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Marcel Ntsourou écope la perpétuité, Sassou arbore un large sourire

Au Congo-Brazzaville, en matière judiciaire, c’est devenu une habitude, presque une coquetterie nationale : l’organisation des vrais faux procès. Les optimistes jureront que ce pays va à vau-l’eau car, « lorsque la justice échappe des mains de ceux qui la contrôlent, elle devient une véritable machine à tuer  » dixit Soni Labou Tansi. Les épigones du « chemin d’avenir  » soutiendront que le procès se serait déroulé normalement. C’est de bonne guerre. Les démocrates et les réalistes du Congo-Brazzaville à l’instar de Jean Luc Malékat, coordonateur des Assises pour l’Alternance tireront la sonnette d’alarme sur la dérive de l’institution judiciaire politisée et fortement tribalisée. Et, c’est à juste raison.

Châtiment

La cour criminelle a prononcé le jeudi 11 septembre 2014 à Brazzaville, la condamnation de l’ancien secrétaire général du conseil national de sécurité (CNS) le colonel téké Marcel Tsourou à des travaux forcés à perpétuité dans le cadre du verdict de l’affaire du 16 décembre 2013. Le verdict du 11 septembre 2014 prononcé par Christian Oba conformément aux réquisitoires du Procureur général Théophile Mbitsi obéit à l’esprit et à la lettre de la stratégie concoctée dans les officines de Talangaï. Le frère de Pierre Oba, le juge Christian Oba avait prévenu. Il allait frappé très fort. La voix de Christian Oba, frère de Pierre Oba, ancien ministre de l’intérieur et actuel ministre des mines, n’a pas tremblé pour envoyer le colonel téké au frais à vie. Le champagne a coulé à flot en Espagne où Sassou et son clan sont en villégiature. Une sentence qui a comblé d’aise Sassou Nguesso et Aimé Emmanuel Yoka
qui avaient très mal vécu la condamnation à cinq ans avec sursis du colonel téké Marcel Ntsourou. Un crime de lèse majesté chèrement payé par Mathurin Bayi et Corneille Moukala Moukoko (Mwinda.org, 6 mai 2014, L’ire de Sassou s’abat sur M. Bayi et C.Moukala Moukoko).

La justice du septentrion

Désormais l’ethnocentrisme des hommes de L’Alima marche à visage découvert. Jugez-en : Christian Oba, cadet de Pierre Oba, Théophile Mbitsi, chaussent les chaussures du président de la Cour d’appel de Brazzaville Bayi et Corneille Mounkala Moukoko, procureur général près la cour d’appel de Brazzaville. Oba et Mbitsi : deux hommes liges qui prendraient des instructions directement au palais de Mpila à l’instar du procureur de la République près le tribunal de grande instance de Brazzaville le magistrat colonel André Oko Ngakala. Comme naguère Charles Assémékang et Jacques Okoko qui condamnèrent à la peine capitale onze innocents (Ndoudi Nganga, Mizélé, Kanza, Samba dia Nkoumbi,…) lors du procès de l’assassinat du commandant Marien Ngouabi en 1978 à l’époque du comité militaire du parti (CMP) dont le premier vice-président était le commandant Denis Sassou Nguesso. C’est d’ailleurs au cours de ce procès que
Jacques Okoko lança la phrase qui lui colle comme la tunique de Nessus : »Même les tékés veulent diriger ce pays ?  ». Y a-t-il une corrélation entre les ennuis judiciaires de Marcel Ntsourou et la sortie de Jacques Okoko ?

Déjà Madzou

Parmi les juges aux ordres des faux procès qui ont émaillé la triste histoire judiciaire du Congo-Brazzaville, figurent en haut du palmarès Charles Madzou et Paul Ngatsé Obala. A cette liste sombre, il faut dorénavant ajouter Christian Oba et Théophile Mbitsi.

Aux ordres

Au Congo-Brazzaville, Sassou Nguesso et Aimé Emmanuel Yoka exigent des magistrats qu’ils soient perpétuellement longanimes. Ce qui est le cas de Christian Oba et Théophile Mbitsi. Les consignes de la condamnation à la prison ferme du colonel téké Marcel Ntsourou ont clairement et scrupuleusement été respectées au doigt et à l’œil par les deux magistrats : Christian Oba et Théophile Mbitsi. Les avocats de la défense ont considéré que « C’est une décision illégale, inadmissible, rédigée ailleurs  ».

C’est un euphémisme que de le déclarer. En condamnant l’officier téké aux travaux forcés à perpétuité, Sassou Nguesso et Aimé Emmanuel Yoka démontrent, par l’intermédiaire de Christian Oba et Théophile Mbitsi, qu’ils tiennent fermement et solidement la barre du pouvoir judiciaire. Et, du pouvoir tout court. A l’échelle des condamnation, au Congo-Brazzaville, il est moins risqué de faire sauter tout un quartier de la capitale que d’entrer en rébellion contre les forces publiques. Reste au colonel téké Marcel Ntsourou, pour espérer revoir la lumière du jour et respirer l’air frais, de supplier la grâce de Sassou en vue de l’absoudre du péché d’avoir osé revendiquer le galon de général et de menacer faire devant les tribunaux français des révélations sur les disparus du Beach de Brazzaville.

Benjamin BILOMBOT BITADYS

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