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Soixantenaire de la littérature congolaise : les vendredis du Livre et du Théâtre

La célébration des soixante ans de la Littérature Congolaise est un événement majeur pour les amis du livre, du théâtre et de la culture pluridimensionnelle.
Le Ministère de la Culture et des Arts et son pendant, L’Union Nationale des
Écrivains et des Artistes Congolais (UNEAC), ont institué les Vendredis du Livre et du Théâtre pour rendre plus visible encore et plus vivante cette littérature dont le passé semble plus se conjuguer dans les cœurs des consommateurs alors que son présent, laissé à une sorte de complainte, baisserait d’intensité.

Un rite hebdomadaire

Depuis le vendredi 20 décembre 2013 à l’hôtel de ville de Brazzaville, la navette
littéraire s’est lancée dans l’espace congolais pour booster notre littérature. Et c’est
l’écrivaine Monique Alfred Ambouen Ondzé qui a eu l’honneur d’en être le pilote
avec son roman « Une vie de brimade en terre promise  ». Œuvre émouvante qui a
accroché le public dont la soif d’en savoir davantage sur l’intrigue a été comblée par
l’auteur et le critique littéraire du jour : Ramses Bongolo.
Vendredi 27 décembre 2013 dans la salle de conférences de l’hôtel de la
Préfecture de Brazzaville – lieu gracieusement offert désormais à la promotion du
livre et du théâtre congolais par le Préfet-écrivain, le Général Benoît Moundélé-
Ngolo – venue de la diaspora congolaise de France, Liss Kihindou dans le sillage de
la pionnière des Vendredis du Livre a séduit, ému et enthousiasmé l’auditoire venu
écouter l’histoire croustillante contenue dans son roman « Chêne de bambou  »
essentiellement constitué d’échanges épistolaires entre deux amies, l’une en
Occident, l’autre en Afrique.

Citoyens véreux

Vendredi 3 janvier 2014, les amoureux du théâtre ont été plongés dans un
spectacle féérique, électrisant les spectateurs par une thématique d’actualité vivante,
avec la représentation théâtrale du « Mal de terre », une pièce de théâtre de
l’écrivain Henri Djombo. Elle a permis à tous et à chacun de réfléchir sur les
dérives comportementales de certains citoyens véreux qui passent pour des
propriétaires — légataires d’une terre héritée de leurs ancêtres et qui en vendent des
lopins au mépris des lois et règlements de la République. Véritable procès des
mœurs bancales dont sont victimes de nos jours bien des citoyens de cette
République dont la terre suscite des appétits mesquins.

Sassou écrivain

Le livre revient sur la sellette le vendredi 10 janvier 2014 avec « Le manguier, le
fleuve et la souris
 » de l’écrivain Denis Sassou Nguesso. Un ouvrage décrypté par
quatre critiques littéraires et écrivains : Raymond Loko, Ernest Bompoma-Ikélé,
Pierre Ntsémou et Ramses Bongolo croisant leurs regards sur ce livre-programme
où les contours d’une prospective d’homme d’État visionnaire rêvant d’une Nation
solidaire et aspirant à l’émergence économique et sociale se révèlent à la fin de
l’analyse de l’œuvre après une série d’échanges animés entre le public et les
analystes de ce récit biographique passant au crible d’une critique objectivement
rendue.

Poèmes de la forêt équatoriale

Et, le vendredi 17 janvier 2014, la navette du théâtre a repris son envol,
transportant les voyageurs-spectateurs émus et secoués par la troupe de théâtre dit
de L’Environnement interprétant avec brio la pièce de théâtre « Le cri de la forêt »
de l’écrivain Henri Djombo. Un cri de cœur pour la préservation des forêts et de
l’écosystème dont la dangereuse agression n’est pas sans conséquence sur la vie
humaine.

Snoprac

Quelle émotion en évoquant maintenant la séance du vendredi 24 janvier 2014
avec le livre du Général écrivain Benoit Moundélé Ngolo ! « Fantasmons ensemble,
un instant, dans un SNOPRAC » est le titre de cet ouvrage. L’écriture particulière
du livre dans un style qui n’obéit pas aux recommandations académiques classiques
comme le dit l’auteur lui-même et la thématique poignante qui s’en prend à tous les
vices dont raffolent les champions du vol, du viol, du mensonge, du mal, pour faire
court, font de cette œuvre un morceau choisi pour corriger les mœurs qui torpillent
le logiciel mental et la conscience humaine.

