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Manifestation anti "Sassou" à proximité des QG de Chirac et Jospin

"90 % au premier tour. Chirac/Jospin en rêvaient, Sassou l’a fait"

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Quelques dizaines de manifestants s’étaient donnés rendez vous hier au Métro Strasbourg-St Denis, à proximité des QG de campagne des deux chefs de l’exécutif-candidats. Ils ont dénoncé les rapports amicaux qu’entretiennent les autorités françaises avec le président du Congo Brazzaville Denis Sassou-Nguesso.

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"90 % au premier tour. Chirac/Jospin en rêvaient, Sassou l’a fait" proclame une banderole. 3 jours avant le premier tour de l’élection présidentielle en France, les militants de Survie et de différentes associations Congolaises ont cru bon de revenir sur celles qui ont eu lieu au Congo Brazzaville le 10 mars dernier, remportées haut la main par le Président sortant, "Sassou". Un "viol électoral", selon ces associations, qui reprochent aux autorités françaises leur soutien "sans faille" à ce "pouvoir illégitime et meurtrier".
Si les militants ont été bloqués par les CRS qui les ont empêchés de se rendre devant les QG de campagne de Jospin et Chirac, ils ont tout de même crié des slogans et distribué des tracts à un public très peu concerné dans sa très grande majorité... Une "médiatrice" des RG les a encouragés à ne pas trop s’attarder, faute de quoi les CRS se verraient dans l’obligation de les évacuer manu militari...

Dans un communiqué suivant les élections présidentielles congolaises, le Parti Socialiste français a pris acte de la victoire de "Sassou", estimant "cependant que cette forme de plébiscite n’est pas de nature à assurer le retour durable de la paix civile dans ce pays", et souhaitant "que les prochaines consultations électorales permettent l’expression d’un réel pluralisme au Congo, assurant ainsi les conditions nécessaires à une coopération plus harmonieuse entre la France et le Congo"...

Cinq semaines seulement après l’élection de Sassou, "le retour durable de la paix au Congo" Brazza est déjà largement compromis. Depuis plus de deux semaines en effet, la situation y est dramatique. Les populations du sud du pays sont à nouveau soumises à la guerre et à la violence : elles sont déplacées, quand elles ne sont pas bombardées. Des combats (les plus violents depuis le cessez-le-feu de 1999) ont éclaté dans Brazzaville et ses environs, et surtout dans la région du Pool, entre l’armée congolaise et les miliciens Ninjas du pasteur Frédérik Bitsangou, dit "Ntoumi". "Nous avons décidé de restaurer l’ordre dans la région de Pool où la guérilla persiste à tenir la population en otage", a déclaré un colonel congolais pour expliquer certaines opérations massives de bombardement. C’est à la mode : officiellement, Sassou mène donc une lutte anti-terroriste. Mais dans les faits, pour les militants présents hier, c’est tout simplement "la reprise des exactions cautionnées par la France et l’UE".

Petit rappel historique : le président "Sassou", revenu au pouvoir à la faveur de sa victoire militaire en octobre 1997, avait déjà dirigé le Congo de 1979 à 1992, année de l’élection de Pascal Lissouba. A son retour aux affaires, il a laissé s’instaurer un climat de terreur auprès des populations originaires du sud du pays. En 1998, les exactions se multiplient : villes et villages bombardés, habitations incendiées, viols, civils tués. Une partie de la population doit vivre cacher dans les forêts pour échapper aux massacres, ce qui provoque un nombre important de victimes, mortes de faim ou de maladie.
Dans sa reconquête impitoyable du sud de la capitale et du pays, Sassou peut compter sur une alliance de soldats et miliciens recrutés sur critère ethnique, de forces étrangères (Angolais, Tchadiens, la garde présidentielle zaïroise et l’ex-armée rwandaise), et de mercenaires, notamment français.
En avril 1999, une mission de l’ONU indique que les villes de Nkayi et Dolisie ont été les cibles d’un nettoyage ethnique. Pendant un an et demi au moins, les exactions sont d’une extrême violence, massives, systémetiques. Certaines associations n’hésitent d’ailleurs pas aujourd’hui à employer le terme de génocide. Difficile encore aujourd’hui de chiffrer le nombre total de victimes. Combien de dizaines de milliers de personnes ?
Comme le rapporte Survie dans un tract, le ministre de la coopération Charles Josselin en visite au Congo en novembre 98 avait déclaré que la France était "le seul pays occidental à manifester sa présence critique au Congo aux côtés de Sassou Nguesso, au lieu d’une absence moralisatrice"...

Politiquement, mais aussi économiquement, la France a soutenu Sassou. Quand il est revenu au pouvoir par les armes en 1997, Elf, et dans une moindre mesure Bolloré, étaient ses alliés économiques les plus sûrs. Il faut dire que le Congo Brazza est le quatrième producteur de pétrole de l’Afrique subsaharienne...

C’était donc pour dénoncer "les relations de copinage politique et financier unissant la France à un certain nombre de régimes autoritaires, criminels et corrompus", et informer les électeurs de "la complicité, voire le soutien, accordé par la France aux crimes perpétrés par ces régimes alliés" que les militants s’étaient déplacés hier dans le quartier des QG des deux candidats à l’élection présidentielle, tous deux déjà en fonction en 1997, lors du retour de Sassou sur le devant de la scène internationale...

Vincent Riou ©Digipresse 2002

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