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Musique congolaise

Max Toundé, producteur de Rapha Boundzéki, répond à ses détracteurs

Suite aux propos acerbes qui se déversent sur Max Toundé ( producteur de Rapha Boundzéki) celui-ci, joint au téléphone par Congopage, a tenu à mettre les choses au point.

Question : On a parlé d’indifférence de votre part, d’exploitation de l’homme par l’homme au sujet de Rapha Boundzéki
C’est de la pure diffamation. J’ai appris que les gens veulent me faire la peau à Brazzaville. Ces menaces sont loin de m’intimider. Le chien aboie la caravane passe. Je descends à Brazzaville ce lundi, je foulerai le sol de la capitale à 17 h. On m’abreuve d’injures. J’entends des attaques sur des handicaps physiques. Ca vole trop bas. C’est vrai que j’ai eu un accident corporel. Mais ça peut arriver à n’importe qui. J’ai été dédommagé. Mais qu’ai-je fait aux gens ? Je n’ai jamais dragué leurs épouses. Je suis marié à Philo. Je l’aime. Rapha est parti. Mais un musicien ne meurt jamais. La sapologie continue. J’ai un contrat à vie avec Boundzéki Rapha. Sapologie 4 est en voie de sortir. Boundzéki y figure.
Quand on m’insulte physiquement, quand on touche à l’honneur de feu mon père (un grand résistant), je ne puis le tolérer. D’ailleurs je vais porter plainte contre les sites qui laissent passer ce genre d’inepties. Pourquoi ne censurent-ils pas leurs internautes ?

Q : Nous pensons qu’ils respectent aussi la liberté d’expression. C’est pour cette raison qu’on a tenu à recueillir votre opinion.
Je me suis occupé de Rapha durant près de deux décennies. Je ne lui devais même pas 1 franc. Je lui ai même fait des avances d’argent quand il était embêté. Rapha était comme un membre de ma famille. Je l’ai fait soigner à Paris quand il est tombé malade. Les Congolais, jaloux, ne peuvent pas l’imaginer. Être Producteur est un métier à risques. G.G. Théo qui est à mes côtés (un producteur congolais - NDLR) peut en témoigner. Il vient de Brazzaville où il tient un bar à Moukondo, « Le point chaud ».

Q : On dit pourtant que vous avez lâché Rapha ?
Non. On a continué à s’appeler après son retour à Pointe-Noire. Je savais qu’il était malade. Il souffrait d’hypertension. Son médecin parisien avait conseillé de prendre beaucoup du repos.

Q : Aviez-vous des projets ?
Il devait revenir en France pour un concert à Lyon et à Manchester. J’étais allé récemment à Brazzaville pour ficeler ça. Comme il était marié en France, nous avons entamé des démarches à Nantes pour régulariser sa situation administrative.

Q : On parle beaucoup de la SACEM dans le drame qui a emporté Rapha Boundzéki
Nous avons également fait des démarches auprès de la SACEM où nous avons retiré le fichier. Au bout du compte, la SACEM avait versé ses droits (4622 euros) au BCDA (Bureau Congolais des Droits d’Auteurs). Boundzéki avait déjà perçu une avance de 400.000 Fcfa. Il attendait le reste. Boundzéki vivait à Ponte-Noire, il est donc descendu à Brazzaville toucher ses droits d’auteur. Le BCDA lui devait l’équivalent de 4.000 euros. J’ai vérifié si la somme était disponible au siège de la BCDA. On m’a dit « oui ».

Q : Et alors ?
Le ton a monté entre Boundzéki et les agents de la BCDA. Sa tension artérielle est montée à 26. Il a fait un AVC. Transporté d’urgence à l’hôpital, il est mort en route, vers le collège Nganga Edouard.
Je ne dis pas que c’est eux (le BCDA et les autorités) qui l’ont tué. Je rappelle que sa maison a été cassée vers l’aéroport de Pointe-Noire. C’était une belle villa, construite avec l’aide de Mantsima l’entrepreneur. Rapha évoque cette maison dans la chanson Nzo ba boula (Destruction) .Cet homme d’affaires, Mantsima, a beaucoup fait pour Rapha. Il lui a, entre autres, acheté des instruments de musique. Pour ma part je lui ai acheté deux voitures.
Je me souviens que Rapha m’avait appelé voici un mois. Il se plaignait ; « Père, il ne veulent pas me rembourser. Je vais aller voir le ministre de la Culture et Mme Antoinette Sassou ».

