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Après l’interdiction de vol des Antonov, les congolais assignés à résidence

Officiellement interdits de vol depuis juillet 2006, la flotte des cercueils volants a connu un sursis jusqu’au début octobre 2007. Mais les compagnies n’en ont pas profité pour renouveler leur parc.

L’Agence nationale congolaise de l’aviation civile (Anac) a annoncé mardi à Brazzaville l’interdiction faite aux compagnies basées au Congo d’utiliser les avions Antonov pour le transport des passagers pendant une durée indéterminée.

"Pour des raisons tenant à la sécurité aérienne, les aéronefs de marque Antonov version passagers sont suspendus de vol à compter du mardi 9 octobre 2007, et ce jusqu’à nouvel ordre", indique l’Anac dans un communiqué.

"Il est demandé aux compagnies aériennes utilisant les autres marques d’aéronefs de bien vouloir augmenter leur nombre de fréquences sur toutes les destinations".

Voici ce qu’on pouvait lire dans la presse congolaise en septembre 2005 :
Brazzaville, Congo, 20/09/05 - Les aéronefs de type Antonov 24 encore utilisés par des compagnies aériennes congolaises en dépit de leur état de vétusté avancé seront interdits de vol au Congo à partir de juillet prochain, a-t-on annoncé officiellement dimanche à Brazzaville.

"A compter du 1er juillet 2006, tous les avions de type Antonov en exploitation dans le transport des passagers seront interdits de vol sur le territoire national", a indiqué Gérard Guempio, conseiller aux transports aériens au ministère des Transports et de l’Aviation civile.

Commentant devant un groupe de journalistes un arrêté de son département, M. Guempio a indiqué que "les Antonov ont fait leur temps" et que du fait de la dislocation de l’Union soviétique, ces avions se sont éparpillés partout et que même le constructeur, le bureau Antonov, ne les contrôle plus".

Cette situation explique, selon lui, les nombreux crashes enregistrés ici et là parce que sur le plan technique, le suivi n’est plus assuré.

Toutefois, les Antonov 26 (cargos) ne sont pas concernés par cette mesure [1], prise au lendemain du crash d’un avion de même type d’Air Kasaï, compagnie privée de la République démocratique du Congo, intervenu à plus de 50 km au nord de Brazzaville.

C’est sans doute la récente catastrophe de Kinshasa qui a poussé l’ANAC (Agence Nationale de l’Aviation Civile) à mettre en application les textes. Bien que la rumeur ait prêtée l’intention de cette mesure, les compagnies utilisatrices ont persisté à vendre des billets jusqu’au dernier moment, clouant nombre de passagers au sol sans autre recours que de demander le remboursement des tickets non utilisés.

Les congolais et l’ANAC sont désormais les otages des compagnies aériennes presque toutes équipées de ces appareils antédiluviens qui aujourd’hui ornent les tarmacs transformés en musées de l’aéronautique soviétique. Ces transporteurs, pourtant prévenus des mesures d’interdiction depuis deux ans, n’ont pas levé le petit doigt pour se doter d’appareils plus récents et sécuritaires. La tarification n’a pas été relevée depuis des années et l’utilisation d’avions plus modernes est nettement plus chère, donc moins rentable. Il est fort à parier qu’ils laissent la situation pourrir afin d’obtenir un nouveau sursis et engranger de gros profits à moindre coût.

La situation est préoccupante, pas de routes, un chemin de fer qui fonctionne aléatoirement et des vols de plus en plus rares. Les congolais sont désormais assignés à résidence.

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