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PNR : Naissance d’une association pour l’assainissement et l’hygiène publique

Quand les citoyens doivent faire le boulot des pouvoirs publics

Devant le désastre causé par les pluies diluviennes aux maisons bordant le ruisseau Tchinouka, et qui a rendue impraticable l’avenue reliant les quartiers OCH et Tié-Tié (foyer féminin) entre les arrondissements Lumumba et Tié-Tié de Pointe-Noire, M. Patrick Loubaki dans un élan d’amour et de courage devant cette désolation voire cette morte lente qui ne dit pas son nom, a lancé une opération « retroussons les manches » qui a abouti à la création d’une association dénommée « Collectif des Habitants du quartier Dibodo (mot en langue Bapounou signifiant la boue) ».

Cette association apolitique qui a vu le jour le Dimanche 13 janvier 2008 à Pointe-Noire, a pour missions de lutter contre les inondations par l’assainissement de l’environnement à travers :
 La réfection des canalisations ;
 La remise en état des rues ;
 L’enlèvement des poubelles ;
 L’hygiène publique (la salubrité publique) ;
 La lutte contre l’ensablement des maisons ;
 La lutte contre l’insécurité dans ce quartier...

Elle entend mener cette action collective avec la participation des hommes, femmes, jeunes comme vieux de ce quartier. C’est le point de départ d’un programme élargi de lutte contre tous les maux qui minent cette zone en particulier et en général tous les quartiers de Pointe-Noire traversés par le « Dibodo ».

« Notre objectif est de lutter contre les inondations, les poubelles et l’insécurité afin que notre quartier ne disparaisse pas et étant au début de cette action, nous souhaiterons qu’elle soit continuelle et durable dans l’espace et le temps. Poursuivant, il a dit que c’est poussé par le mauvais comportement qu’affichent nos autorités municipales et nos élus parlementaires qui n’ont jamais fait des descentes à la base (chez leurs électeurs) qui s’exprime par l’abandon total de notre quartier. C’est pourquoi nous étions dans l’obligation de tenir le flambeau pour lancer une action en faveur de notre quartier, ce qui aidera non seulement nos parents mais aussi plusieurs congolais qui ne savent quoi faire en cas de pluies » déclare M. Loubaki.

Pour lier l’utile à l’agréable, M Loubaki, a lancé les travaux de réfection de la canalisation et de la grande avenue débouchant sur le quartier OCH. Sans attendre l’intervention d’une tierce personne, il a mis près d’un million (1.000.000) de FCFA pour l’achat des matériaux de construction. Ainsi devant ce geste plein de générosité, de loyauté et d’encouragement qui a surpris plus d’une personne, les habitants ont unanimement décidé que chaque parcelle participerait obligatoirement moyennant la modique somme de 1000 FCFA voire plus pour l’aboutissement heureux de cette activité.

Ce soutien s’est manifesté par l’engouement sans relâche de tout un quartier (vieux et enfants compris) pour les travaux d’assainissement (le curage, la réfection de la canalisation et de l’avenue) afin de permettre la circulation des eaux vers le ruisseau. Ce qui soulagera et aidera la reprise normale de vie dans cette zone.

Il faut retenir qu’un bureau provisoire de sept membres a été mis en place. Il est composé de la manière suivante :
 Président : Patrick Loubaki,
 1er Vice-président : Mampah Euloge,
 2ème Vice-président : Mahoungou Albert Snob,
 3ème Vice-président : Kouka Tsakala Jean Aimé,
 Secrétaire Chargée à la Sensibilisation et à la Propagande Féminine : Mme Kiwanga Crépine,
 Secrétaire Chargé à la Conscientisation de la Jeunesse : Benjamin Livono,
 Secrétaire Chargé à la Sécurité , Surveillance et Contrôle des Travaux : Moukengue Ghislain.

Un habitant du quartier au nom de Mambounou Ghislain dit « Abéga » nous a déclaré : « Nous avons soutenu des candidats pendant les élections législatives jusqu’à nous diviser entre nous et ceci dans l’espoir que ces derniers refassent au moins l’avenue détruite par les pluies diluviennes. Mais rien n’a été fait et ils nous ont tout simplement tourné le dos car, le gagnant n’a jamais mis pied chez ses mandants. Poursuivant, il a martelé c’est par l’amour de Dieu que nous avons eu aujourd’hui un enfant de quartier qui a retroussé ses poches pour aider tous les habitants de Dibodo, nous ne pouvons que le soutenir dans cette cause commune et l’encourager d’aller de l’avant parce que, par la même mobilisation, nous nous sommes retrouvés entre nous pour réconcilier. Cela se manifeste par la participation à cette action de proximité par toutes les couches sociales (vieilles, vieux, jeunes et enfants) sans exception aucune.

