« Paris protège-t-il un militaire congolais accusé de crimes contre l’humanité ? »
C’est la question que s’est posé le journal en ligne Médiapart.
« L’affaire des disparus du Beach refait surface. Selon plusieurs sources, un haut gradé de l’armée congolaise, recherché pour crimes contre l’humanité, a séjourné il y a quelques semaines à Villeparisis, en Seine-et-Marne, sans que les autorités françaises exécutent le mandat d’arrêt qui pèse sur lui. Ministère de la justice et ministère de l’intérieur refusent de répondre sur cette affaire embarrassante pour l’Elysée comme pour le président du Congo-Brazzaville, Denis Sassou Nguesso. » écrit ce confrère.
La libre circulation en France des suspects congolais dans l’affaire des Disparus du Beach est d’une banalité désarmante. Il ne se passe pas un jour sans que les hôpitaux français ne prodiguent des soins à ces hauts gradés que leur pays le Congo, faute d’hôpitaux sur son territoire, fait voyager dans le cadre de l’évacuation sanitaire. Parfois ces personnes sous le coup de la justice n’hésitent pas à mettre en danger leur liberté pour assister à une cérémonie familiale (mariage, baptême, messe d’action de grâce...) en Hexagone. Chez ces potentiels prisonniers, on dirait que le plaisir de voir Paris est supérieur au risque de se retrouver entre les mains de la Justice. Certes, il arrive que, pris entre les mailles du filet judiciaire, ces auteurs présumés de crimes contre l’humanité bénéficient d’un traitement de faveur de l’Elysée au point d’être extraits nuitamment d’une prison. Cette chance arriva au général Jean-François Ndenguet, lui aussi suspecté dans l’affaire du Beach et incarcéré à la prison de La Santé. Le lendemain de son enfermement à La Santé, il prenait son petit déjeûné à Brazzaville. C’était sous Chrirac.
Le bon chrétien
Le haut gradé de Villeparisis est coutumier des venues clandestines en région parisienne. Il y possède une maison et serait très actif dans la bonne marche de la paroisse locale. Très généreux il renfloue les caisses de l’église en versant régulièrement sa dîme. Par les temps qui courent, son énorme soutien financier est religieusement apprécié par les fidèles. C’est une manière comme une autre d’acheter une indulgence auprès de Dieu. Personne ne lui jettera la pierre.
Un intouchable
Ce "haut gradé" voyage-t-il incognito ? Voyons, personne n’est dupe. C’est prendre les services d’espionnage français pour des imbéciles que de croire que ses faits et gestes passent inaperçus. On parle ici d’un général de l’armée de Sassou, ami de Sarkozy. En clair, cet homme, bien que suspecté de crime contre l’humanité, n’est pas pour autant un justiciable comme les autres. Cet homme, en somme, est un intouchable.
A ce rythme le deuil des parents des Disparus du Beach, ce n’est pas pour bientôt. Idem pour les chers Disparus : « reposer en paix » est une dimension post mortem que la Justice de ce bas monde aura du mal à leur faire bénéficier.
