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"Oui" !

- L’Editorial de Benda Bika -

Le Congo a donc une nouvelle constitution depuis le 20 janvier dernier. Par 84% des votants, les Congolais ont dit qu’ils approuvaient le nouveau texte fondamental, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. C’est, notons-le, le dixième texte constitutionnel que les les Congolais « acceptent » en plus de quarante ans d’indépendance. Le chiffre n’a pas plus de sens qu’un autre. Il souligne seulement la recherche à tâtons d’une forme de vie en République qui, de l’indépendance à la période marxiste, nous a fait passer par tous les errements.

Errements qui ne veulent pas dire forcément erreur ! Il fallait bien que les gouvernants gouvernement, assis sur des socles en parpaings ou en carton. Parce que les institutions des Etats modernes s’articulent dans des cadres qui ne sont rien d’autres que des cadres. Mais des cadres parfois exigés par ceux qui demandent du formalisme avant de vous aider – ou de vous enfoncer encore plus la tête dans l’eau. Donc, une nouvelle Constitution congolaise est en acte. S’imposait-elle ? Pas vraiment. Mais elle est là !

Certes, on aurait préféré qu’avec l’inattendu vote massif – près de 78% de participation ! – il y ait la manière. Que le nouveau texte, discuté dans des instances bien canalisées, fût le résultat de ce jeu de pouvoirs contradictoires qui fait la force des démocraties. Que sa préparation fût conforme à l’esprit de participation. Que le ministère de l’Intérieur ne fût pas aussi rigide à asséner sa toute puissance. Que les irrégularités, réelles ou supposées, dénoncées par l’opposition, trouvassent une réponse apaisante d’instances d’investigations nationales. Cela n’a pas été. Nous le regrettons. Mais la Constitution congolaise est là.

L’opinion n’est pas dans le sens de ce que je vais dire, mais je crois que tirer les leçons du passé, suppose que l’on tienne compte de ce que l’on a. « Quand on n’a pas ce que l’on aime, dit le sage, il faut aimer ce que l’on a ». La Constitution congolaise, même au prix de traficotages évidents, de manipulations annoncées, d’ostracisme et de verrouillages évidents, a été votée. Par des Congolais. Elle nous oblige.

Nous la combattrons, si elle se révèle mauvaise, par le biais des mécanismes qu’elle offre : au parlement, dans la vie publique et citoyenne. Mais plus dans les hurlements des caravanes. Une des leçons que nous devons tirer du passé en effet est que la légalité se construit avec ce qui existe, et non pas toujours avec ce que l’on voudrait.

Les prochaines échéances électorales seront une vérification de la volonté de tous, mouvance présidentielle et opposition extérieure ou intérieure, de prouver que le jeu du « hôte-toi-de-là-que-je-m’y-mette » n’a d’intérêt que pour ceux qu’il amuse. Nous autres, avons ployé sous les bombes. Notre démocratie n’est pas virtuelle – elle ne devrait pas. Ni notre réalité faite de rêves. Le combat se mène avec les armes du moment.

L’Ukraine et ses hélicoptères sont loin. Les intimidations et les effets de menton n’ont jamais rempli une assiette, ni à Talangaï, ni à Bacongo. La nouvelle Constitution ne nous garantira pas un futur meilleur, oh ! non ! Mais nous avons compris au Congo que ce ne sont pas les constitutions qui font les paix, mais les hommes qui les interprètent. Mener une guerre contre son peuple, même au nom de la Constitution, n’a pas de sens.

Une Constitution, même anti-démocratique, se combat par les moyens de la démocratie. Pas par les proclamations de loin. Ni les coups de gueule. Nous savons au Congo, depuis 1992, qu’il n’y a de véritable démocrate que le peuple. Or, il ‘s’est exprimé.

Benda Bika

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