mis à table sans qu’on ne l’y oblige. »

Les conséquences juridiques

L’individu reconnait avoir accompli des assassinats, notamment dans la Région du POOL ou même dans d’autres régions du Congo.
Me Philippe Youlou rappelle que pour la gouverne de Dominique OKEMBA, des politiques Congolais, des associations de défense contre la liberté individuelle et collective, des Institutions notamment judiciaires, le Général MOUKOKO est actuellement en prison pour avoir, selon ses accusateurs « enregistré une cassette où il préparait un cout d’Etat » , ce qui lui a valu 20 ans d’emprisonnement, alors que les preuves n’ont jamais réellement démontré ce « coup d’Etat »

Pour l’avocat congolais, le Parquet Général doit convoquer Dominique OKEMBA sur lesdites déclarations jugées graves. Les Avocats Congolais, les associations, etc. doivent déposer une requête contre lui ainsi que d’autres responsables et institutions du Congo. Cette plainte doit viser OKEMBA et les autres responsables pour avoir assassiné avec préméditation les Congolais et causé ainsi des dommages humains irréparables.
« Cette plainte au pénal et au civil vise le régime autoritaire du Congo ainsi que d’autres responsables et instituions. »

Ce régime fait ce que font tous les régimes autoritaires : avouer ses crimes avec le sentiment d’impunité. Crime sans châtiment.

« Je lance une pétition contre OKEMBA et les autres responsables dans le but de leur porter plainte. Le crime ne doit pas rester impuni. Une fois que les Congolais auront vaincu ce sale virus, ils demanderont des comptes à ce régime corrompu. » promet Me P. Youlou.

Sages ou courtisans ?

Qu’est-ce qu’un sage ? Difficile de parler de « sage » quand on voit les béni-oui-oui auxquels s’adresse Jean-Dominique Okemba dans une vidéo en langue mbochi. Il faut en effet être né de la dernière pluie pour qualifier de « sages » des individus qui gratifient de billets de banque celui qui est venu solliciter leur conseil. Chez les Grecs un sage est une personne dont le métier est de discuter ce que le commun des mortels considère comme vérité d’évangile. C’est même la définition de la philosophie, de l’intelligence. La société grecque n’en comptait que sept, parmi lesquels Thales. Le sage est un spécialiste du sacrilège. Sa parole est assortie d’une violence dont le but est de conjurer la vérité, qui à ses yeux demeure, jusqu’à preuve du contraire, une erreur vivante. Raison pour laquelle consulter un sage était une démarche redoutable.

En vérité, Jean-Dominique Okemba discute avec un ramassis de voyous et d’assassins sur le compte desquels on a appris, par ailleurs, qu’ils étaient capables de décréter qu’on coupe les doigts et les oreilles de tout individu coupable de vol à Oyo ; amputation de doigts et d’oreille de tout individu sauf les membres du clan des Nguesso. Sagesse ou barbarie ? Rien à voir avec Pythagore, l’un des sages grecs qui fit progresser la connaissance humaine.

Sorcellerie

On a affaire à des bouchers, des adeptes de l’ancienne loi juive dite du Talion. Certes le mbochi n’est pas la langue nationale la plus comprise de tous. Toutefois, ce qui transparaît du monologue vernaculaire de Jean-Dominique Okemba c’est l’articulation d’un plan de bataille dont ses adversaires devraient prendre garde car il est élaboré par quelqu’un (lui) qui détient des armes et des militaires capables de les manier. Qui sont ses (ces ) ennemis qui doivent d’abord enjamber son cadavre (à lui) avant d’atteindre Sassou, Jean-Dominique Okemba n’en dit mot. Allez donc comprendre quelque chose dite dans une langue dont on comprend à peine le sens et dont le locuteur formule le contenu en codes, en non-dits et en sous-entendus ! Vous cherchiez la définition de la sorcellerie africaine, vous l’aviez.

D’abord marcher sur son cadavre avant d’atteindre son oncle Sassou ! Rien que ça. En Droit moderne, c’est d’abord le Parlement, le Sénat et le peuple qu’il faut consulter pour abattre un monarque… Mais passons.

Ensuite le camarade Jean-Dominique Okemba, dans sa plaidoirie pro domo, s’érige en rempart contre une potentielle vindicte Kongo-Lari consécutive à tout le mal que lui et les vainqueurs du 5 juin 1997 ont fait à ce peuple : pillages, razzias, viols, vols, politique de la terre brûlée, chasse à l’homme…On en passe et des pires. Les sages valident le propos, les billets de banque passent de leurs mains à celles de ce milliardaire mbochi. Quand l’hôpital se moque de la charité, ça doit donner ça.

Qui est Jean-Dominique Okemba ?

