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Quand la police oublie sa mission première

Banalement lamentable

Les congolais n’ont aucune confiance en leurs représentants de l’ordre, ils les accusent principalement de vénalité, de brutalité et d’abus de pouvoirs. Voici une anecdote dont peut témoigner tout téléspecateur de DVS+. Elle expliquera, elle aussi, pourquoi.

Monsieur X est un congolais comme il y en beaucoup. Il est gentil, un peu naïf et adore rendre service. Ce samedi même, alors qu’il se trouve à Maya-Maya dans l’attente d’un avion, il est abordé par un jeune garçon qui tient à la main un adorable bambin de trois ou quatre ans.
« Pardon monsieur, prenez vous le vol Air Machin pour Pointe-Noire ?
 Oui mon petit,
 Mon petit frère doit voyager seul. Mon papa, monsieur Y, l’attend à l’aéroport. Pourriez-vous accepter de l’accompagner ? »

Le gars n’hésite pas une seconde. Avoir un œil sur le gamin durant une quarantaine de minutes et le remettre dans les bras aimants d’un papa Y anxieux de revoir sa progéniture n’est pas la mer à boire. Il demande quand même le numéro de portable de monsieur Y.

Arrivée à Agostinho Neto, pas de papa. X attend une bonne heure avant d’oser composer le précieux numéro. Papa Y bredouille de stupides excuses et affirme son arrivée imminente. Deux heures plus tard, sœur Anne ne voyant toujours rien venir, X se décide à demander l‘aide des autorités. Il aborde le policier Z et lui raconte sa mésaventure.

Ce qui aurait été attendu du policier Z :
« Monsieur, je vous félicite pour votre civisme. Venez au bureau nous allons prendre une main courante aussi vite que possible pour que vous puissiez rentrer chez-vous et nous occuper de tout ce qui concerne cet enfant. »

L’option choisie par le policier Z :
« Vous n’avez qu’à l’emmener aux studios de DVS+, ils passeront un communiqué. »

Vers vingt heure trente, la chaine privée ponténégrine interrompait ses émissions pour passer le communiqué et le récit de monsieur X, l’enfant, très propre et parfaitement vêtu, sur les genoux.

L’histoire est lamentable et soulève bien des questions parmi lesquelles :
  Comment quelqu’un a-t-il pu être assez inconscient pour envisager qu’un bambin aussi jeune puisse voyager sans être accompagné d’un proche ?
 Comment a-t-il pu confier à un autre enfant la responsabilité de choisir un accompagnateur inconnu ?
 Comment les employés du comptoir d’Air Machin ont-ils pu accepter l’enregistrement d’un jeune enfant non accompagné ?
 Comment monsieur X n’a-t-il pas trouvé la démarche inusuelle ?
 Qui est donc ce papa Y qui ne se fait aucun souci pour l’arrivée de son bébé qui voyage avec un inconnu ?
 Pourquoi monsieur X n’a-t-il pas appelé papa Y dès l’arrivée à Pointe-Noire ?
 Pourquoi ne s’est-il pas adressé à la police plus tôt ?
 De quelle sorte de représentants de l’ordre disposons-nous ?

Bien sûr on pourrait disserter longtemps sur l’attitude irresponsable et sans gène de la famille de ce malheureux garçonnet. On pourrait tout autant parler interminablement de la gentillesse et de la naïveté de monsieur Y. C’est pourtant l’inutilité de Z qui nous choque plus particulièrement.

Le rôle premier d’un représentant de l’ordre est d’assurer la sécurité des citoyens. Monsieur Y apporte au policier Z un enfant qui n’est pas en sécurité. Il est aux mains d’un inconnu, qui, sans vouloir particulièrement de mal à l’enfant, doit quand même être sérieusement irrité par ses tribulations. Il peut très bien abandonner le gosse n’importe où. D’autre part, ce sont les parents qui se sont rendus coupables de la mise en danger du petit. Ils méritaient pour le moins d’être entendus. On pourrait supposer que l’affectation d’un policier en un lieu aussi sensible qu’un aéroport international relève de la récompense offerte aux meilleurs. Pourtant, le policier Z, comme zéro, juge l’histoire sans importance, indigne de sa fonction prestigieuse et maintient l’enfant dans sa situation de danger.

A quoi sert donc la police congolaise ?

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