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Union Africaine

Un grand événement – double événement- a marqué la vie du continent cette semaine. L’Organisation de l’unité africaine, après 39 ans au service de l’unité et de la libération du continent, a cessé de vivre. A sa place, nos dirigeants et experts ont substitué l’Union Africaine. Cinquante Chefs d’Etat et de gouvernement ont salué l’événement le 09 juillet dernier à Durban en Afrique du Sud.

Ils ont rendu hommage à la défunte OUA, et tracé la voie de la nouvelle organisation qui prend sa place. Tous ont redit leur ambition d’œuvrer pour le bien-être de leurs peuples ; de déterminer les problèmes de notre continent et de chercher à les résoudre par nous-mêmes ; de donner vie au NEPAD, ce nouveau partenariat pour le développement qui marque l’esprit nouveau. L’OUA est donc morte, bienvenue UA !

Pourtant, il y a sans doute loin de la coupe aux lèvres. Le proverbe est de Gnassingbé Eyadéma : « c’est avec des vieilles cordes qu’on tresse les nouvelles ». Je ne sais pas si, surtout dans sa bouche, un tel proverbe était bien indiqué. Car chez les sceptiques, le sentiment a dominé qu’on changeait de nom, mais pas forcément de méthodes. La mise à l’écart de Madagascar, pour élection non transparente, par « un club de Chefs d’Etat putschistes » (expression du Président Wade), a donné l’impression que rien ne changeait dans le fond.

Mais, ne boudons pas notre chance historique de voir une organisation panafricaine naître, pratiquement sous nos yeux, accompagnée par les vœux d’une communauté internationale plus ou sincère et solidaire, et par les espérances de quelque 700 millions d’Africains, désireux de pouvoir goûter enfin aux fruits de la paix et du développement. L’Union Africaine devra faire face à un héritage lourd, de conflits et de guerres, mais elle devra surtout combler les attentes de nos peuples.

Esprit nouveau ! L’Union Africaine ne veut pas cautionner les coups d’Etat, mais sera dominée par une majorité de Présidents venus au pouvoir – ou s’y maintenant - par la force. Elle veut sauvegarder l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation, mais compte parmi ses membres l’Ethiopie et l’Erythrée qui se sont séparées – il est vrai, à l’amiable. Elle tend faire financer le NEPAD par les pays membres d’abord, mais traîne un passif de 200 millions de dollars au titre de l’OUA.L’Union Africaine veut unir, mais ne se prononce pas sur un pays émietté comme la Somalie…

Une organisation nouvelle est née. Mais elle voit déjà les limites de ses ambitions, car elles sont dans cette persistante juxtaposition d’une volonté légaliste et d’une réalité qui l’est moins. Dans cette dichotomie entre le dire et le faire. Dans la guerre pérenne de la lettre et de l’esprit. Espérons que ces difficultés de départ seront vite dépassées et que le 21è siècle deviendra vraiment celui de l’Afrique.

A nous de montrer que l’UA est nôtre et que son devenir nous regarde au premier chef. Car le continent ne pourra rester longtemps à la traîne de l’histoire, se contenter de ce moins de 2% de part dans le commerce international, et de sa litanie de problèmes pas toujours structurels : ses famines, ses endémies, ses guerres, sa corruption, son manque de démocratie, son non-respect des droits humains. Demain l’Afrique !

BB

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