Jean-Dominique Okemba alias JDO est un personnage inquiétant. Dans une affaire de justice traditionnelle où un gendarme s’opposa à la loi du Talion que voulaient appliquer sur des voleurs les fameux sages de l’Alima (en l’occurrence la section des doigts), la solution fut trouvée au domicile local d’Okemba connu pour être le conseiller occulte du Président Sassou dont il est aussi le neveu (d’autres disent le cousin, le frère de lait). Il est comme Merlin l’enchanteur pour le Roi Arthur. On lui prête des pouvoirs magiques. Il aime la danse folklorique édenda, à la grande admiration de Sassou et d’Isidore Mvouba. Il est capable de monter sur une tombe et faire le coup de feu comme à la foire.

Il est aussi l’agent secret (le commissaire Javert mbochi), le pus craint et le plus retors du régime Sassou. Il est pour le tyran d’Oyo ce que Beria était pour Staline : un redoutable tueur dont les cimetières étaient remplis de ses victimes.
Il est vice-amiral, mais personne ne l’a jamais vu en haute-mer à la tête d’un bâtiment naval.

En raison de son pouvoir, il s’est fait des jaloux dans sa propre famille politique. Ceux qui disent avoir «  fait la guerre en 1997  » n’ont guère le souvenir de l’avoir vu au front. Pour ses adversaires, JDO (son sobriquet) est un planqué, un opportuniste, un ouvrier de la onzième heure.

Même s’il ne prononce pas de nom dans son discours aux sages, parmi ceux qui rêvent de le faire tomber figure, en première ligne, le général Ngatsé Nianga-Mbouala alias Djo-Bill, un militaire inculte ayant des litres de sang sur les mains. La spécialité de Djo-Bill est de dénoncer ceux qui le consultent pour attenter à la vie de Denis Sassou-Nguesso. Un traître en somme. Le général Norbert Dabira est aujourd’hui derrière les barreaux pour l’avoir associé à un projet de coup d’état visant à tuer Sassou en faisant exploser son avion en plein vol.

L’avenir des Mbochi

Le souci de Nianga-Mbouala c’est « l’avenir des Mbochi  ». Celui de Jean-Dominique Okemba aussi. Il suppose que les Laris auxquels il a fait tant de mal penseront à se venger à la première occasion. Sauf que pour Djo-Bill, JDO s’est mis en tête le projet d’être à la tête du pays à la place de Sassou, « mort ou vif  ».

Cependant, JDO a le chic de nier en bloc ses propres propos. En 2013, au procès des prétendus auteurs des explosions de Mpila en 2012, le neveu du colonel Marcel Ntsourou, un policier nommé Kevin, répéta à la barre une petite phrase anti-Sassou dite par le conseiller spécial en privé. Evidemment, au procès, Okemba nia catégoriquement, assena sa formule classique selon laquelle il tient à la vie de Sassou comme la prunelle de ses yeux.

Les observateurs aguerris de la politique congolaise disent de JDO qu’il serait l’homme de La France. Selon le schéma de l’Elysée, il serait envisagé au Congo-Brazzaville un scénario à la Guinée équatoriale ou le neveu Obiang Nguéma tua l’oncle Macias Nguéma et prit sa place. Le scénario Kabila ou Eyadéma aurait été écarté.

Balivernes !

En guise de riposte aux rumeurs de sa destitution par L’Elysée, Sassou logea deux balles de kalachnikov dans la carlingue d’un airbus français sur l’aéroport de Pointe-Noire, histoire de montrer qu’il était capable d’être nuisible, toxique.

Le ciel est tombé

Depuis 2012, Okemba est accusé d’être le Brutus de Sassou. Ca devient un disque rayé. En fait ce qui unit Okemba et Nianga-Mbouala est supérieur à ce qui les divise. Ils ont tout à perdre si Sassou perd le pouvoir. Ils sont tous milliardaires et jouissent des avantages du pouvoir. Ce serait folie de leur part de tuer la poule aux œufs d’or.

Toutes leurs querelles dont l’enjeu, paraît-il, est de contrôler le jeu politique à la mort de Sassou, tout cela fait partie, à notre avis, de la comédie humaine. En effet l’avenir des Mbochis ne vaudra pas un copeck à la chute de Sassou. JDO n’a pas tort de penser que les opposants du Pool lui feront beaucoup de tort s’il devient Khalife à la place du Khalife. Quarante ans de recréation, ça suffit. Personne ne supportera Okemba après avoir souffert l’hégémonie mbochi près d’un demi-siècle. Une note du Quai d’Orsay dit que la pandémie va emporter beaucoup de dictateurs africains.

Pour les croyants, la crise économique associée au confinement, c’est signe que le ciel est finalement tombé sur la tête du pouvoir mbochi. Dieu frappe. La grogne gagne les Congolais. Ironie du sort, Jean-Dominique Okemba se fait appeler Morazambé (Jésus). Aujourd’hui le ciel lui dit : « Vade Retro Satanas ».

Thierry Oko 23 avril 2020

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