Q : Il vous appelait "papa". Quels étaient vos rapports personnels avec Rapha ?
Le public ne connaissait pas Rapha. Il était « difficile ». Quand il était hébergé chez moi, il pouvait taper deux jours sans manger ni parler, au grand dam de ma femme, Philo. Mon épouse avait beau se démener, rien à faire. Rapha disparaissait des journées entières. Parfois, il vivait dans un complexe de persécution : « on a failli me tuer » disait-il. Sur les conseils « d’amis », Rapha a voulu me traduire en justice. Il a été débouté. On l’a excité, à tort. J’ai été défendu par Me Iréné Malonga. Puis Rapha a commencé à fréquenter la communauté islamiste de Paris et s’est fait baptiser au nom de Mohammed. Il était devenu musulman. Ce n’était pas évident à gérer tout ça. Mais il était revenu à la raison. Sa conversion à l’Islam, dit-il, n’était qu’un délire mystique et passager.

Q : Comment comptez-vous gérer ce deuil à Paris ?
Demain samedi 17 mai 2008, nous organisons une veillée funèbre à St-Denis*. Ensuite, lundi 19 mai, je descends à Brazza pour assister aux obsèques. Ici à Paris, je tiens à mentionner les noms de ceux qui contribuent à l’organisation du rassemblement mortuaire de St-Denis : Il y a : Connivence, Ben Moukasha, Belkos, G.G. Théo, Jean-Daniel Ntouta, Jean-Claude Songola (Nganda Tsié-tsié), Bruno Toundé, Serge Mayembo, Alex Bouyéza (il a versé 500 euros, je l’en remercie, car la location de la salle coûte cher).
On attend 700 à 1000 personnes. Il y aura des musiciens qui chanteront en « live » : Théo Blaise Nkounkou, Tanawa, Michel Rapha, Belkos, des musiciens des deux rives.

Q : A propos, quelles sont les réactions des musiciens kinois ?
J’ai reçu un coup de fil de Koffi. Il ne pourra pas être là car il a un concert au Togo. Mais il a beaucoup été frappé par la mort de Boundzéki. « S’il y a quelqu’un qui a changé la musique, c’est lui » Voilà ce qu’a dit Koffi . Papa Wemba sera à Brazzaville avec une délégation venue de Kinshasa .
Le lieu de la veillée officielle est à choisir entre le Centre Culturel Français et Luna Park (à Poto-Poto). Si ça ne tenait qu’à moi, la veillée doit avoir lieu à Poto-Poto. C’est le centre. Si on la tient à Bacongo, les fans de Talangaï auront du mal à s’y rendre. Rapha sera enterré soit au cimetière du Centre-ville soit à celui de Ma Campagne.

Q : On a parlé d’une veillée à Pointe-Noire
Oui, l’honorable Honoré Mpaka, le maire de la ville a donné une salle aux musiciens.

Q : Oui mais ils doivent s’acquitter de 10.000fcfa pour les groupes et 5000 cf pour les artistes s’ils veulent participer à la veillée. Est-ce normal ?
Ca je ne suis pas au courant.

Q : Parlez-nous de son mariage à Paris. On n’en avait plus entendu parler...
Oui il a fait un mariage à Paris. Son épouse parisienne a émis le vœu de descendre à Brazzaville pour participer aux obsèques. Je lui ai dit que ce n’était pas nécessaire.

Q : Peut-on parler de polygamie ?
Rapha avait trois épouse. Une à Brazza, une à Paris, puis Jackito Mpungu, la mère de son fils aujourd’hui âgé de 17 ans. Choquée par le brutal décès de Rapha, Jackito a fait une crise. Hospitalisée, son état s’est amélioré.

Q : Comment as-tu croisé la route de Rapha ?
Grâce à son tube Parisien refoulé. De passage à Brazzaville, alors que j’étais au studio d’un frère, Baron, au 40 de la rue Mbochi, je vois passer Rapha en taxi. Je l’interpelle. Nos rapports ont commencé là. C’était à l’époque de Béatrice Bakala, également producteur de musique. J’ai découvert que Rapha et moi avions des points communs. Sa mère vient de la même localité que moi, Kibouéndé.
Notre collaboration a duré une vingtaine d’années. Jusqu’à la fin , en dépit des malentendus dont j’ai parlés, nous avons gardé de bons rapports. Il me l’a signifié dans son dernier titre Nzo ba boula (Ya Max wo kéna)

Q : Que te reste-t-il comme poulains dans ton écurie ?
Il y a Oussama « Noungu ba dia » Roger Lutin, Samba Djo, Satellite…

* Nota La veillée se tient à St-Denis au 55 rue Charles Michel, non loin du RER.

Propos recueillis au téléphone ce vendredi 16 mai 2008

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