Pour le Président de Brigade N°2, M. François Moussoungou, « Le geste de ce jeune du quartier qui se débrouille dans ces bricoles et n’étant pas fonctionnaire de l’Etat, m’a autant surpris car, en voyant deux tracteurs qui remblayaient cette avenue, je ne m’attendait pas à ce qu’il puisse autant s’engager. Je ne pouvait que le soutenir en me levant avec tout mon bureau en mettent la main dans la pâte. Cela nous a poussé de faire des descentes dans des parcelles pour solliciter la contribution financière de tous, ce qui est notre manière de participer à cette invite d’un jeune qui nous fait réfléchir et rêver. »

Entre nous soit dit, que devons nous penser d’une collectivité locale qui laisse à ses administrés la charge financière et de travail de réaliser les améliorations du domaine qui lui appartient et qu’elle néglige ?

Entretien avec le Président du Collectif.

Nestor Bourangon : Qu’est ce qui vous a motivé de créer cette association et qu’envisagez vous de faire concrètement ?
Patrick Loubaki : Ce qui nous a motivé entant qu’habitant de ce quartier, n’est que notre abandon par l’homme politique qui n’a cessé d’afficher un comportement ingrat. Par exemple pendant les derniers suffrages électoraux, les politiciens ont promis de refaire cette route pour aider les habitants de Dibodo. Malheureusement rien n’a été fait. Donc devant cette ingratitude des hommes politiques congolais et l’état dégradant de cette avenue, nous avons pensé qu’il fallait faire quelque chose avant que les pluies ne viennent. Ceci en regroupant tous les habitants sans distinction de race, d’ethnie, de sexe, de couleur et de religion autour d’une idée, celle de créer une association de défense des intérêts des habitants de Dibodo, car le quartier est en train de disparaître si nous ne nous prenons pas garde.
Vous savez, il y a 20 ans de cela que nous avons connu les gros engins (cartepillar, niveleuse, et balayeuse) qui s’occupaient de cette avenue qui aujourd’hui ont disparus et nous sommes abandonnés à notre triste sort avec le taux de mortalité qui n’a cessé d’augmenter du fait que nous sommes à la portée de la poubelle, de la saleté, des moustiques et des eaux souillées qui entraînent plusieurs maladies. Nous citons entre autres, le paludisme, la typhoïde, la diarrhée et les maladies respiratoires, c’est vraiment écoeurant de le vivre et nous ne vivons pas mais nous survivons par la grâce de Dieu qui veuille. D’où, nous nous sommes levés pour refuser cette mort lente en retrouvant pour le curage les caniveaux, le remblayage et la réfection de notre avenue, ce que nous pensons être les prioritaires.

NB : Ne craignez vous pas de faire les choses à moitié et à la hâte ?
PL : Vous savez pour le faire, nous avons pris toutes les précautions. Par exemple dans la réfection des caniveaux, nous avons pris les ouvriers (maçons et aides maçons) qui vont ce travail et qui sont avec nous avons dans le quartier. Notre souhait n’est pas celui de s’arrêter en coup de chemin mais plutôt d’aller loin dans cet élan que nous avons pris et les enfants prendront la relève.

NB : En laissant cette opération, aviez vous reçu une aide d’une tierce personne ou ce sont vos propres efforts ?
PL : Nous nous battons avec nos maigres moyens pour venir en aide à nos parents, frères et amis. Qu’à cela ne tienne, notre souci est de soulager nos proches qui souffrent en transportant des malades au dos par manque de voie pour permettre aux voitures de circuler nuit et jour. Mais si nous recevons un concours de qui que ce soit, ça serait une bonne chose. Sinon ce sont nos propres efforts et nous n’avions reçu aucun don ni de la mairie de Pointe-Noire, encore moins des députés qui, en promettant monts et merveilles à la population, ont finis par disparaître sans aucune forme de procès.

NB : Qu’attendez vous de la Mairie centrale de Pointe-Noire ou celles de Lumumba de Tié-Tié ?
PL : Vous savez, l’homme de ce quartier n’est à l’aise que pendant les trois (3) mois de la saison sèche. Or pendant la saison dite des pluies, il est tout malheureux, plongé dans l’inquiétude et le désespoir devant les parcelles englouties par le sable et les eaux sales et souillées. Certaines familles ont perdu des parents qui sont morts par émotion devant les maisons qui s’effondraient avec la montée des eaux.
Notre souhait serait que le politique remplisse convenablement sa mission régalienne en gérant sa cité en tout impartialité. D’où nous disons non à la politique de la main tendue où les soi disant hommes politiques manipulent la population par une bière et une cuisse de poulet. D’où la création de ce Collectif pour être en interface dans cette lutte avec la mairie et le gouvernement de la République afin de régler ce problème de Dibodo, car ils ont des engins et les moyens pour le faire et ils ne veulent pas travailler.

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