Un régal

C’est dans le même ordre d’idée que s’inscrit la pièce de théâtre du dramaturge
Jean-Marie Bamokéna intitulé «  Chef de famille malgré lui » présentée le vendredi
31 janvier 2014 par la troupe Agora. Une dénonciation des traitements inhumains à
l’égard d’une couche sociale fragile : les veuves.

Quand est venu le tour du livre de Gérard Yongo «  Un Guru, apprenti sorcier  »
de passer au crible de la critique le vendredi 7 février 2014, le public s’est régalé
d’une histoire captivante et réelle d’une escroquerie spirituelle menée de mains de
Prophètes véreux bien connus entre les deux rives du fleuve Congo, illustrés par
Munkulunkulu Mutombo, personnage symptomatique des dérives de certains
hommes d’église abusant de la naïveté des fidèles en quête de salut, de santé et
d’assises sociales stables.
Les émotifs et les cardiaques ont eu chaud le vendredi 14 février 2014 avec la
mise en scène de Chris Ollingaud d’une pièce encore inédite intitulée « La
destruction » par une troupe composée de très jeunes artistes au talent prometteur,
dénommée Le Paraclet. La violence des scènes, ponctuée par un décor macabre et
lugubre fait de sang simulé sur des acteurs victimes de la folie destructrice de
l’homme (ici, il est anonyme pour ne pas limiter la violence dans un seul domaine
ou un seul type), n’était pas supportable pour des êtres encore fragiles comme les
enfants venus nombreux ce jour-là. Pourtant, l’intérêt de cette pièce est indéniable.
C’est un appel pathétique au ressaisissement et à la tolérance pour que l’altruisme
fédérateur revienne occuper tous les coins et recoins des cœurs des Congolais et à
travers eux de tous les citoyens du monde en proie à des déchirements et des
guerres inutiles.

Chirurgiens littéraires

Le dixième rendez-vous des vendredis du livre et du théâtre a attiré une foule
de plus en plus nombreuse le vendredi 21 février 2014. Le tour a échu à Pierre
Ntsemou avec l’un de ses ouvrages, « Diélé : l’ange, l’homme et la bête, » un roman
de 184 pages méticuleusement décrypté par un panel de « chirurgiens » littéraires
que sont Edy Séraphin Kanda-Bonazebi, Ernest Bompoma-Ikele, Raymond Loko,
Jessy Loemba et Ramses Bongolo dans une modération assurée par le virtuose
journaliste-écrivain et grand animateur des VLT, Alexis Bongo.

Affaires sulfureuses de corruption

Pendant une heure environ, ils ont tenu en haleine les amis du livre venus
découvrir l’exceptionnel talent de Pierre Ntsemou qui a fait l’unanimité des
critiques tant dans la qualité de l’écriture, belle et châtiée comme on n’en trouve
que rarement de nos jours, dans la riche et foisonnante thématique où tout le
monde trouve son compte : hommes politiques et exercice alambiqué du pouvoir,
acteurs de l’Éducation et leurs avatars, opérateurs économiques et affaires
sulfureuses de corruption et de concussion, Relations internationales et
perspectives de développement, émergence d’une jeunesse pionnière d’une
nouvelle gestion sociale de la cité, Religion et philosophie de l’être crédule ou
incrédule, clin d’œil historique d’une fresque des aventures coloniales, duel séculaire
entre le bien et le mal…

Ovations unanimes

L’auteur qui a fait se lever la salle dans une salve d’applaudissements nourris et
prolongés répondant à des envolées oratoires faisant suite à des questions
pertinentes, a marqué d’une pierre blanche comme son prénom, l’histoire de la
chevauchée fantastique des vendredis du livre et du théâtre (VLT) dont on attend
désormais la suite avec impatience et gourmandise.

Le comité d’organisation des vendredis du Livre et du Théâtre

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