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On part, on part !

L’Éditorial de Benda Bika

Dimanche prochain, le référendum !

Au point où on en est, répétons que pas grand chose ne devrait perturber la mise en place par le gouvernement de la machine à tricher que tous dénoncent. Dimanche, les Congolais iront au référendum. Et lundi, au plus tôt, nous nous réveillerons avec une nouvelle Loi fondamentale.

Des partis d’opposition – on parle d’une quarantaine – appellent à voter « Non ». Mais à voter quand-même. Côme Mankassa parle d’infliger au Président Sassou le revers de sa propre médaille. Il faut aller au vote, mais pour dire « Non » à Sassou2. Et mettre en échec la manœuvre qui consiste à se bâtir une constitution sur mesure, pour jouer les inamovibles après.

Une autre opposition appelle carrément au boycott. Avec Bokamba Yangouma, Raymond Damase Ngollo et, même le MCDDI, celle-ci estime que voter c’est consacrer la fraude visible. Donner des atouts légalistes à qui n’y a pas droit. Tout comme la semaine dernière l’UPADS, les partisans de cette approche demandent aux Congolais de ne pas se déplacer dimanche.

Qui suivre ?

D’abord, il est à noter que le paysage congolais a de nouveau implosé avec la venue des échéances électorales. Les politiciens d’hier ; les apprentis d’aujourd’hui ; les ambitieux de demain : tous sont sur la piste pour ce que Zola appelle « la curée ». Le gibier est de taille, il s’agit pour chacun de se ménager le plus gros morceau.

Nous nous demandions la semaine dernière qui est opposant, chez nous. Et opposant à quoi, d’ailleurs ? Bokamba-Yangouma, ancien dirigeant d’une centrale syndicale satellite du PCT, affirme qu’il veut mener une opposition « vigilante », mais de « dialogue avec le Chef de l’Etat » ! Il a au moins l’avantage de poser clairement le problème : le PCT et ses programmes lui importent peu. Son seul souci est le Chef de l’Etat : le dialogue avec lui ! De là conclure qu’une fois le dialogue acquis, il fera tout pour plaire au chef… !

Les morcellements, les retournements, les collaborations, les faux-semblants préparent les foires d’empoigne de demain : « Nous t’avions soutenu, chef ; que nous donnes-tu ? » Et une fois obtenu ce qu’il faut : un bout de fauteuil ministériel ; un poste de conseiller-en-tout ; un strapontin de commis zélé, on se taira. Y compris au détriment du parti dont les différentes tendances ne donnent plus, de toute façon, une idée concrète de qui est qui.

Le MCDDI a une aile qui appelle au boycott, et une autre au vote du « Oui ». Marius Mouambenga, du RDD de Jacques Joachim Yhombi Opango, s’occupe d’un Comité de suivi dans lequel, on peut le parier, le fondateur du parti ne souhaitera jamais entrer. J’ai lu des centaines de proclamations souhaitant une « opposition responsable » ou la transparence des votes. Comme s’il suffisait de le dire !

Cette réflexion prolonge celle de la semaine dernière. Le Congo entre dans la farce. Demandons-nous si nous en sortirons pacifiquement ou par la guerre. Car ce qui nous est proposé est bâclé à souhait sous la pression des bailleurs de fonds. On veut donner l’illusion d’une démocratie et imposer la cadence forcée à la nation. De sorte qu’en mai prochain tout sera bouclé !

Nous mettons en place une démocratie d’apparence qui ne s’est pas même servie de trois guerres pour établir la limite du sacré et du profane. Car cette constitution-ci sera foulée au pied par celui qui viendra après Sassou. Et ceux pour qui elle est bâtie, ne voudrons pas laisser faire. Nous irons vers de nouveaux temps durs. Lissouba l’a dit. Des fidèles de Sassou l’ont dit : ou ça passe dans un sens, ou ça casse dans l’autre. Dans le langage militaire congolais on dit : on part, on part !

Benda Bika

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