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L’Eglise et l’Etat

Télégramme à Mgr Anatole Milandou, président du Conseil Œcuménique des Eglises chrétiennes du Congo : et, si on demandait un Président à Dieu !

Depuis le début de cette année, la présidence du Conseil œcuménique des Eglises chrétiennes du Congo est assurée par Mgr Anatole Milandou, archevêque métropolitain de Brazzaville. Il succède à Mgr Panteleimon Arathymos, archevêque orthodoxe métropolitain du Congo-Brazzaville et du Gabon.

La cérémonie de passation de consignes avait eu lieu, le jeudi 16 janvier 2020, en la Cathédrale Sacré-Cœur de Brazzaville, à l’occasion du culte d’ouverture de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens.

Nous félicitons, l’archevêque de Brazzaville et prions pour lui. Car, sa mission aussi noble et exaltante soit-elle, parait délicate et très difficile.

Parce que Mgr Anatole Milandou est président du Conseil œcuménique des Eglises chrétiennes du Congo pour une période de deux ans. De 2020 à 2022. Or en 2021, le Congo aura des élections présidentielles.

Ses exhortations ou ses messages aux chrétiens du Congo devront, compte tenu de ce calendrier politique, avoir un grand impact dans la vie nationale et le comportement des chrétiens congolais qui représentent 90% de la population totale. Les chefs religieux ainsi que tous les pasteurs des Eglises chrétiennes du Congo doivent, pour cette raison et dès aujourd’hui, devenir des bons bergers dont parle Jésus dans son évangile. Des bergers qui conduisent les brebis (le peuple de Dieu) dans des bons pâturages, et qui ne les abandonnent pas lorsqu’ils voient venir le loup.

Ils doivent redonner l’espoir au peuple de Dieu qui, à cause de la dictature dont il est victime, et des conflits postélectoraux qui l’ont endeuillé, vit dans la psychose de la guerre, désespère et croit au fatalisme ainsi qu’à un châtiment de Dieu. Or, rien n’est fatal dans la crise multidimensionnelle que connait son pays.
Le Congo et les Congolais sont tout simplement victimes du comportement politique de Denis Sassou Nguesso.

Nous, prophète de notre temps

Chrétien, journaliste et écrivain donc prophète de notre temps, nous pensons que nous avons le devoir de parler à Mgr Anatole Milandou, et de l’accompagner dans sa délicate mission et durant toute cette période qui s’annonce délicate.
Nous devinons que la paix reviendra au cœur de tous les messages que Mgr Milandou adressera au peuple de Dieu.

Pourtant et en réalité, ce n’est pas seulement sur la paix que le nouveau président du Conseil œcuménique des Eglises chrétiennes du Congo devra focaliser son discours religieux.

Le Congo vit une crise multidimensionnelle dont la cause principale n’est plus à chercher ailleurs c’est-à-dire dans la mauvaise gouvernance ou le tribalisme qui est érigé en une doctrine politique sociale et économique ou encore dans les guerres récurrentes que connait le Congo depuis des décennies ; mais dans le comportement politique d’un homme et un seul. Nous citons Denis Sassou Nguesso.

Sortir le loup de la bergerie

Il ne s’agit plus de faire la langue de bois. Les Congolais du nord, sud, est et ouest savent bien que les malheurs qui s’abattent dans leur pays viennent du comportement politique de Denis Sassou Nguesso. Il faut donc sortir le loup de la bergerie.
Même si une dictature peut aussi être faite par un groupe de personnes, les institutions de la république et la Force publique.

Nous l’avions écrit dans notre article titré « Denis Sassou Nguesso : catastrophes naturelles, cuisses des poulets, dictature... Prenons ça au sérieux ! » Publié sur Congopage.

Dans cet article, nous citons entre autres membres de ce groupe de personnes qui soutiennent la dictature du Congo : Denis Sassou Nguesso, sa famille et son clan, le Parti congolais du travail et les partis alliés, les membres de la caste politique formée par les fils des présidents fondateurs des partis politiques que Sassou Nguesso a créée pour tromper sur un soi-disant soutien national.

Mais, il y a aussi le leader de l’opposition politique nommé par le gouvernement, la force publique et les institutions de la République qui font partie de ce groupe.

Demander un président à Dieu

Fortement convaincu du fait que la crise multidimensionnelle que vit le Congo est due au comportement politique d’un seul homme, en l’occurrence Denis Sassou Nguesso, qui s’est accroché au pouvoir depuis bientôt quarante ans, malgré sa mauvaise gouvernance, et qui veut à tout prix se faire succéder par son fils, Christel Denis Sassou Nguesso, nous pensons et suggérons au Conseil œcuménique des Eglises chrétiennes du Congo de s’inspirer du Premier Livre de Samuel, notamment sur l’histoire de la demande d’un roi par Israël (1 Samuel 8.1-22).

Oui, Monseigneur ! Comme les Israéliens, les Congolais ont, eux aussi, le droit de demander un Président à Dieu.

Souvent, ils ont choisi leurs présidents rien qu’à partir des affinités régionalistes ou tribalistes ou encore sous la corruption et les menaces de guerre.
« Si vous ne votez pas Denis Sassou Nguesso, vous allez repartir dans la forêt » est d’ailleurs la phrase qui résume cette menace de guerre que font les partisans du pouvoir aux populations, à chaque élection. Comme s’ils voulaient reconnaitre que leur leader politique n’est qu’un gangster ou n’a jamais gagné une élection libre et transparente.

Pendant les deux prochaines années, les Chrétiens congolais devront organiser des journées, semaines ou des mois de prière sur ce thème unique qui est la demande d’un Président à Dieu.

Ils doivent demander à Dieu de leur donner un Président. Le peuple d’Israël avait demandé un roi à Dieu. Et, Dieu leur avait donné comme premier roi, Saul. Il avait chargé le prophète Samuel de le consacrer comme roi.

Cette demande est légitime !

Devant le chaos dans lequel se trouve le pays, les Eglises chrétiennes ne doivent plus accepter le discours obscurantiste tenu par certains politiciens proches du pouvoir sur le spirituel et le temporel.

Un discours avec lequel on veut les exclure de la gestion de la cité ou limiter leur action.

Le temporel n’est pas seulement une affaire de l’Etat, et le spirituel, celle des Eglises. Car, «  l’Etat a le droit de contrôler la qualité de la nourriture spirituelle que servent les Eglises aux populations. Parce que ce sont ses citoyens.
Et, les églises ont, elles aussi, le droit de contrôler la qualité de tout ce que l’Etat fait consommer aux populations. Parce qu’elles font partie du Peuple de Dieu (…)
C’est pourquoi les deux institutions sont condamnées à travailler ensemble et à se surveiller pour éviter que ni l’une ni l’autre ne développe un «  terrorisme » c’est -à-dire devienne un lieu de la propagation des antivaleurs.
 », écrivons-nous dans notre recueil de nouvelles, La France, ni marâtre, ni mère-patrie, 2019, Editions Edilivre.

Serge Armand Zanzala, journaliste et écrivain

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